Ce matin de novembre, la brume caresse l’éperon rocheux de Belvès comme un secret mal gardé. À 1 339 habitants, ce village du Périgord Noir dissimule des trésors que même les guides touristiques ignorent. Sous la place de la Halle, huit habitations troglodytiques sommeillent depuis six siècles. Dans le château classé depuis 1948, des fresques Renaissance uniques en Aquitaine ont ressurgi en 2010 sous les gestes des restauratrices.
Ici, chaque pierre murmure l’histoire du pape Clément V. Les Neuf Preux veillent sur une cité médiévale qui refuse de s’effacer dans l’ombre de ses voisines célèbres.
L’arrivée à Belvès, village suspendu au-dessus de la Nauze
L’éperon domine la vallée entre 82 et 288 mètres d’altitude. Les remparts surgissent comme une évidence géologique. Depuis la route qui serpente, les sept clochers de la légende se dessinent contre le ciel périgordin.
La voiture se gare place des Consuls. Les pavés craquent sous les pas. Trente kilomètres carrés de territoire s’étendent sous ce belvédère naturel, justifiant le nom latin bellus videre : beau à voir.
Le silence frappe d’abord. Puis le vent dans les chênes. Belvès compte 42,6 habitants par kilomètre carré, soit trois fois moins que la moyenne périgourdine. L’espace respire ici.
Le château de Belvès et ses fresques des Neuf Preux
François Dequesne ouvre les lourdes portes du château. « Lorsque j’ai acquis le monument en 2008, l’urgence était de le mettre hors d’eau », explique le propriétaire. « Personne ne soupçonnait que sous les badigeons se cachaient des trésors d’une rareté absolue. »
Un programme monumental unique en Aquitaine
Les peintures murales découvertes en 2010 représentent les Neuf Preux. Seul programme de ce type connu en Aquitaine, il rivalise avec les ensembles d’Anjony en Cantal et de Bioule en Tarn-et-Garonne. L’influence Renaissance italienne transpire de chaque détail.
Les trois triades se déploient : héros antiques, bibliques et chevaleresques. La palette chromatique défie les cinq siècles écoulés. Les badigeons protecteurs ont préservé l’éclat d’origine des pigments.
L’histoire du château médiéval transformé
Construit au début du XIVe siècle, agrandi au XIXe, le château mêle les époques. Sa façade témoigne des remaniements post-Guerre de Cent Ans. Les boutiques médiévales s’ouvraient sur la rue principale de l’ancienne cité.
La visite coûte 4 euros pour les plus de douze ans. Gratuite pour les enfants. À quelques kilomètres, ce village de 450 âmes partage la même richesse patrimoniale dense.
Sous la halle, huit grottes habitées pendant cinq siècles
Marie Dubois, guide officielle, descend l’escalier de pierre. « Les habitations troglodytiques n’étaient pas des refuges », précise-t-elle. « Mais de véritables maisons bourgeoises du Moyen Âge tardif. Certaines avaient des cheminées, des alcôves et même des décors peints. »
Un patrimoine souterrain unique en Périgord
Découvertes fortuitement en 1907, les grottes s’étendent sur 1 200 mètres carrés. Six mètres sous la place, elles révèlent cinq siècles d’occupation du XIIIe au XVIIIe. Un escape game Victor Hugo anime désormais les lieux.
La visite guidée coûte 4,5 euros pour les groupes de dix adultes minimum. Paiement en espèces, chèques ou cartes bancaires. Dans ce village de 240 âmes, l’architecture souterraine révèle d’autres secrets millénaires.
La halle médiévale et ses vingt-trois piliers
La Place d’Armes du XVe siècle repose sur vingt-trois piliers. L’un d’eux, à l’angle, servait de pilori. Le marché bat encore aujourd’hui sous ces voûtes de pierre. Les maisons à colombages encadrent cette scène intemporelle.
Les pavés craquent sous les étals. Les producteurs locaux proposent noix du Périgord, foie gras fermier et truffes de saison. L’authenticité périgourdine pulse ici sans artifice touristique.
Belvès, la ville du Pape que le temps a épargnée
Bertrand de Goth devint pape Clément V en 1305. Sa Tour de l’Archevêque, datant du XIe siècle, ancre Belvès dans l’histoire pontificale. Le beffroi veille depuis mille ans, surélevé d’un clocher au XVe siècle.
Classée aux Plus Beaux Villages de France, Belvès compte huit mille visiteurs par an contre 1,2 million à Rocamadour. Soit cent cinquante fois moins de foule pour une richesse patrimoniale comparable. Ce village de 376 habitants du Lot voisin partage cette authenticité préservée.
La douceur périgourdine coule dans les ruelles. Les résidents saluent les visiteurs. Ici, le tourisme enrichit sans dénaturer. La vie quotidienne continue, bercée par les cloches des Consuls.
Vos questions sur Belvès répondues
Comment visiter le château et ses fresques ?
Visite sur réservation obligatoire au 05 53 08 98 76. Tarif de 4 euros pour les plus de douze ans, gratuit pour les enfants. François Dequesne guide parfois les visites personnellement. Ouvert du mercredi au samedi de 14h à 17h en hiver. Ce village normand de 730 habitants propose aussi des découvertes patrimoniales exceptionnelles.
Que découvre-t-on dans les habitations troglodytiques ?
Huit grottes révèlent la vie quotidienne médiévale. Cheminées, alcôves et décors peints témoignent du confort bourgeois d’époque. Visite guidée à 4,5 euros pour groupes de dix adultes minimum. Escape game Victor Hugo inclus. Fermées de novembre à mars pour travaux de sécurisation.
Pourquoi Belvès plutôt que Rocamadour ?
Patrimoine comparable sans la foule massive. Huit mille visiteurs annuels contre 1,2 million à Rocamadour. Tarifs accessibles : 4 à 4,5 euros contre 16 euros à Lascaux. Découvertes récentes des fresques en 2010. Authenticité préservée avec 1 339 habitants permanents vivant leur quotidien.
La lumière dorée de fin d’après-midi glisse sur les tuiles brunes du beffroi. Sous la halle, les grottes attendent les curieux de demain. Dans le château, les Neuf Preux observent les visiteurs depuis cinq siècles. Belvès garde ses secrets pour ceux qui prennent le temps de descendre sous terre et de lever les yeux vers l’histoire.





