La brume matinale caresse la surface sombre de l’étang. À 820 mètres d’altitude dans les monts Dôme, l’Étang de Lachamp s’éveille dans un silence que même Manzat, à 3 kilomètres, a oublié.
Ici, 13 hectares d’eau alimentés par les sources de la Morge abritent des espèces protégées. Pendant que la Chaîne des Puys UNESCO attire 600 000 visiteurs annuels à 20 kilomètres au nord, cette zone humide rarissime reste l’un des secrets les mieux gardés d’Auvergne.
Gratuit, préservé, hors du temps. Les naturalistes du Puy-de-Dôme le gardent jalousement pour eux depuis des décennies.
La zone humide que les cartes IGN ne racontent pas
Le chemin rural serpente entre les prairies humides. Aucun parking aménagé, aucune signalétique touristique ne guide vers ce sanctuaire naturel.
L’Étang de Lachamp apparaît soudain, miroir sombre serti de landes à bruyère. Les silhouettes volcaniques des monts Dôme se découpent en arrière-plan, témoins silencieux de 600 millions d’années de géologie.
Contrairement à Vulcania qui accueille 300 000 visiteurs par an, ici règne un silence absolu. Seuls quelques pêcheurs locaux connaissent l’existence de ces 13 hectares d’eau pure nichés dans l’une des rares zones humides du nord du Parc des Volcans d’Auvergne.
« On peut passer toute une journée sans croiser âme qui vive », confie un naturaliste local qui préfère garder l’anonymat. « C’est exactement ce qui fait sa magie. »
Ce que 600 millions d’années de géologie ont protégé ici
L’étang révèle sa singularité écologique dès les premiers pas. Cette zone humide d’altitude abrite une biodiversité exceptionnelle, reconnue par le statut de Zone Naturelle d’Intérêt Écologique.
Une biodiversité de zone humide rarissime en montagne
Les carex et les saules bordent naturellement les berges. Dans l’eau sombre évoluent brochets, carpes et diverses fritures. Le martin-pêcheur d’Europe, espèce protégée, niche discrètement dans les berges argileuses.
Au printemps, les amphibiens protégés comme la grenouille rousse et le triton alpestre investissent les eaux peu profondes. Les ornithologues observent régulièrement le grèbe huppé plonger sans bruit entre les joncs.
Les reflets volcaniques que les photographes chassent
À l’aube, la lumière dore les eaux calmes. Les volcans environnants se reflètent parfaitement dans le miroir naturel. Cette cité médiévale du Cantal partage cette même altitude privilégiée de montagne.
En automne, les brumes matinales typiques des zones humides d’altitude créent une atmosphère féerique. Les ors et les bruns des landes contrastent avec le vert tendre des prairies humides.
Ce que vous pouvez faire ici sans dépenser un euro
L’Étang de Lachamp offre une expérience nature authentique, loin de toute commercialisation. Les activités gratuites se déclinent au rythme des saisons.
Observation ornithologique et randonnée sauvage
Les sentiers non balisés serpentent autour de l’étang. Mai et juin révèlent la floraison spectaculaire des prairies humides. Septembre et octobre parent le paysage de couleurs chaudes.
Les oiseaux migrateurs font halte au printemps et en automne. Comme sur les 776 kilomètres de Seine, l’observation de la faune aquatique transforme le rapport au temps.
« La photographie animalière trouve ici un terrain d’exception », explique un photographe nature qui documente le site depuis 15 ans. « La discrétion est récompensée par des clichés uniques. »
La pêche locale et l’immersion nature
La pêche est autorisée toute l’année avec une carte journalière à 14 €. Les pêcheurs locaux apprécient la qualité de l’eau et l’abondance des carpes. Le secteur du Roubion offre un patrimoine naturel similaire, hors des radars touristiques.
Les pique-niques sauvages sur les berges respectent la faune protégée. L’ambiance « slow tourism » invite à la contemplation des reflets changeants selon les heures.
Le silence que même les Auvergnats ont oublié
Pendant que le Puy de Dôme affiche complet les week-ends, l’Étang de Lachamp demeure ce qu’il est depuis des siècles. Une parenthèse hors du temps où l’eau murmure et les volcans veillent.
Pas de file d’attente, pas de parking payant, pas de boutique souvenir. Juste 13 hectares de nature préservée qui racontent une Auvergne authentique. Comme ce village savoyard, Lachamp cache ses trésors loin des sentiers battus.
« C’est notre secret le mieux gardé », avoue un habitant de Manzat. « On espère que ça restera ainsi encore longtemps. »
Vos questions sur l’Étang de Lachamp répondues
Comment accéder à l’Étang de Lachamp depuis Clermont-Ferrand ?
Depuis Clermont-Ferrand, comptez 35 kilomètres et 40 minutes en voiture. Prenez direction Riom puis Manzat par la D986. De Manzat, suivez les petites routes communales vers le sud sur 3 kilomètres.
Aucun transport en commun direct ne dessert le site. La voiture reste indispensable. Stationnement gratuit mais non aménagé le long du chemin rural.
Peut-on pêcher et observer les oiseaux librement ?
La pêche nécessite une carte journalière à 14 € ou annuelle à 86 €. L’observation ornithologique demeure libre et gratuite toute l’année. Le respect de la faune protégée est impératif dans cette zone ZNIEFF.
Les meilleurs mois pour l’observation s’étendent d’avril à mai pour la migration, de septembre à octobre pour le passage automnal.
L’Étang de Lachamp ou le Lac Pavin : lequel choisir ?
Le Lac Pavin propose un site géologique spectaculaire avec sentier aménagé et parking payant. L’Étang de Lachamp privilégie la solitude et la nature sauvage avec accès libre gratuit.
Pavin pour la géologie volcanique unique, Lachamp pour l’authenticité préservée. Les deux sites se complètent parfaitement dans un circuit volcans d’Auvergne, distants de 40 kilomètres.
À 6h47 ce matin d’octobre, la première lumière effleure les joncs. Un grèbe plonge sans bruit dans l’eau sombre. Les volcans se découpent dans le ciel clair. Ici, à 820 mètres d’altitude, le temps s’écoule au rythme des saisons.





