23.8 C
Perpignan
dimanche 20 juillet 2025

spot_img
AccueilSantéPourquoi on évite le soleil après l'Oli de Cop du Vallespir

Pourquoi on évite le soleil après l’Oli de Cop du Vallespir

Date:

Dans les mas du Vallespir, Maria Puig garde précieusement le secret de l’Oli de Cop, cette huile rouge de millepertuis que sa grand-mère lui a transmise. À 73 ans, elle fait partie des trois dernières familles à perpétuer cette tradition catalane millénaire. Chaque année, le 24 juin à la Saint-Jean, elle cueille délicatement les sommités fleuries pour préparer ce remède ancestral aux vertus apaisantes.

Mais nos anciens connaissaient parfaitement les dangers de cette préparation. « Jamais de soleil après l’huile rouge » : cette règle absolue se transmet de génération en génération dans les cortals du Roussillon. Car le millepertuis contient des substances photosensibilisantes qui peuvent provoquer de sévères brûlures cutanées.

Cette sagesse empirique catalane révèle aujourd’hui toute sa pertinence scientifique. L’hypericine et la pseudohypericine, responsables de la couleur rouge caractéristique de l’Oli de Cop, réagissent violemment aux rayons ultraviolets. Une connaissance que seules quelques familles du Vallespir préservent encore.

L’origine de cette tradition catalane

Un héritage du solstice d’été

L’Oli de Cop naît avec le solstice, quand le millepertuis atteint sa concentration maximale en principes actifs. Dans les garrigues du Vallespir, cette plante aux fleurs dorées pousse naturellement sur les sols rocailleux et calcaires. Nos anciens avaient identifié cette période précise où la sève monte, concentrant les vertus médicinales dans les sommités fleuries.

Une pharmacopée familiale

Depuis l’Antiquité, le millepertuis surnommé « chasse-diable » soignait la mélancolie et les blessures. En Catalogne du Nord, chaque mas possédait sa propre préparation, adaptée aux ressources locales. L’huile d’olive du terroir servait de base à cette macération solaire, créant un remède spécifiquement catalan.

Le geste précis qui fait la différence

La récolte du solstice

Maria Puig ne déroge jamais à la règle : récolte exclusive le 24 juin, au lever du soleil. Les fleurs doivent être cueillies avant que la rosée ne s’évapore, conservant ainsi leur teneur optimale en hypericine. Cette substance photosensibilisante, qui donne sa couleur rouge à l’huile, nécessite une manipulation experte.

La macération dans le verre brun

Le grand bocal de verre brun protège la préparation des rayonnements directs tout en permettant une macération solaire contrôlée. Cette technique ancestrale évite la dégradation des composés actifs while permettant leur extraction optimale. Plusieurs semaines d’exposition créent cette huile rouge si caractéristique.

Comment nos anciens procédaient

Les précautions empiriques

« Après l’huile rouge, reste à l’ombre trois jours » : le conseil de mamie Puig résume des siècles d’observation.

Nos aïeules avaient remarqué que l’application d’Oli de Cop suivie d’une exposition solaire provoquait rougeurs, cloques et brûlures. Cette connaissance empirique prévenait les réactions de photosensibilisation, phénomène aujourd’hui scientifiquement expliqué par l’interaction entre hypericine et rayons UV.

L’usage thérapeutique raisonné

L’application se faisait exclusivement en soirée, sur coups de soleil, écorchures ou piqûres d’insectes. Les anciens respectaient scrupuleusement un protocole : nettoyer la zone, appliquer une fine couche, couvrir d’un linge propre. Jamais d’exposition solaire les jours suivants, règle absolue transmise oralement.

L’adapter aujourd’hui dans votre quotidien

La préparation moderne sécurisée

Vous pouvez respecter la tradition tout en adoptant des précautions contemporaines. Utilisez des contenants stérilisés, de l’huile d’olive bio locale, et filtrez soigneusement après macération. Comme pour la conservation des aubergines violettes de Céret, la propreté des ustensiles garantit la qualité finale.

Les applications sécurisées

Réservez l’usage à des soins localisés en soirée uniquement. Couvrez la zone traitée et évitez toute exposition solaire pendant 48 heures minimum. À l’instar des pastèques blanches du Vallespir, ces traditions exigent patience et respect du protocole ancestral.

Préserver ce savoir-faire

Documentez vos préparations, notez les proportions utilisées, les périodes de récolte. Comme les semis échelonnés du Conflent, cette transmission nécessite une pratique régulière et documentée.

L’Oli de Cop du Vallespir représente plus qu’un simple remède : c’est un patrimoine vivant de la Catalogne du Nord. En respectant les précautions ancestrales, particulièrement l’évitement du soleil après application, vous perpétuez une sagesse empirique aujourd’hui validée par la science.

Cette tradition millénaire, préservée par seulement trois familles, mérite d’être transmise aux nouvelles générations. Prenez le temps d’apprendre ces gestes simples mais précis : ils constituent l’essence même de l’art de vivre catalan, entre respect de la nature et connaissance intime des propriétés des plantes de notre terroir.