Alexandre Najjar paie son tribut au pays du Cèdre

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L'écrivain Alexandre Najjar à l'hôtel Pams , aux côtés de Pascale Le Thorel, Présidente du groupe des éditeurs art et beaux-livres du Syndicat National de l'Edition (SNE).

Le Libanais Alexandre Najjar consacre à son pays, si fragile et si fécond, un Dictionnaire amoureux où la littérature se taille une place de choix. Il était l’invité exceptionnel du CML mardi 23 juin à l’hôtel Pams.

Le Liban, avant d’être un pays, n’est-il pas un art de vivre sublimé ? C’est un peu cela que démontre l’écrivain Alexandre Najjar. L’histoire de ce pays qui évoque une montagne qui baigne dans la mer est si riche, si présente, si pressante aussi, qu’elle alimente une large partie de cet ouvrage remarquable que l’on ne peut pas lâcher. Comme la Jamaïque avec le reggae, le Liban n’a cessé de rayonner sur l’imaginaire universel, si ce n’est que cela dure depuis quelques millénaires. Tandis que le mythe d’Europe trouve son site originel sur le rivage de Tyr, les ombres d’Adonis et de Bidon nous y attendent de toute éternité. Dernier d’une longue lignée d’écrivains du Levant, Alexandre Najjar paie son tribut au pays du Cèdre avec ce « Dictionnaire amoureux du Liban ». Pour livrer l’autoportrait de son pays, il n’y a pas meilleure plume qu’Alexandre Najjar : sagace, érudit, cet infatigable mythologue sait se faire didactique pour nous guider, entre Chouf et Bekaa, dans un labyrinthe subtilement parfumé. La découverte du Liban présuppose celle des chiffres. Depuis les Phéniciens, ces inventeurs de l’alphabet qui préféraient s’imposer par la séduction plutôt que par les armes, ce sont 17 civilisations qui ont déposé au Liban leurs alluvions de mémoire ; 18 communautés y cohabitent aujourd’hui. Mais la diaspora libanaise, notamment au Canada et en Afrique, a aussi transformé ces adeptes du chibouk en grands compradores cosmopolites. Dans son dictionnaire, Alexandre Najjar n’évite pas les entrées « Guerre », « Confessionnalisme » ou «Libanisation». Si Beyrouth sait effacer par d’opulentes maçonneries les stigmates des conflits, ce peuple de poètes et de négociants cultive de longtemps une sombre passion fractale. Elle est à la mesure de la fascination que les voyageurs lettres lui ont toujours réservée. Flaubert et Lamartine, Nerval et Pierre Benoit, Roland Dorgelès et Agatha Christie en témoignent. S’il souligne que les régimes matrimoniaux, soumis au droit confessionnel, restent pénalisants pour les belles Libanaises, Alexandre Najjar ne s’amuse pas moins de leur inclination au «ravalement permanent», le botox, les escarpins à plate-forme et les véhicules Hummer étant à son goût des apanages un rien voyants. Mais aujourd’hui, le Liban, c’est aussi Shakira et Carlos Slim, Gabriel Yared et Carlos Ghosn, Salma Hayek et Mika. Et, dans la lignée de Georges Schehadé ou de Salah Stétié, la fierté de compter enfin, avec Amin Maalouf, un Phénicien en habit vert.

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L’écrivain Alexandre Najjar à l’hôtel Pams , aux côtés de Pascale Le Thorel, Présidente du groupe des éditeurs art et beaux-livres du Syndicat National de l’Edition (SNE).