Le silence matinal était troublé seulement par le clapotis de mon paddle contre l’eau cristalline. Face à moi, les 80 mètres de profondeur du lac de Pierre-Percée révélaient leurs secrets dans cette lumière douce de septembre. Difficile d’imaginer qu’un hameau entier de dix maisons repose sous mes pieds, englouti lors de la mise en eau en 1993. « C’est notre Atlantide vosgienne », m’avait confié la veille Marcel, le gardien du camping, avec ce sourire malicieux des gens du coin qui aiment surprendre les visiteurs.
Quand l’industrie moderne sculpte un petit Canada au cœur des Vosges
Ce lac artificiel de 304 hectares cache une prouesse technique fascinante. Le barrage du Vieux-Pré, construit entre 1981 et 1985, ne sert pas seulement à produire de l’électricité. Son véritable défi ? Alimenter en eau la centrale nucléaire de Cattenom, distante de plusieurs dizaines de kilomètres. Pour y parvenir, EDF pompe l’eau depuis le lac de la Plaine, créant un ingénieux système de vases communicants qui rappelle ces villes où plusieurs rivières alimentent un réseau complexe de fontaines et canaux.
La particularité qui m’a le plus frappé ? Ce barrage est partiellement construit en trapp, une roche volcanique d’une dureté exceptionnelle. L’équivalent de 24 800 piscines olympiques retenues par cette muraille géologique naturelle. Pas étonnant que les locaux surnomment leur lac le « Petit Canada Lorrain » – cette combinaison de forêts denses et d’eaux profondes évoque effectivement les grands espaces québécois.
Entre traditions vosgiennes et modernité assumée : l’âme secrète du massif
L’histoire industrielle des Vosges transparaît partout autour du lac. Les vestiges des anciennes verreries ponctuent encore le paysage, témoins d’un passé artisanal riche. Cette région cache d’ailleurs bien des secrets historiques, à l’image de ces forêts voisines où des mines servaient de refuge aux résistants en 1944.
La biodiversité locale m’a surpris par sa richesse. Hérons, grèbes huppés et corégones cohabitent dans cet écosystème artificiel devenu naturel. Les pêcheurs locaux me parlent avec passion de ces corégones, poissons des lacs profonds qui se plaisent dans ces eaux fraîches. « Com un peix que ha trobat casa nova », me dirait-on en catalan – comme un poisson qui a trouvé sa nouvelle maison.
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur cachés
Pour vivre pleinement l’expérience, je recommande le Camping des Lacs où Marcel vous accueillera avec ses anecdotes sur l’ancien hameau. Comptez 20-30€ la nuit pour un emplacement ou 50-80€ pour un mobil-home en haute saison. L’avantage ? Vous êtes au cœur de l’action dès l’aube.
Côté activités, la location de canoë ou paddle coûte 10-15€ l’heure. Mon conseil d’ami : évitez les week-ends d’été et privilégiez les matinées de septembre-octobre. La lumière dorée sur les sapins et le silence quasi total vous feront comprendre pourquoi ce lieu inspire tant de sérénité, au même titre que ces villages tranquilles où les artistes trouvent l’inspiration.
Guide du voyageur malin : budgets, transports et spécialités testées
Depuis Paris, comptez 4h de route et environ 450 km. L’absence de transports en commun directs fait de la voiture un passage obligé – un détail qui préserve finalement l’authenticité du lieu. Pour les repas, les snack-bars sur site proposent des formules à 15-20€, mais je vous encourage à découvrir les auberges des villages environnants pour goûter aux véritables spécialités lorraines.
La quiche lorraine de l’auberge de Badonviller reste un souvenir gustatif marquant, accompagnée d’un verre de blanc des Côtes de Toul. Budget repas gastronomique : 40-60€ par personne dans ces établissements familiaux où trois générations se succèdent souvent aux fourneaux.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié Marcel, gardien du camping
Les meilleures vues panoramiques sur le lac se trouvent sur la rive nord-est au lever du soleil. Un sentier discret, non balisé, grimpe vers un ancien poste d’observation. Vue imprenable garantie et quasi-certitude d’être seul.
L’erreur de débutant que j’ai faite
Prévoir absolument une carte de pêche si l’envie vous prend. Le lac est classé en deuxième catégorie piscicole et les contrôles sont fréquents. 15-20€ la journée, ça évite les mauvaises surprises.
Ma découverte totalement inattendue
L’ancienne base de loisirs propose désormais un pôle sports nature avec des activités d’accrobranche adaptées aux familles. Une nouveauté qui enrichit l’offre sans dénaturer l’esprit du lieu.