L’île de Jeju, perle volcanique posée au sud de la péninsule coréenne, cache des trésors que peu de voyageurs occidentaux connaissent vraiment. Cette terre sauvage et mystique, façonnée par plus d’un million d’années d’activité volcanique, est bien plus qu’une simple destination balnéaire prisée des touristes asiatiques. Entre ses paysages lunaires, ses traditions matriarcales uniques et ses légendes ancestrales, Jeju offre un visage de la Corée radicalement différent de l’effervescence de Séoul.
Le « Hawaï coréen » né des entrailles de la Terre
À près de 85 km des côtes continentales coréennes, Jeju a émergé des profondeurs marines il y a environ 1,8 million d’années. Son joyau géologique, le mont Hallasan, domine l’île du haut de ses 1950 mètres, faisant de lui le point culminant de toute la Corée du Sud. Mais la véritable singularité de Jeju se cache sous terre.
Le système de tunnels de lave de Manjanggul constitue l’un des réseaux souterrains les plus impressionnants au monde. Ce labyrinthe naturel s’étend sur huit kilomètres, formé quand la lave en fusion s’écoulait sous une couche déjà solidifiée. Les plafonds de ces tunnels, parsemés de stalactites de lave figée, offrent un spectacle aussi fascinant qu’inquiétant, témoignage du passé tumultueux de l’île.
« Ces cavernes sont comme les veines de Jeju, transportant jadis le sang brûlant de la terre », expliquent les guides locaux, imprégnés des légendes qui entourent ces formations souterraines, bien différentes des grottes calcaires qu’on trouve en Europe.
Les « grand-mères de la mer » : un matriarcat unique au monde
Au-delà de ses merveilles géologiques, c’est peut-être sa culture qui fait de Jeju un lieu vraiment à part. L’île est célèbre pour ses Haenyeo, littéralement « femmes de la mer », des plongeuses en apnée qui pratiquent la pêche sous-marine traditionnelle sans équipement moderne. Ce savoir-faire ancestral, reconnu par l’UNESCO depuis 2016, est pratiqué essentiellement par des femmes âgées – la plus ancienne ayant 90 ans.
Ces femmes plongent jusqu’à 10 mètres de profondeur pour récolter fruits de mer, algues et autres trésors marins, en retenant leur souffle pendant deux minutes. Vêtues de combinaisons noires et équipées de simples masques et filets, elles incarnent un matriarcat rare dans une société coréenne traditionnellement patriarcale.
Cette tradition remonte au 17ème siècle, quand les hommes partaient pêcher au large ou servaient dans l’armée. Aujourd’hui, alors que leur nombre diminue (moins de 4000 restantes), ces plongeuses sont devenues le symbole d’une île qui a toujours cultivé sa différence avec le continent.
Dans les pas de Seolmundae Halmang, la grand-mère géante
Les mythes de Jeju sont aussi fascinants que sa géologie. Selon la légende la plus célèbre, l’île aurait été créée par une déesse géante nommée Seolmundae Halmang. Cette divinité aurait formé Jeju en déversant de la terre depuis son tablier, créant ainsi le mont Hallasan. Elle aurait ensuite péri en tombant dans une marmite de soupe bouillante, donnant naissance au cratère qui couronne aujourd’hui le sommet.
Ces récits mythologiques se retrouvent dans le Jeju Stone Park, un musée à ciel ouvert où sont exposées des roches volcaniques aux formes étranges, rappelant les silhouettes des divinités locales.
L’île abrite également les « dol hareubang », d’imposantes statues de pierre représentant des figures masculines au large sourire, censées protéger contre les mauvais esprits. Taillées dans la lave solidifiée, ces sentinelles bienveillantes ponctuent le paysage, témoins silencieux des siècles écoulés.
FAQ : Tout savoir sur l’île de Jeju
Quelle est la meilleure période pour visiter Jeju ?
Le printemps (avril-mai) offre des températures douces et la floraison des cerisiers et du colza. L’automne (septembre-octobre) est également idéal avec des couleurs splendides et peu de précipitations. Évitez juillet-août, période des typhons et du tourisme de masse coréen.
Comment se déplacer sur l’île ?
La location de voiture reste le moyen le plus pratique pour explorer l’île. Des bus relient les principales attractions, mais leur fréquence est limitée. Certaines zones rurales préservées sont difficiles d’accès sans véhicule personnel.
Peut-on observer les Haenyeo en action ?
Oui, plusieurs villages côtiers comme Seongsan et Gujwa organisent des démonstrations quotidiennes. Pour une expérience authentique, rendez-vous tôt le matin sur les plages de la côte est, où vous pourrez voir ces femmes remarquables pratiquer leur art ancestral.