En remontant la vallée de la Têt vers Fontpédrouse, une structure monumentale surgit de nulle part au-dessus des eaux tumultueuses. Ce pont de pierre aux arcs ogivaux, témoin silencieux d’une époque thermale révolue, raconte l’histoire fascinante d’un ouvrage d’art conçu pour desservir des bains sulfureux aujourd’hui perdus dans l’oubli. Construit entre 1906 et 1908 par l’ingénieur Paul Séjourné, ce viaduc de 236 mètres cache un secret que peu connaissent.
À 1200 mètres d’altitude, dans ce petit village de montagne aux quelques centaines d’habitants, se dresse l’unique pont catalan spécifiquement édifié pour relier une station thermale aux réseaux de transport modernes. Une prouesse technique devenue symbole d’un patrimoine thermal pyrénéen aujourd’hui disparu.
Car derrière cette architecture néo-médiévale se cache l’ambition d’une époque où les thermes de Saint-Thomas attiraient jusqu’à 50 000 visiteurs par an, avant leur fermeture définitive en 1981.
Le secret architectural d’un pont thermal unique
Une ingénierie adaptée aux contraintes géothermiques
Le viaduc de Fontpédrouse révèle une particularité méconnue : sa conception intègre les spécificités du terrain géothermique pyrénéen. Paul Séjourné, maître d’œuvre de cette réalisation, a utilisé 10 352 m³ de pierre locale catalane, représentant 60% du coût total de construction. Cette maçonnerie rustique en calcaire pyrénéen résiste parfaitement aux variations thermiques provoquées par l’activité géothermale du secteur.
Un ouvrage d’art au service des eaux sulfureuses
L’arcade centrale de 30 mètres de portée et 35 mètres de hauteur franchit magistralement la Têt pour connecter la ligne ferroviaire de Cerdagne aux installations thermales. Cette structure à deux étages, renforcée par des armatures métalliques de 21,5 tonnes, témoigne d’une ingénierie pensée pour supporter le trafic intense des curistes de l’époque dorée du thermalisme pyrénéen.
Une authenticité préservée qui défie le temps
Le témoin d’une époque thermale florissante
Entre 1906 et 1981, ce pont a vu passer des milliers de visiteurs venus profiter des vertus thérapeutiques des sources sulfureuses de Saint-Thomas. Contrairement aux thermes d’Amélie-les-Bains qui perpétuent la tradition, les installations de Saint-Thomas ont sombré dans l’oubli, transformant ce pont en vestige poignant d’un patrimoine thermal révolu.
Un style architectural emblématique du Conflent
Les créneaux ornant les piles carrées et les arcs ogivaux s’inspirent de l’architecture médiévale catalane, créant une harmonie parfaite avec le paysage montagnard environnant. Cette esthétique néo-médiévale, caractéristique des ouvrages Séjourné, distingue ce pont des réalisations gothiques comme le Pont du Diable de Céret, témoignant de l’évolution des techniques constructives entre les XIVe et XXe siècles.
L’expérience exclusive qui vous attend
Un patrimoine ferroviaire toujours vivant
Aujourd’hui encore, le Train Jaune traverse quotidiennement ce viaduc classé Monument Historique, offrant aux voyageurs une perspective unique sur la vallée de la Têt. Cette permanence ferroviaire contraste avec l’abandon des thermes, créant une émotion particulière : celle de fouler un ouvrage conçu pour un usage révolu.
Les vestiges discrets d’un passé thermal
En explorant les abords du pont, les traces des anciennes installations thermales se devinent encore dans le paysage. Ces ruines discrètes, accessibles aux marcheurs initiés, racontent l’histoire d’un site qui rivalisa autrefois avec les thermes actuels de Fontpédrouse, démontrant la richesse géothermique exceptionnelle de cette vallée pyrénéenne.
« Note de terrain : L’observation depuis le pont révèle les sources chaudes naturelles qui bouillonnent encore le long de la Têt, témoins silencieux de l’activité géothermique qui justifia jadis la construction de cet ouvrage. »
Accès et conseils d’initié
Itinéraire optimal pour la découverte
Depuis Perpignan, la route nationale 116 vous mène directement sous le viaduc en 90 minutes. L’approche par le train offre une perspective incomparable : le Train Jaune dessert la gare de Fontpédrouse-Saint-Thomas, permettant d’apprécier pleinement cette prouesse architecturale depuis l’intérieur même de l’ouvrage.
Période idéale et recommandations pratiques
La saison estivale révèle toute la splendeur de ce patrimoine, quand la végétation luxuriante contraste avec la pierre blonde du viaduc. Les photographes privilégieront les lumières matinales qui subliment les arcs ogivaux et révèlent les détails de la maçonnerie catalane. En hiver, l’enneigement transforme le site en décor féerique, mais l’accès routier peut s’avérer délicat.
Questions fréquentes sur le pont de Fontpédrouse
Peut-on visiter les anciens thermes de Saint-Thomas ?
Les installations thermales sont abandonnées depuis 1981 et l’accès reste limité pour des raisons de sécurité. Seules les fondations et quelques structures en ruine témoignent encore de cette activité passée.
Le Train Jaune s’arrête-t-il spécifiquement pour admirer le pont ?
La gare de Fontpédrouse-Saint-Thomas permet de descendre et d’explorer les environs. Le trajet lui-même offre des vues spectaculaires lors de la traversée du viaduc.
Quelle est la meilleure période pour photographier ce patrimoine ?
Les mois de juin à septembre garantissent un éclairage optimal et un accès facilité. Les lumières automnales d’octobre révèlent particulièrement bien les nuances de la pierre locale.
Ce pont unique témoigne d’une époque où l’ingénierie se mettait au service du bien-être thermal. Dans un contexte où le patrimoine pyrénéen fait l’objet d’une attention croissante, cette merveille architecturale mérite sa redécouverte avant que l’érosion du temps n’efface définitivement les traces de son glorieux passé géothermique.