Castelnou : Étiennette fa temps

Castelnou parmi les 10 premiers villages préférés des français 2015

Qu’il est délicieux ce charmant petit village médiéval ! Lové au coeur du maquis catalan environné de cistes, genets, bruyères et chênes méditerranéens, c’est un havre de quiétude. Quelques vignes s’obstinent encore à pousser, vestiges de l’activité agricole d’antan du village. Le temps semble là immobile. Quand arrive l’Eté, il faut les entendre, les cigales chanter à tut tête comme pour faire taire les intempestifs ! Pas la moindre brise. Castelnou semble une oasis de fraîcheur dans un océan de torpeur.   

Castelnou ! Village de mes aïeuls….

Mais qu’il est le loin le temps où ce petit village était tout consacré à l’agriculture ! Où les ruelles résonnaient du pas lent des mules et des bourricots. Chacun se connaissait. « Fins aviat! » (à bientôt) « Bon dia » (Bonjour) Lançait-on pour ponctuer les conversations. L’accent était chantant, rocailleux, catalan ! L’époque où les « ninots » (Petits enfants) descendaient le sentier escarpé menant à la fontaine pour aller chercher l’eau…. En ce temps-là, l’eau était précieuse ! La vie consacrée aux labeurs des champs. Etiennette l’a connu cette époque… Elle, qui a quitté son village natal Camélas pour franchir  les quelques kilomètres qui le séparent de Castelnou pour s’y marier.

Quand Etiennette tenait boutique…

Dés que vous franchissiez la « Porte » de Castelnou, sur la gauche, vous découvriez une boutique extraordinaire, inclassable ! Une boutique tenue par Etiennette, depuis des décennies, écolo dans l’âme avant la mode. Les herbes de nos campagnes n’avaient aucuns secrets pour elle. Pourquoi hésiter ? Entrez donc ! Aussitôt, de surprenantes effluves de parfums de la garrigue vous titillaient les narines. Là, vous êtiez transporté vers votre imaginaire, vos souvenirs d’enfance, vers l’époque révolue où il faisait bon vivre, où chacun appréciait à sa juste mesure le moment et l’instant présent. Illico, c’était l’envoûtement ! Suspendus au plafond, des bouquets d’immortelles sauvages sèchaient. Plus loin, des artichauts révèlaient leurs fleurs d’un beau bleu lumineux… La monnaie du Pape était omniprésente, ainsi que de merveilleux petits chapeaux patiemment tressés par Etiennette qui embaumaient la lavande. Mais le plus surprenant, c’étaient ses poèmes ! Elle qui n’était pas allé trop longtemps à l’école…

Extrait : La fount DELS ninots (Fontaine des enfants) «C’était ainsi notre temps »

 «A cette époque là on se sentait heureux et tout nous semblait beau,
Pourtant dans nos maisons, nous n’avions pas encore l’eau
Avec nos récipients on descendait vers la fontaine
Il fallait bien en remonter avec nos cruches pleines (…)
Bien sûr à cette époque là, nous n’avions pas beaucoup de commodités
On se déplaçait qu’en vélo le plus souvent à pied
Quand on voulait déjeuner… il fallait allumer le feu,
On DEVAIT aller ramasser un peu de bois se que l’on trouvait de mieux
» (…)

Morceau choisi de Poème écrit par Etiennette en 1994