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mercredi 11 juin 2025

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Ce château catalan perché depuis 8 siècles cache des citernes creusées dans le roc

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Le silence monte des pierres comme un parfum de tramontane quand j’atteins enfin le piton rocheux de Sabarda, essoufflé après quarante minutes de grimpette depuis La Vilasse. Face à moi, les tours circulaires du château émergent de la végéation méditerranéenne, gardant leurs secrets depuis huit siècles. Ici, au cœur du Fenouillèdes catalan, l’histoire se raconte à voix basse, loin des foules touristiques.

Quand les pierres murmurent l’épopée des barons catalans

Les ruines de Sabarda ne paient pas de mine au premier regard, mais elles cachent l’une des pages les plus passionnantes de l’histoire catalane en terre française. Construit au XIIe siècle puis reconstruit au XIIIe, ce château secondaire complétait le dispositif défensif de la baronnie de Fenouillet, cette principauté catalane coincée entre les influences de Barcelone et du Languedoc.

Guillaume Pierre, vicomte de Fenouillet, payait déjà tribut pour cette forteresse lors du siège de 1109-1111. Un détail croustillant que m’a confié Marie, la passionnée d’archives municipales : les textes de l’époque mentionnent que le château servait de « poste avancé pour surveiller les angles morts ». Autrement dit, Sabarda était les yeux et les oreilles de Saint-Pierre de Fenouillet, contrôlant les voies commerciales vers les Corbières et scrutant l’horizon pyrénéen.

Cette région stratégique fascine d’ailleurs par son réseau défensif exceptionnel, à l’image de cette tour de 8 mètres perchée à 800 mètres qui révèle les secrets des rois de Majorque, témoignage de l’importance militaire du territoire.

Entre authenticité sauvage et panoramas à couper le souffle

L’approche de Sabarda relève de la petite aventure. Chaussures de randonnée obligatoires et gourde d’eau conseillée pour cette ascension qui récompense les courageux par un panorama exceptionnel sur la vallée de l’Agly. Les tours circulaires et la grande porte d’entrée se dévoilent progressivement, dans un état de conservation remarquable pour l’époque.

Au pied du rocher, les ruines de l’église Saint-André ajoutent une dimension spirituelle au site. Mentionnée dès 1011 dans les possessions du monastère Saint-Pierre de Fenouillet, elle témoigne de l’importance religieuse du lieu. « Aquí es troba la memòria del nostre passat » (ici se trouve la mémoire de notre passé), comme disent les anciens du village.

Les amateurs de patrimoine méditerranéen apprécieront la proximité avec d’autres joyaux cachés, notamment ce prieuré perché à 600 mètres qui cache la plus belle tribune en marbre rose d’Europe, parfait pour une journée de découvertes architecturales.

Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur testés

Le château est en accès libre toute l’année, mais je recommande vivement les matinées de printemps ou d’automne pour éviter la chaleur écrasante de l’été. Le stationnement s’effectue au hameau de La Vilasse, gratuit mais non aménagé.

Pour prolonger l’expérience, le circuit incluant le château Saint-Pierre de Fenouillet et les gorges de Galamus offre une journée complète de découvertes. Les plus sportifs pourront pousser jusqu’à Castel-fizel, troisième maillon de cette chaîne défensive médiévale.

Côté restauration, pensez au pique-nique panoramique depuis les remparts ou filez à Saint-Paul-de-Fenouillet pour goûter les spécialités catalanes dans l’une des auberges locales. La région recèle d’autres trésors antiques, comme ce pont-aqueduc de 170 mètres à Ansignan qui fonctionne encore depuis l’époque romaine.

Guide pratique du visiteur malin : mes astuces terrain

Budget minimal requis : 0€ pour la visite, prévoyez simplement l’essence depuis Perpignan (environ 40 minutes de route via la D117). Les gîtes ruraux de Saint-Paul-de-Fenouillet proposent des hébergements authentiques à partir de 45€ la nuit.

Petit conseil d’ami : emportez des jumelles pour admirer les détails architecturaux et observer les rapaces qui nichent dans les falaises. La lumière de fin d’après-midi sublime les pierres ocre du château et offre les meilleures conditions photographiques.

Ce que les guides ne vous disent jamais

Le secret que m’a confié Pierre, berger local

Par temps clair, depuis la tour principale, on aperçoit jusqu’au Canigou et aux forteresses de Peyrepertuse. Un panorama stratégique qui explique pourquoi nos ancêtres catalans ont choisi cet emplacement.

L’erreur de débutant que j’ai faite

Ne tentez jamais l’ascension en plein été sans protection solaire. Ces pierres calcaires deviennent un véritable four, et l’ombre se fait rare sur le sentier d’approche.

Ma découverte totalement inattendue

Les vestiges de citernes creusées dans le roc témoignent de l’ingéniosité médiévale pour stocker l’eau de pluie, détail invisible depuis le bas mais fascinant une fois sur place.