Argelès-sur-Mer : un circuit de la Mémoire sur la Retirada

argelès-sur-mer le camp

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En 1939, Argelès-sur-Mer a accueilli 200 000 républicains espagnols fuyant le fascisme. De nombreux sites disséminés sur le territoire communal rappellent cette sombre page d’histoire. Ils forment un circuit de la Mémoire.

Rappel historique

Nous sommes en février 1939. Plus de 450 000 républicains franchissent la frontière franco-espagnole suite à la chute de la Seconde République espagnole et à la victoire du général Franco. Ce dramatique événement historique est plus connu sous le nom de « Retirada ».

Le gouvernement français choisit la plage d’Argelès-sur-Mer pour « accueillir » tous les réfugiés. Un camp d’internement est ouvert à la hâte. Plus de 200 000 républicains y séjourneront dans des conditions extrêmes avant d’être transférés dans les camps de Saint-Cyprien, du Barcarès, de Bram et du Vernet.

Il reprendra du service en septembre 1939, à la déclaration de la seconde guerre mondiale. Les autorités y regrouperont les « étrangers indésirables ». A partir de 1940, les familles juives et les tziganes y seront internés à leur tour.

Le camp fermera définitivement en septembre 1941. Il sera alors transformé en chantier de jeunesse.

Le circuit de la Mémoire

Etape n°1 : Le monolithe

Inauguré en 1999, ce monument marque l’emplacement de l’entrée du camp d’Argelès-sur-Mer. Il honore la mémoire des Républicains espagnols internés dans le camp à partir de février 1939.

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Etape n°2 : la plaque nord

Elle marque la limite de l’ancien camp.

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Etape n°3 : le cimetière des Espagnols

Dès l’ouverture du camp en février 1939, on enregistre de nombreux décès dans l’enceinte du camp. Suite à un appel de la Municipalité, un propriétaire met à disposition de la mairie un terrain pour en faire le cimetière du camp. Celui-ci sera détruit par les terribles inondations de 1940.
Aujourd’hui, une stèle marque le centre de l’ancien site.
Ce monument est un don fait dans les années 1950 par une famille, en souvenir d’un des leurs disparu. Les noms gravés sont ceux des personnes décédées dans le camp au cours de leur internement. Les noms manquants ont été ajoutés en 2007. Aujourd’hui, le cimetière permet aux familles, enfants et petits-enfants des internés du camp, de se recueillir.
Toujours au cœur du cimetière, un Arbre aux enfants est dédié aux 70 jeunes de moins de 10 ans décédés dans le camp.

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Etape n°4 : Le Mémorial du camp d’Argelès-sur-Mer

Depuis une quinzaine d’années, un travail de mémoire conséquent et reconnu est initié à Argelès-sur-Mer : création de l’association Fils et filles de républicains espagnols et enfants de l’exode (FFREEE) ; ouverture du Centre d’interprétation et de documentation sur l’exil et la Retirada (CIDER) ; mise en place de monuments commémoratifs (monolithe sur la promenade du front de mer, stèle de la plage Nord, cimetière des Espagnols), etc.
L’ouverture par la municipalité du Mémorial du camp d’Argelès-sur-Mer en février 2014 est le point d’orgue de cette démarche.

Un site pour tous les publics

Situé au premier étage de l’espace Jules Pams, à Valmy, au pied des Albères, le Mémorial occupe l’ancienne salle du CIDER. Intégré dans un pôle patrimonial, aux côtés de la Casa de l’Albera, son objectif est de matérialiser le travail de recueil de mémoire déjà réalisé et de présenter celui-ci à tous les publics de manière très pédagogique.

La salle s’étend sur 200 m². Elle est divisée en deux zones symbolisant l’Espagne et la France, séparées par une cloison qui matérialise la frontière pyrénéenne.

La partie Espagne. Elle permet aux visiteurs de prendre connaissance et conscience du contexte historique trouble de l’époque : des panneaux de taille imposante expliquent par le biais de textes trilingues (français, espagnol, catalan) et de visuels poignants les causes de la guerre civile, le Franquisme. Une carte d’Espagne en relief et interactive ainsi qu’une frise chronologique complètent le dispositif.
La guerre d’Espagne ayant été le premier conflit fortement médiatisé, l’accent est également mis sur la manière dont les médias ont relaté ce drame.

La Frontière. Le visiteur arrive ensuite à la cloison symbolisant la frontière. Il peut y lire des coupures de presse de journaux d’époque (L’Indépendant, L’Illustration, El Diluvio) qui y sont placardées. Puis il passe côté France, non sans avoir été au préalable plongé dans une ambiance de guerre : une sonorisation distille des bruits de bombardements, de ceux qu’ont dû subir sans relâche les populations au cours de leur exode.

La partie France. Elle est exclusivement consacrée au camp. Ses couleurs claires, qui contrastent avec l’obscurité du passage, rappellent celles des baraquements qui se dressaient alors sur la plage nord d’Argelès-sur-Mer.
Des panneaux explicatifs suspendus aux poutres, de grands visuels, une fresque chronologique, des documentaires télévisés et des œuvres d’art (sculptures, tableaux) rythment une visite axée sur les conditions de vie dans le camp. Un livre numérique est également consultable.

Enfin, au fond de la salle, une exposition temporaire met un coup de projecteur sur un thème particulier (« Les camps sur le sable » en l’occurrence).

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L’exposition « Les camps sur le sable »

Dès le commencement de la Retirada, devant l’afflux considérable de réfugiés, les autorités françaises sont amenées à ouvrir sur le même modèle, c’est à dire sur le sable des plages, les camps de Saint Cyprien et du Barcarès, un peu plus au nord du département.
Pour la première fois, les trois camps sur le sable du Roussillon font l’objet d’une exposition commune au Mémorial d’Argelès-sur-Mer.

Cette exposition temporaire présentée jusqu’au 27 février 2016 propose des visuels inédits de ces sites issus du fonds documentaire cédé au Mémorial par la famille du commandant Couderc, militaire de réserve en charge de la gestion des camps dans les Pyrénées-Orientales, commandant de celui d’Argelès-sur-Mer de 1939 à 1942.

Infos pratiques

Ouvert toute l’année du mardi au samedi de 14 heures à 18 heures.
Fermé les jours fériés d’octobre à mai et entre Noël et le Nouvel An.
Entrée gratuite pour les particuliers (consulter pour les visites guidées).
Accès handicapés.
Infos. 04 68 88 59 38 (accueil Mémorial).