Au sud-est du Venezuela s’étend un territoire mystérieux où le temps semble s’être arrêté. Le Parc national de Canaima, avec ses formations rocheuses spectaculaires datant de près de 2 milliards d’années, abrite non seulement la plus haute chute d’eau du monde, mais pourrait aussi être le berceau d’une civilisation encore méconnue. Récemment, des peintures rupestres découvertes sur les parois des tepuis racontent l’histoire d’un peuple ancien dont les traces commencent à peine à être déchiffrées.
Les tepuis : des îles dans le ciel aux secrets millénaires
Ces montagnes tabulaires aux flancs abrupts sont l’une des formations géologiques les plus anciennes de notre planète. Façonnés par l’érosion au fil de millions d’années, les tepuis s’élèvent comme des forteresses naturelles isolées les unes des autres. Cette isolation a créé de véritables « îles dans le ciel » où faune et flore ont évolué de manière totalement indépendante.
Chaque tepui possède son propre écosystème unique – une caractéristique qui a inspiré Sir Arthur Conan Doyle pour son roman « Le Monde Perdu ». On y trouve des plantes carnivores, des amphibiens endémiques et des orchidées qu’on ne voit nulle part ailleurs sur Terre. D’autres formations géologiques spectaculaires à travers le monde témoignent de phénomènes similaires d’évolution isolée, mais les tepuis restent uniques par leur ancienneté.
Sur les traces d’une civilisation perdue
Les peintures rupestres récemment découvertes dans plusieurs grottes et abris sous roche du parc suggèrent l’existence d’une culture sophistiquée antérieure aux peuples autochtones connus. Ces œuvres représentent des scènes de chasse, des symboles astronomiques et des figures anthropomorphes dont la signification intrigue les archéologues.
« Ces peintures utilisent des pigments dont l’origine reste mystérieuse et des techniques artistiques élaborées qui dénotent un niveau culturel avancé », explique le Dr. Elena Marquez, archéologue vénézuélienne. Certains motifs représentent les tepuis avec une précision troublante, comme si leurs créateurs avaient pu les observer depuis les airs.
Les gardiens spirituels des montagnes sacrées
Pour le peuple Pemón qui habite aujourd’hui le parc, les tepuis ne sont pas de simples formations rocheuses mais des entités vivantes abritant les esprits de leurs ancêtres. Chaque tepui possède son propre nom et sa propre légende dans la mythologie pemón.
Selon leurs croyances, le sommet des tepuis est la demeure des « Mawari », esprits qui peuvent se manifester sous forme d’étranges nuages tourbillonnants. Les Pemóns évitent traditionnellement certains tepuis considérés comme particulièrement puissants, comme l’Auyantepui, d’où jaillit le Salto Ángel.
Des microclimats exceptionnels, des Pyrénées au Venezuela existent également dans d’autres régions montagneuses, mais peu sont aussi imprégnés de spiritualité que ceux des tepuis.
Le lien mystique avec la nature
Les Pemóns entretiennent une relation symbiotique avec leur environnement. Leurs pratiques agricoles traditionnelles, inspirées par des générations d’observation de la nature, respectent les cycles naturels. Des offrandes sont régulièrement déposées au pied des cascades pour apaiser les esprits des eaux.
Cette relation spirituelle avec la nature pourrait être la continuation de pratiques établies par la civilisation plus ancienne dont les peintures rupestres témoignent. Certains motifs retrouvés dans l’artisanat pemón actuel font écho aux symboles anciens, suggérant une transmission culturelle sur des millénaires.
Comparez avec l’histoire de la création des parcs nationaux en France pour comprendre l’importance de la préservation de ces sanctuaires naturels et culturels.
FAQ : Les mystères de Canaima
Quand ont été découvertes les peintures rupestres du Parc national de Canaima ?
Les principales découvertes archéologiques ont été faites ces dix dernières années, mais certaines peintures étaient connues des populations locales depuis des générations. L’étude systématique a commencé seulement récemment, révélant l’ampleur et la sophistication de cet art rupestre.
Comment accéder aux tepuis pour observer leur écosystème unique ?
L’accès aux sommets des tepuis est strictement réglementé pour préserver leur écosystème fragile. Des permis spéciaux et des guides autochtones sont nécessaires. Le mont Roraima est le plus accessible, avec un trek de 6 jours qui permet d’atteindre son sommet.
Les Pemóns autorisent-ils les visiteurs à participer à leurs cérémonies traditionnelles ?
Certaines communautés pemón accueillent les visiteurs respectueux pour partager certains aspects de leur culture. Cependant, les cérémonies les plus sacrées restent privées. L’écotourisme communautaire permet des échanges culturels authentiques tout en soutenant l’économie locale.
