Le soleil de septembre caresse encore les pierres dorées quand je gravis pour la énième fois le sentier escarpé menant aux Châteaux de Lastours. Cette fois, c’est Elena qui m’accompagne, appareil photo en bandoulière, curieuse de découvrir pourquoi je reviens sans cesse dans cette Montagne Noire qui cache tant de secrets. « Quatre châteaux sur un seul éperon rocheux, c’est de la folie architecturale ! », me glisse-t-elle en catalan. Elle a raison. Cabaret, Tour Régine, Surdespine et Quertinheux défient les lois de la gravité depuis huit siècles.
Quand la résistance cathare s’écrit dans la pierre des Corbières
À 25 minutes de Carcassonne par la D101, ces sentinelles de schiste racontent une histoire que les guides touristiques effleurent à peine. Contrairement à ce château des Corbières rasé par Richelieu en 1642, Lastours a survécu aux siècles grâce à sa position stratégique exceptionnelle. Les quatre forteresses ne sont pas nées cathares, mais elles ont abrité la résistance parfaite contre les croisades de Simon de Montfort.
Pierre-Roger de Cabaret, seigneur des lieux, a tenu tête aux croisés pendant près de quinze ans. Ses murs ont protégé les faidits, ces nobles dépossédés par la croisade. L’exposition archéologique « Lastours, 4000 ans d’histoire » révèle que le site était déjà occupé à l’âge du bronze. Quatre millénaires de présence humaine, ça vous pose un lieu.
L’expérience authentique d’un éperon rocheux hors du temps
Contrairement aux sites touristiques classiques, Lastours impose son rythme. Le sentier balisé de 2 kilomètres serpente entre chênes verts et buis, avec un dénivelé qui réveille les mollets. Comptez 2 à 3 heures pour savourer pleinement les quatre châteaux et leurs panoramas. L’entrée coûte 8 euros par adulte, mais le belvédère panoramique nécessite un supplément de 3 euros d’avril à novembre.
Mon conseil d’ami local ? Évitez les heures chaudes en été et privilégiez les matinées de printemps ou les fins d’après-midi d’automne. La lumière dorée sculpte alors les ruines avec une beauté saisissante. N’oubliez pas vos chaussures de randonnée et une réserve d’eau conséquente.
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur secrets
Le village de Lastours mérite qu’on s’y attarde. Son parking gratuit à l’entrée facilite la logistique, mais c’est surtout son authenticité qui séduit. Pas de boutiques à touristes, juste des maisons de schiste qui semblent sommeiller depuis des siècles. Pour les amateurs de sensations fortes, ce village de 205 habitants cache un escalier souterrain de 734 marches vers un fort secret à Villefranche-de-Conflent, une découverte comparable en terme d’émotions.
Les photographes trouveront leur bonheur aux points de vue multiples jalonnant le parcours. Chaque château offre un angle différent sur la vallée de l’Orbiel. Pour les gourmands, les vignobles biologiques du Château de Lastours à Portel-des-Corbières proposent des dégustations qui prolongent parfaitement la visite historique.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié Marie, guide locale
« Les quatre châteaux communiquaient par des signaux lumineux », me révèle Marie lors d’une visite guidée. « Regardez bien les meurtrières orientées vers chaque forteresse. C’était un véritable réseau de télécommunication médiéval. » Cette interconnexion explique pourquoi la résistance cathare a si bien fonctionné ici.
L’erreur de débutant que j’ai faite
Venir en sandales par un jour de mistral ! Le terrain accidenté et les bourrasques m’ont rappelé que la Montagne Noire ne pardonne pas l’improvisation. Les chaussures fermées et un coupe-vent sont indispensables, même en été.
Ma découverte totalement inattendue
Les fouilles archéologiques continuent de révéler des surprises. L’année dernière, les archéologues ont mis au jour des vestiges carolingiens sous les fondations cathares. Comme ce château du XIIIe siècle aux murs de schiste qui défient encore les archéologues, Lastours recèle encore bien des mystères.
Le conseil que je donne à mes proches
Combinez Lastours avec la découverte des villages environnants. Saissac, Mas-Cabardès, Salsigne… chacun raconte un pan de l’histoire cathare. Une journée complète permet d’appréhender la richesse patrimoniale de cette Montagne Noire trop méconnue. « Quatre castells, mil històries », comme on dit ici : quatre châteaux, mille histoires.
