La première fois que j’ai poussé la porte du Prieuré Sainte-Marie du Vilar, c’était un mercredi matin de juillet. Le soleil filtrait à travers les voûtes romanes, éclairant des fresques millénaires que peu de Catalans connaissent vraiment. Cette ancienne étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle cache bien ses secrets, et je compte vous les dévoiler.
Quand les pierres augustiniennes murmurent leurs histoires oubliées
Fondé en 1083 par des chanoines augustiniens, ce prieuré niché à Villelongue-dels-Monts a traversé les siècles avec une résilience remarquable. Imaginez ces moines accueillant les pèlerins épuisés, leur offrant gîte et réconfort dans ce qui était alors un véritable sanctuaire de paix.
Ce qui me fascine particulièrement, c’est cette histoire rocambolesque de restauration. Dans les années 1990, Lucette Triadou, une passionnée du patrimoine, a littéralement ressuscité ce lieu abandonné. Elle a même racheté l’ancien cloître, pierre par pierre, pour le réinstaller ! Malheureusement, comme me l’a confié un guide local : « Quelques chapiteaux ont mystérieusement disparu pendant le déménagement, obligeant une reconstitution basée sur de vieilles photographies. »
Les fresques romanes méritent un chapitre à part. Bien que partiellement abîmées lors de travaux maladroits dans les années 1950, elles demeurent parmi les mieux conservées du département. Un trésor artistique que cet ermitage de 1401 se cache à 1,5 km de marche dans la garrigue catalane partage également avec ses propres merveilles médiévales.
Entre orthodoxie roumaine et festival lyrique : l’âme moderne du Vilar
Depuis 2005, une communauté monacale orthodoxe roumaine a redonné vie à la vocation spirituelle originelle du prieuré. Cette présence contemporaine crée une atmosphère unique, mélange d’authenticité historique et de spiritualité vivante.
L’été transforme complètement l’ambiance avec le Festival international lyrique et médiéval du Vilar. Chaque mercredi de juillet et août, les voûtes résonnent de mélodies qui semblent réveiller l’âme des anciens pèlerins. Un spectacle gratuit qui attire des mélomanes de toute la région, créant une communion magique entre passé et présent.
Le cloître à un seul côté, particularité architecturale rare qu’il partage avec Serrabone, offre une perspective unique sur l’art roman catalan. Cette spécificité architecturale révèle l’ingéniosité des bâtisseurs médiévaux, comme on peut également l’admirer dans ce fort à 420 mètres cache un puits de 63 mètres creusé dans le roc.
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur autour du Vilar
L’accès au prieuré se mérite un peu. La petite route serpentine à travers les Albères peut poser quelques défis aux gros véhicules, mais le parking sur place facilite la visite. Comptez 1 à 2 heures pour une découverte complète, davantage si vous êtes passionné d’art roman.
Les environs regorgent de trésors cachés. Les randonnées dans les Albères offrent des panoramas exceptionnels, et la région cache des vestiges romains fascinants. D’ailleurs, si vous appréciez les sites antiques, cette station thermale de 2500 habitants cache des thermes romains du Ier siècle vaut également le détour.
Pour les photographes, le jeu de lumières sur les fresques en fin de matinée offre des clichés exceptionnels. Les concerts du mercredi soir créent une ambiance particulièrement photogénique.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié le moine orthodoxe
La communauté roumaine perpétue discrètement certaines traditions augustiniennes originelles, créant un pont spirituel unique entre Orient et Occident.
L’erreur de débutant que j’ai faite
Ne venez pas un dimanche matin sans vérifier les horaires des offices. La visite peut être limitée pendant les célébrations religieuses.
Ma découverte totalement inattendue
Les acoustiques du chœur sont extraordinaires. Même un chuchotement porte jusqu’au fond de la nef, expliquant pourquoi les concerts y sont si émouvants.
Le conseil que je donne à mes proches
Apportez une bouteille d’eau et de bonnes chaussures. Les sentiers alentour méritent une exploration, et comme disent les Catalans : « Qui va piano, va sano » – qui va doucement, va sainement.
