Mardi 29 septembre 2015, Jean Castex, maire de Prades et conseiller départemental du canton Pyrénées-Catalanes, était présent au Soler pour présenter sa conférence sur le thème : « La voie ferrée de Perpignan à Villefranche-de-Conflent : histoire d’une ligne singulière».
Cette soirée du cycle de conférence « Les Rendez-vous de la Connaissance » a réuni plus de 150 personnes curieuses de connaître les détails de l’une des plus marquantes aventures industrielles de notre département.
Sortir des sentiers battus de la « Grande Histoire » nécessite un travail de recherche, de compilation d’informations. C’est pendant ses moments de temps libre que Jean Castex n’a eu de cesse de regrouper l’ensemble des éléments nécessaires pour dérouler le fil de ce récit.
Pendant près de 2 heures, Jean Castex s’est attaché à revenir sur les origines de la fièvre ferroviaire qu’a connue la France pendant l’âge d’or de sa période d’industrialisation.
Sa présentation nous plonge ainsi au cœur du Second Empire dans la deuxième moitié du 19ème siècle, alors que l’extraction du fer du Canigou tend à son apogée en 1850. Et c’est bien le transport de cette ressource stratégique depuis Villefranche jusqu’à Port-la-Nouvelle qui mobilise les acteurs du monde politique et des affaires de la vallée de la Têt. Ensemble, ils vont tout faire pour que cette voie ferrée secondaire soit construite dans les meilleurs délais.
D’illustres protagonistes tel que Napoléon III et son demi-frère, le duc de Morny, ministre de l’Intérieur, les frères Pereire, fondateurs de la Compagnie des Chemins de Fer du Midi, vont ainsi croiser la destinée des personnalités catalanes les plus influentes de l’époque. Justin Durand, député de l’unique circonscription ou encore Rémy Jacomy, directeur des forges de Ria, tiendront un rôle dans cette épopée qui se joue dans les coulisses du pouvoir.
Des investisseurs frileux ainsi que la lenteur des travaux de cette ligne n’offriront pas à notre territoire toutes les retombées économiques promises. Finalisée en 1895 à Villefranche, ce retard participera au déclin de l’activité minière dans les P.O.
La dimension touristique offrira un second souffle à notre voie ferrée grâce à l’attrait de la station thermale de Vernet-les-Bains qui va devenir un haut lieu de villégiature royale. Un regain d’intérêt qui va accroître considérablement le trafic des voyageurs et attirer l’attention de Jean-Raoul Paul, directeur de Compagnie des Chemins de Fer du midi. En 1911, cet ingénieur visionnaire va décider d’électrifier le tronçon entre Marquixanes et Villefranche, une révolution qui va amener par la même occasion la fée électricité dans toute la vallée.
L’intérêt public de ce tracé ne sera plus à démontrer lors du boom agricole que la région a connu à partir de 1950 et c’est d’ailleurs la ville d’Ille-sur-Têt qui détient le record du train le plus long qu’ait connu la voie avec 52 wagons de fruits et légumes.
Comme notre conférencier l’a rappelé en guise de conclusion : « Malgré l’absence de grands ouvrages comme le pont Gisclard ou Séjourné, il reste à cette ligne ferroviaire des paysages magnifiques et surtout une histoire atypique et parfois rocambolesque que l’on ne peut pas imaginer et que j’ai plaisir à partager avec vous ».
Jean Castex a su captiver et surprendre son auditoire avec une série d’anecdotes mais aussi grâce à son talent de conteur. Avec cet exposé, il apporte «la pierre de basalte » qui manquait au grand mur de l’histoire de notre département.