Dans les mas éparpillés du Roussillon, quand août fait danser la chaleur sur les toits de tuiles, ma grand-mère Dolors sortait toujours son petit panier d’osier pour récolter la camamilla. Elle m’expliquait que cette petite fleur blanche aux pétales délicats était bien plus qu’une simple tisane : c’était le remède de famille pour apaiser les estomacs malmenés par les repas trop copieux de l’été.
Cette tradition millénaire, transmise de génération en génération dans nos villages catalans, trouve aujourd’hui un nouveau souffle grâce aux producteurs biologiques des Pyrénées-Orientales qui perpétuent ces gestes ancestraux. Car la camomille romaine, celle qui pousse si bien sur nos terres méditerranéennes, possède des vertus anti-inflammatoires reconnues que nos anciens utilisaient déjà avec une précision remarquable.
Alors que les troubles digestifs d’été frappent souvent les familles catalanes, redécouvrir cette sagesse populaire devient plus que jamais nécessaire pour préserver notre patrimoine vivant.
L’origine de cette tradition catalane
Une plante adaptée à notre terroir méditerranéen
La camomille romaine prospère naturellement dans le climat des Pyrénées-Orientales, profitant de nos 330 jours de soleil annuels. Cette vivace de petite taille développe ses capitules blancs et jaunes pendant l’été, concentrant alors ses principes actifs les plus puissants. Les producteurs locaux comme ceux d’Au jardin des simples cultivent encore cette variété sur leurs parcelles, respectant les cycles naturels que connaissaient nos aïeux.
Des composés aux vertus scientifiquement prouvées
Ce que nos anciens appelaient simplement « la bonne herbe pour l’estomac » contient en réalité des lactones sesquiterpéniques et des flavonoïdes aux propriétés anti-inflammatoires remarquables. Ces substances naturelles, particulièrement concentrées dans la variété méditerranéenne, expliquent pourquoi cette tradition s’est maintenue avec tant de constance dans nos familles catalanes.
Le geste précis qui fait la différence
La récolte au bon moment
Nos anciens récoltaient toujours la camamilla en pleine floraison estivale, quand les capitules dévoilent leur cœur jaune entouré de pétales blancs bien ouverts. Cette timing précis garantit une concentration optimale en principes actifs. Les fleurs se cueillent le matin, après la rosée, par temps sec, en sectionnant délicatement les tiges à la base du capitule.
Le séchage traditionnel
Le séchage s’effectue à l’ombre, dans un endroit ventilé, en étalant les capitules sur des claies en bois ou des tissus naturels. Cette étape cruciale, que maîtrisaient parfaitement les familles du Roussillon, préserve les huiles essentielles tout en évitant la fermentation. Les fleurs correctement séchées conservent leur couleur et leur parfum délicat.
Comment nos anciens procédaient
La préparation de l’infusion digestive
Pour apaiser les troubles digestifs d’été, nos grand-mères préparaient une infusion en versant de l’eau frémissante sur une cuillère à soupe de capitules séchés. Elles laissaient infuser cinq à dix minutes, puis filtraient soigneusement cette tisane dorée aux arômes de miel et de pomme.
Conseil de mamie Dolors : « Quan l’estomac fa mal, la camamilla amb una mica de mel ho arregla tot » – Quand l’estomac fait mal, la camomille avec un peu de miel arrange tout. Elle ajoutait toujours une goutte de miel de garrigue pour adoucir l’amertume naturelle.
Les mélanges traditionnels
Dans certaines familles du Conflent, on associait la camomille à la menthe sauvage ou au thym des collines pour renforcer son action digestive. Ces assemblages, transmis oralement, adaptaient le remède aux troubles spécifiques de chaque saison.
L’adapter aujourd’hui dans votre quotidien
Cultiver sa propre camamilla
Vous pouvez facilement cultiver cette plante vivace dans votre jardin ou sur votre terrasse. Elle apprécie une exposition ensoleillée et un sol bien drainé, typique de notre climat méditerranéen. Plantée au printemps, elle fleurit dès le premier été et se multiplie naturellement.
Se procurer une camomille de qualité
Les herboristeries locales des Pyrénées-Orientales proposent désormais des camomilles bio cultivées selon les méthodes traditionnelles. Cette démarche soutient les producteurs locaux tout en garantissant la qualité de vos tisanes digestives. Comme pour la menthe des cortals, privilégiez toujours les circuits courts pour vos plantes médicinales.
FAQ : Tout savoir sur la camamilla catalane
Quelle est la différence avec la camomille allemande ?
La camomille romaine, traditionnelle en Catalogne, possède des fleurs plus grosses et un goût plus amer que la camomille allemande. Ses propriétés anti-inflammatoires sont également plus marquées.
Combien de tasses peut-on boire par jour ?
Nos anciens conseillaient deux à trois tasses par jour maximum, de préférence après les repas ou en cas de troubles digestifs aigus.
Peut-on la donner aux enfants ?
Oui, mais en infusion légère et avec modération. Comme la lavande du Conflent, la camomille fait partie des remèdes familiaux doux adaptés aux plus jeunes.
Comment conserver les fleurs séchées ?
Dans des bocaux hermétiques, à l’abri de la lumière et de l’humidité. Bien conservées, elles gardent leurs propriétés pendant deux ans.
Cette sagesse populaire catalane mérite d’être transmise aux nouvelles générations. En cultivant et utilisant notre camamilla locale, nous préservons un patrimoine vivant tout en prenant soin de notre santé naturellement. Comme toutes nos adaptations au climat méditerranéen, cette tradition simple mais efficace s’inscrit dans l’art de vivre catalan authentique que nous devons chérir et perpétuer.
