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vendredi 15 août 2025

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Cette chapelle du Vallespir achève sa restauration avant les neiges de février

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Les flocons de février approchent du Vallespir, et avec eux l’urgence d’achever une restauration historique qui dure depuis plus de quarante ans. En remontant les sentiers de châtaigniers vers Baillestavy, j’ai découvert cette chapelle Sant Martí del Vilar qui défie le temps depuis 993, témoin silencieux d’une histoire mouvementée où séismes, transformations et renaissance se mêlent dans la pierre romane.

Cette chapelle de mille ans cache une particularité architecturale rarissime : son double oculus d’éclairage, seul exemple conservé de ce type dans tout le Vallespir. Mais c’est surtout son destin singulier qui fascine : de lieu de culte à citerne hydraulique, puis monument historique en cours de résurrection avant l’hiver pyrénéen.

L’association Salvaguarda de Sant Martí de Cortsavi, dirigée par Jean Pierre Verges, mène depuis 1981 un combat acharné contre l’oubli. Cette année, la course contre la montre s’intensifie pour finaliser la réinstallation de la cloche avant que la neige ne rende les accès impraticables.

Le secret architectural qui a survécu au séisme de 1479

Une construction romane vallespiroise unique

Fondée en 993 puis reconstruite au XIIe siècle, cette chapelle illustre parfaitement l’influence de l’abbaye Saint-Michel de Cuxa sur l’architecture religieuse pyrénéenne. Son double oculus d’éclairage représente une prouesse technique rare : ces ouvertures circulaires jumelées diffusent une lumière dorée qui transforme l’intérieur selon les heures de la journée.

Le drame sismique qui façonna son histoire

Le 2 février 1479, jour de la Chandeleur, un tremblement de terre dévaste la région et détruit irrémédiablement le clocher original. Cet événement sismique historique, documenté dans les archives départementales, fait de Sant Martí l’unique chapelle des Pyrénées-Orientales à avoir perdu son clocher de cette manière dramatique. La reconstruction partielle qui suivit donna à l’édifice sa silhouette actuelle, plus ramassée mais non moins émouvante.

Une authenticité préservée qui défie le temps

De la désacralisation à la renaissance

En 1870, la chapelle subit une transformation exceptionnelle : désacralisée, elle devient citerne pour alimenter en eau les hameaux alentours. Cette reconversion hydraulique, phénomène rarissime pour une église romane, témoigne de l’ingéniosité montagnarde face aux nécessités pratiques. Les autres chapelles vallespiriennes ont conservé leur fonction religieuse, rendant Sant Martí absolument unique dans son parcours.

La mobilisation communautaire exemplaire

Depuis 1981, l’association Salvaguarda illustre la résistance catalane pour préserver son patrimoine. Jean Pierre Verges et ses bénévoles ont déjà consolidé les murs, restauré la toiture et remis en état le système d’évacuation des eaux. La phase critique actuelle concerne la réinstallation définitive de la cloche, opération délicate qui nécessite des conditions météorologiques favorables.

Note de terrain : Lors de ma dernière visite en décembre, l’équipe technique finalise l’ancrage du beffroi provisoire. L’urgence est palpable : dès janvier, les accès deviennent périlleux et les travaux impossibles jusqu’au printemps.

L’expérience exclusive qui vous attend

Un patrimoine vivant en transformation

Assister à cette renaissance architecturale offre une émotion rare. Les techniques de restauration respectent scrupuleusement les méthodes du XIIe siècle : mortier de chaux, appareillage de schiste local, charpente en châtaignier des forêts environnantes. D’autres initiatives communautaires catalanes démontrent cette même passion pour la sauvegarde patrimoniale.

L’architecture romane pyrénéenne révélée

Le double oculus constitue le joyau architectural de Sant Martí. Ces ouvertures géminées, orientées sud-est, créent un jeu lumineux saisissant lors des équinoxes. Cette technique d’éclairage, héritée des maîtres d’œuvre de Cuxa, se retrouve uniquement dans trois autres édifices pyrénéens, tous antérieurs au XIIe siècle.

Accès et conseils d’initié

Conditions d’accès saisonnières

Depuis Baillestavy, comptez 45 minutes de marche par le sentier des Châtaigniers. Les techniques de construction traditionnelle catalane se découvrent également le long du parcours, avec plusieurs cortals en pierre sèche parfaitement conservés.

Timing optimal pour la visite

Privilégiez les matinées d’automne et d’hiver pour saisir la lumière rasante traversant les oculi. Entre mars et novembre, l’association organise des visites guidées le premier dimanche du mois. Évitez absolument la période janvier-février : neige, verglas et travaux de finition rendent l’accès dangereux.

Questions fréquentes sur la chapelle Sant Martí

Quand s’achèveront définitivement les travaux de restauration ?

La réinstallation de la cloche marque l’achèvement de la phase principale, programmée avant février 2025. Les finitions intérieures s’étaleront encore sur deux ans, avec notamment la restauration des enduits d’origine et l’installation d’un éclairage discret.

Peut-on assister à la pose de la cloche ?

L’association prévoit une cérémonie publique pour ce moment historique, sous réserve des conditions météorologiques. L’inscription sur leur liste de diffusion permet d’être averti de la date définitive, généralement fixée 48 heures à l’avance.

La chapelle retrouvera-t-elle sa fonction religieuse ?

Sant Martí demeure désacralisée mais l’association envisage des célébrations œcuméniques ponctuelles. L’objectif prioritaire reste la conservation architecturale et la transmission de ce patrimoine vallespirois aux générations futures.

Cette course contre l’hiver pyrénéen symbolise la détermination catalane à préserver son héritage roman millénaire. Dans quelques semaines, quand les premiers flocons blanchiront les crêtes du Canigou, Sant Martí del Vilar aura retrouvé sa voix séculaire, résonnant à nouveau dans la vallée comme un défi lancé au temps qui passe.