Je pousse la porte de l’épicerie de Saint-Jean-Lasseille et Rosa me lance avec son accent chantant : « Tu reviens pour l’histoire du cellier, Romain ? » Elle fait référence à ma dernière visite, quand j’enquêtais sur l’origine mystérieuse du nom « Lasseille ». Car oui, derrière ce village de 1 578 habitants se cache un secret millénaire que même les Perpignanais ignorent.
Quand l’histoire se raconte dans les pierres carolingiennes
Imaginez : nous sommes au IXe siècle, et un moine bénédictin nommé Sentimir traverse la plaine roussillonnaise pour fonder une église. Pas n’importe laquelle : l’église Saint-Jean-l’Évangéliste, l’un des plus anciens édifices religieux des Pyrénées-Orientales ! Quand je la contemple au coucher de soleil, ses pierres de rivière semblent murmurer neuf siècles d’histoires.
Le nom « Lasseille » vient du catalan « la Cella » – le cellier, la cave. Ces moines savaient choisir leurs terres : ils ont implanté ici vignes et oliviers dont les descendants prospèrent encore. D’ailleurs, cette abbaye du IXe siècle de Saint-Michel de Cuxa partage cette même origine monastique bénédictine qui a façonné notre terroir catalan.
Les seigneurs de Banyuls ont régné ici depuis le XVe siècle, survivant aux conflits franco-aragonais. Un patrimoine que Rosa, l’épicière-mémoire du village, raconte mieux que n’importe quel guide touristique.
Entre tradition catalane et modernité assumée : l’âme locale dévoilée
Chaque 23 juin, Saint-Jean-Lasseille s’illumine pour les Feux de la Saint-Jean. Cette tradition ancestrale unit le village autour du Canigó, montagne sacrée des Catalans. « Es la flama que ens uneix » – c’est la flamme qui nous unit, comme disent les anciens.
Le village s’organise autour d’un carrefour central où convergent cinq routes. Architecture typique des bourgs-étapes, il offre des panoramas saisissants sur la plaine du Roussillon. Les rues arborées invitent à la flânerie, loin de l’agitation perpignanaise pourtant si proche.
L’artisanat local prospère : boulangerie, pizzéria, institut de beauté et plusieurs artisans du bâtiment témoignent d’une économie vivante. Le city-park et le boulodrome rassemblent les habitants pour basket, rugby et pétanque – le trio gagnant des villages catalans !
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur secrets
Ma découverte préférée ? Les sentiers des Aspres qui partent directement du village. Moins fréquentés que les circuits classiques, ils offrent des vues époustouflantes sur les Pyrénées. J’y ai croisé bergers et randonneurs locaux qui connaissent chaque recoin.
Pour les amateurs d’architecture romane, cette église romane de Saint-Martin-de-Tura complète parfaitement la visite de Saint-Jean-l’Évangéliste. Un circuit thématique que je recommande aux passionnés d’art religieux médiéval.
Les vignerons locaux perpétuent l’héritage monastique. Leurs caves s’ouvrent sur rendez-vous pour des dégustations authentiques, loin du tourisme de masse. Comptez 10-15€ pour une dégustation commentée avec vue sur les Aspres.
Guide du voyageur malin : budgets, transports et bonnes adresses testées
Saint-Jean-Lasseille se visite idéalement au printemps et en automne. Budget réaliste pour un week-end : 50-100€ la nuit en gîte dans les villages voisins, 15-25€ par repas dans les restaurants perpignanais spécialisés en cuisine catalane.
Côté transport, la D117 puis D83 vous y mènent en 20 minutes depuis Perpignan. Parking gratuit au centre du village – luxe rare en région touristique ! Pour les amateurs de nature, cette réserve naturelle de Py dans les Pyrénées catalanes offre des randonnées exceptionnelles à une heure de route.
Spécialités à goûter absolument : cargolade d’escargots, escalivade de légumes grillés et bien sûr les vins locaux. Les producteurs d’olives perpétuent la tradition bénédictine avec des huiles d’exception.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié Rosa l’épicière
Les meilleures photos se prennent depuis la rue principale au coucher de soleil, quand la lumière dorée illumine l’église romane. Spot Instagram garanti !
L’erreur de débutant que j’ai faite
Ne venez pas en août sans réservation dans les restaurants alentours. La proximité de Perpignan attire les estivants, et les bonnes tables affichent complet.
Ma découverte totalement inattendue
Le village abrite des caves particulières creusées dans la roche, vestiges de l’époque où « la Cella » justifiait son nom. Certains propriétaires acceptent les visites sur demande.
Le conseil que je donne à mes proches
Combinez Saint-Jean-Lasseille avec la visite de Perpignan et de ses marchés colorés. Une journée parfaite entre patrimoine rural et animation urbaine catalane, dans un rayon de 15 kilomètres seulement.