Le carillon de l’église Saint-Grégoire vient de sonner dix heures quand je pousse la porte de cette winstub aux volets verts, nichée au pied des trois châteaux de Ribeauvillé. « Vous savez pourquoi on dit que notre village a trois couronnes ? » me lance Marguerite, la patronne, en posant devant moi un riesling doré. Cette question, je me la suis posée en arrivant hier soir, quand les silhouettes des forteresses se sont détachées sur le ciel alsacien comme des géants de pierre bienveillants.
Quand l’Alsace dévoile ses trésors les mieux gardés au cœur des vignobles
Ribeauvillé n’est pas un village alsacien comme les autres. Là où Riquewihr charme par ses couleurs de carte postale et Kaysersberg séduit par son romantisme, cette cité médiévale de 4 700 habitants possède une particularité unique : elle garde jalousement les secrets de trois châteaux qui veillent sur elle depuis le XIe siècle.
Le château de Saint-Ulrich, le plus ancien et le mieux conservé, raconte l’histoire tumultueuse des seigneurs de Ribeaupierre. Ces nobles avaient compris bien avant les autres l’art de la diplomatie : protecteurs des ménétriers, ils ont créé une tradition qui perdure encore aujourd’hui. Comme ce village corrézien qui cache trois châteaux, trois églises et trois fontaines, Ribeauvillé prouve que certains lieux accumulent les trésors architecturaux avec une générosité rare.
Les vignobles qui enserrent la ville comme un écrin vert produisent des vins d’Alsace AOC d’exception. Cette tradition viticole millénaire trouve des échos surprenants ailleurs en France, notamment dans ce village normand qui préserve trois AOC et une technique révolutionnaire, preuve que l’excellence terroir n’a pas de frontières.
Entre cortège médiéval et secrets de cave : l’âme ribeauvilloise se dévoile
Chaque premier dimanche de septembre, Ribeauvillé se transforme. Le Pfifferdaj, cette fête des ménétriers vieille de cinq siècles, fait revivre la générosité légendaire des seigneurs locaux. J’ai eu la chance d’y assister l’an dernier : imaginez des centaines de musiciens en costume d’époque défilant dans la Grand-Rue, tandis que les caves se parent de leurs plus beaux atours.
L’architecture locale mélange harmonieusement les influences. Les maisons à colombages côtoient les fontaines Renaissance, et la fameuse Maison des Ménétriers arbore sa façade sculptée comme un livre d’histoire ouvert. Cette richesse patrimoniale n’est pas sans rappeler d’autres régions françaises préservées, à l’image de cette vallée alsacienne qui cache le secret monastique du fromage français, où tradition et authenticité se conjuguent au quotidien.
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur testés et approuvés
La montée aux châteaux constitue le rendez-vous incontournable. Comptez 2h30 de randonnée pour boucler le circuit des trois forteresses. L’accès est gratuit et les panoramas sur la plaine d’Alsace valent largement l’effort. Mon conseil d’ami : partez tôt le matin pour éviter les groupes et profiter de cette lumière dorée si particulière à l’Alsace.
En contrebas, la Cave de Ribeauvillé propose des dégustations à partir de 8€. Demandez à goûter leur gewurztraminer vendanges tardives : une merveille liquide qui capture l’essence du terroir local. Les amateurs d’art apprécieront l’exposition permanente de peintures qui habille les murs centenaires.
Pour le gîte, l’Hôtel des Trois Châteaux affiche complet rapidement en période estivale. Réservez votre chambre dès avril pour septembre, surtout si vous visez le fameux week-end du Pfifferdaj.
Guide du voyageur malin : budgets testés et astuces d’initié
Un week-end à Ribeauvillé demande un budget d’environ 400€ pour deux personnes. Cette estimation inclut une nuit en hôtel 3 étoiles (120€), les repas en winstub traditionnelle (35€ par personne), et les dégustations viticoles.
Côté transport, le stationnement gratuit reste possible en périphérie du centre historique. Évitez absolument la Grand-Rue les jours de marché : mardi et samedi matin. Le train jusqu’à Sélestat puis bus local représente une alternative économique à 12€ l’aller-retour.
Question papilles, ne manquez sous aucun prétexte la tarte flambée au munster de chez Brenner. Cette spécialité maison transcende la recette classique et justifie à elle seule le détour.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié Marguerite, la winstub keeper
« Le meilleur moment pour photographier les châteaux ? Juste avant l’orage, quand les nuages s’accumulent derrière les tours. La lumière devient magique, comme si les pierres s’illuminaient de l’intérieur. »
L’erreur de débutant que j’ai faite (pour que vous l’évitiez)
Évitez les chaussures neuves pour la montée aux châteaux. Les sentiers restent caillouteux et glissants par temps humide. Mes ampoules s’en souviennent encore !
Le détail qui change tout selon les habitants
Saluez en dialecte alsacien : un simple « Güete Dag » ouvre toutes les portes et délié les langues. Les Ribeauvillois adorent partager leurs anecdotes avec les visiteurs curieux de leur culture.
Ma découverte totalement inattendue
L’église Saint-Grégoire abrite jusqu’en octobre 2025 un Chemin d’Art Sacré méconnu du grand public. Cette exposition permanente gratuite révèle des trésors artistiques insoupçonnés.
Le conseil que je donne à mes proches
Prévoyez une journée supplémentaire. Ribeauvillé se savoure lentement, com diu aquí : « à petits pas et grands sourires ». Cette pépite alsacienne mérite qu’on lui accorde le temps nécessaire pour révéler tous ses secrets.
