Ce matin de mai, alors que je siroté mon café sur la terrasse de l’auberge locale, le son des cloches de l’église Saint-Romain résonne dans l’air frais. Devant moi, les ruines du château de Druyes émergent de la brume matinale comme un décor de conte. Dans cette Yonne secrète, à moins de deux heures de Paris, se cache un village qui a su préserver son âme médiévale : Druyes-les-Belles-Fontaines. Un nom qui chante déjà l’aventure, non ?
Quand l’empereur de Constantinople faisait étape en Bourgogne
L’histoire de ce bourg de 300 habitants commence vers 1170, quand les comtes de Nevers décident d’édifier une forteresse sur cette colline stratégique. Mais voici le détail que peu de guides mentionnent : Pierre II de Courtenay, futur empereur de Constantinople, a longtemps séjourné dans ces murs avec sa fille Mathilde. Imaginez un peu : ce château perdu en Puisaye a vu défiler les destins de l’Empire byzantin ! Tout comme ce château du XIVe siècle dont la cuisine fonctionne sans interruption depuis 1360, Druyes témoigne de la richesse insoupçonnée du patrimoine français.
Les tours circulaires et le plan carré typiquement philippien racontent huit siècles d’histoire. Depuis les remparts restaurés, la vue embrasse toute la vallée de la Druyes, parsemée de ces fameuses « belles fontaines » qui donnent son nom au village.
Le mystère des sources sacrées et du marais aux grues
Pourquoi « Belles-Fontaines » ? En arpentant les sentiers de randonnée qui serpentent autour du bourg, j’ai compté pas moins de sept points d’eau naturels. Les anciens lavoirs témoignent de cette richesse hydraulique exceptionnelle, rappelant la seule ville de France où 4 rivières traversent un réseau de canaux médiévaux.
À quinze minutes en voiture, le marais d’Andryes révèle ses trésors ornithologiques. L’an dernier, j’y ai observé des grues cendrées et des pluviers dorés en migration. Un spectacle rare que même les habitants redécouvrent lors de la Fête de la Nature du 25 mai, organisée chaque année à 8h30 pile.
Ma découverte totalement inattendue
En discutant avec Marie, potière installée depuis vingt ans, j’ai appris que la terre locale contient une argile particulièrement plastique. Cette spécificité géologique explique la tradition potière de la Puisaye, tout comme ce village de Corrèze où 400 tonnes de fraises sont produites chaque année grâce à son terroir unique.
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur testés
Pour dormir, je recommande les chambres d’hôtes du Château (60-100€ la nuit), avec vue imprenable sur la vallée. Côté table, Le Petit Druyès sert une authentique cuisine bourguignonne : essayez absolument les goujonnettes du lac accompagnées d’un Irancy local (menu à partir de 25€).
Le vide-greniers du 25 mai (6h-18h) révèle parfois des pépites d’artisanat local. Et pour les amateurs de photos, le pont sur la Druyes offre le cliché parfait au coucher du soleil.
Le conseil que je donne à mes proches
Visitez l’église Saint-Romain en fin d’après-midi quand les vitraux s’embrasent. L’acoustique y est exceptionnelle – d’ailleurs, un concert est prévu le 10 juin à 20h à la Poêterie. Et comme on dit ici : « Qui voit Druyes sans boire à ses fontaines n’a vu que la moitié du spectacle » !