Au cœur de la Presqu’île lyonnaise, une découverte m’a littéralement coupé le souffle. En poussant la porte du 29-31 rue de la Bourse, je ne m’attendais pas à pénétrer dans le premier édifice baroque de Lyon, construit entre 1617 et 1622 par l’architecte jésuite Étienne Martellange. Cette chapelle dissimule des trésors qui défient l’imagination : douze chandeliers dorés authentiques du XVIIe siècle et les vestiges du premier observatoire astronomique lyonnais.
Classée monument historique depuis 1939 et surnommée « La Perle Baroque », cette chapelle révèle l’ambition artistique des Jésuites à l’époque de la Contre-Réforme. Contrairement à l’église de Perpignan qui mélange trois styles sur quatre siècles, la Trinité présente une cohérence baroque remarquable qui en fait un témoin exceptionnel de cette période artistique.
L’édifice accueille aujourd’hui 30 000 visiteurs annuels, attirés par cette synthèse unique entre spiritualité méditerranéenne et raffinement architectural. Un secret bien gardé au cœur du 2e arrondissement qui compte 48 000 habitants.
Le secret architectural qui révolutionna l’art religieux lyonnais
Une innovation baroque méditerranéenne
Étienne Martellange importa à Lyon les codes architecturaux de la Contre-Réforme avec une audace remarquable. Cette chapelle représente une rupture stylistique majeure dans le paysage religieux lyonnais, introduisant les effets dramatiques et l’intensité spirituelle caractéristiques du baroque romain. L’utilisation du marbre de Carrare témoigne des connexions artistiques privilégiées entre Lyon et l’Italie, créant un dialogue méditerranéen unique en région Rhône-Alpes.
Un mobilier d’exception préservé
Les douze chandeliers restaurés selon les modèles originaux du XVIIe siècle constituent l’un des ensembles les mieux conservés de France. Leur dorure, réalisée selon les techniques traditionnelles lors de la restauration des années 1990, restitue fidèlement l’éclat voulu par les Jésuites. Cette conservation exceptionnelle permet d’apprécier l’art décoratif baroque dans son authenticité, loin des reconstitutions approximatives.
Une authenticité scientifique qui défie le temps
Le premier observatoire lyonnais
Au XVIIIe siècle, une partie du bâtiment collégial abritait le premier observatoire astronomique de Lyon, témoignage de l’engagement scientifique des Jésuites. Comme le Palais royal catalan qui conserve 20 000 pièces depuis 1935, cette chapelle illustre la capacité remarquable de certains édifices à préserver des collections exceptionnelles à travers les siècles.
Des artistes de renom au service du baroque
Thomas Blanchet, Horace le Blanc, Magnan et Pierre David ont contribué à la décoration de cette chapelle, créant un ensemble artistique cohérent. Leurs œuvres, toujours visibles aujourd’hui, témoignent de la qualité exceptionnelle recherchée par les Jésuites pour leurs édifices religieux. Cette concentration d’talents révèle l’importance accordée à l’art comme vecteur spirituel.
L’expérience culturelle exclusive qui vous attend
Une programmation musicale d’exception
Désacralisée depuis sa restauration, la chapelle fonctionne désormais comme une salle de concerts spécialisée dans la musique baroque et classique. L’acoustique exceptionnelle de l’édifice, conjuguée à son décor d’époque, offre une expérience immersive unique. Les ensembles de musique ancienne y trouvent un écrin parfait pour restituer l’esprit de cette musique dans son contexte architectural originel.
Un laboratoire créatif polyvalent
Au-delà des concerts, la chapelle accueille défilés de haute couture, séminaires et actions caritatives. À l’image de l’abbaye millénaire qui unit trois générations au frais du Canigó, cet espace patrimonial développe une programmation intergénérationnelle qui assure sa vitalité contemporaine tout en respectant son identité historique.
Accès et conseils d’initié pour une visite optimale
Localisation stratégique au cœur de Lyon
Située à 170 mètres d’altitude dans la Presqu’île, la chapelle bénéficie d’un accès privilégié via le métro ligne A, arrêt Cordeliers. Cette position centrale facilite la découverte couplée avec d’autres joyaux architecturaux lyonnais, permettant un parcours patrimonial cohérent dans le quartier historique.
Optimiser votre découverte
Je recommande la visite en fin d’automne 2024 ou au printemps 2025, périodes privilégiées pour la programmation culturelle. L’intérieur étant protégé des intempéries, toute saison convient pour apprécier le décor baroque. Privilégiez les concerts pour une expérience complète, l’acoustique révélant pleinement la dimension spirituelle de l’architecture.
Questions fréquentes sur cette merveille baroque
Peut-on visiter la chapelle en dehors des concerts ?
Les visites patrimoniales sont organisées régulièrement, mais il convient de contacter les gestionnaires pour connaître les créneaux disponibles selon la programmation culturelle en cours.
L’observatoire astronomique est-il encore visible ?
Les vestiges de l’ancien observatoire du XVIIIe siècle sont intégrés dans l’architecture du bâtiment, mais les instruments ont été transférés à Saint-Genis-Laval pour créer l’observatoire de Lyon actuel.
Quels liens unissent cette chapelle à l’art catalan ?
Les réseaux jésuites favorisaient les échanges artistiques méditerranéens, créant des similitudes stylistiques avec les retables baroques catalans de la même époque, notamment dans la province de Gérone.
Cette chapelle révèle l’extraordinaire capacité de Lyon à préserver ses trésors baroques tout en leur offrant une seconde vie culturelle. Un patrimoine vivant qui mérite le détour pour comprendre les influences méditerranéennes sur l’art religieux français du XVIIe siècle.