21.8 C
Perpignan
mardi 12 août 2025

spot_img
AccueilLifestyleCes fermes aux 300 animaux qui préservent l'âme rurale catalane depuis 1993

Ces fermes aux 300 animaux qui préservent l’âme rurale catalane depuis 1993

Date:

Dans les mas du Roussillon, quand mes grands-parents parlaient des fermes qui « gardaient tout », ils évoquaient ces lieux où cohabitaient trois cents bêtes de toutes espèces. En 1993, la famille Biluard créait la Ferme de Découverte Saint-André près d’Argelès-sur-Mer, avec une mission précise : sauver les races en voie d’extinction. Cette initiative s’enracinait dans une tradition catalane millénaire où chaque mas abritait une diversité animale garante d’autonomie alimentaire.

Aujourd’hui, Hubert Levaufre perpétue cet héritage depuis 2008 sur trois hectares où paissent moutons, chèvres, cochons, lamas et volailles. Cette ferme incarne la transformation respectueuse d’une tradition : le contact direct entre enfants et animaux, autrefois naturel dans nos villages, devient aujourd’hui un apprentissage organisé mais authentique.

Car dans cette époque où les écrans dominent, ces fermes catalanes offrent ce que nos anciens considéraient comme évident : toucher, nourrir, comprendre le vivant par l’expérience directe.

L’origine de cette tradition catalane

La diversité animale des mas traditionnels

Dans les Pyrénées-Orientales, nos arrière-grands-parents élevaient simultanément poules pour les œufs, cochons pour les salaisons d’hiver, chèvres pour le fromage et moutons pour la laine. Cette polyculture animale garantissait l’autosuffisance familiale tout en préservant les races locales adaptées au climat méditerranéen montagnard.

La transmission par l’immersion enfantine

Les enfants grandissaient naturellement au contact des bêtes, apprenant les gestes de soin, les cycles de reproduction, les besoins spécifiques de chaque espèce. Cette éducation pratique formait des générations respectueuses du vivant, comprenant intuitivement l’interdépendance entre humains et animaux.

Le geste précis qui fait la différence

L’approche directe supervisée

À la Ferme Saint-André, comme dans les cours de ferme d’autrefois, les enfants pénètrent directement dans les enclos. Cette proximité physique, impensable dans les zoos urbains, reproduit fidèlement l’expérience traditionnelle catalane. Les chèvres se laissent caresser, les moutons approchent curieux, récréant ce lien naturel que nos anciens cultivaient quotidiennement.

Le nourrissage participatif

Contre un euro, les enfants reçoivent des graines pour nourrir les animaux. Ce geste simple réactive une gestuelle ancestrale : tendre la main ouverte, laisser les bêtes picorer, sentir leurs langues râpeuses. Nos grands-mères pratiquaient identiquement ce rituel matinal de distribution de grain.

Comment nos anciens procédaient

La sélection des races résistantes

Les familles catalanes privilégiaient les races rustiques : moutons manech résistant au froid des Albères, chèvres pyrénéennes adaptées aux terrains escarpés, volailles de Bresse supportant les variations climatiques. Cette sélection naturelle, que perpétue aujourd’hui la ferme avec ses races menacées, témoigne d’une sagesse empirique millénaire.

« Conseil de mamie : Une ferme sans diversité animale, c’est une ferme qui mourra de faim à la première mauvaise récolte. »

L’éducation par l’observation quotidienne

Nos anciens n’organisaient pas de « visites pédagogiques » : ils intégraient naturellement les enfants aux tâches quotidiennes. Ramasser les œufs, traire les chèvres, mener les moutons au pré constituaient l’école de la vie rurale catalane.

L’adapter aujourd’hui dans votre quotidien

Créer le lien moderne avec la nature

Ces fermes de découverte reconstituent artificiellement ce contact perdu. Planifiez des visites régulières plutôt qu’exceptionnelles : la familiarité avec les animaux se construit par la répétition, comme l’enseignaient nos grands-parents. Les serres à papillons d’Elne complètent parfaitement cette approche sensorielle.

Prolonger l’expérience à domicile

Après la visite, reproduisez certains gestes : tenir des graines dans la paume, observer les oiseaux du jardin, comprendre leurs besoins. Cette transposition domestique ancre durablement les apprentissages, exactement comme nos anciens intégraient progressivement les enfants aux responsabilités fermières.

S’inscrire dans le réseau territorial

Combinez ces découvertes avec les initiatives de Sorède ou les festivals nature des huit réserves catalanes. Cette approche globale recrée la richesse éducative des anciens villages où chaque lieu enseignait différemment.

En cet été 2025, ces fermes aux trois cents pensionnaires perpétuent discrètement une sagesse séculaire. Elles prouvent que la modernité peut servir la tradition : organiser pour mieux transmettre, structurer pour mieux préserver. Nos arrière-grands-parents approuveraient cette adaptation respectueuse de leur héritage, car ils savaient qu’une tradition ne survit qu’en évoluant intelligemment.