Le parfum de tramontane caresse mes joues tandis que je gravissais ce matin les derniers mètres menant à la Tour de Château-Roussillon. Depuis le centre de Perpignan, quinze minutes de voiture suffisent pour atteindre ce joyau médiéval que même les Catalans du coin ignorent parfois. Pourtant, cette tour du XIIIe siècle cache des secrets qui m’ont fait frissonner plus d’une fois.
Sur les traces de Ruscino : quand l’antique oppidum révèle ses mystères
Imaginez un peu : vous marchez sur les vestiges de l’ancienne cité qui a donné son nom au Roussillon tout entier ! Le site archéologique de Ruscino, où se dresse fièrement notre tour, fut tour à tour oppidum ibère dès 600 av. J.-C., cité romaine puis site wisigothique. Mes dernières investigations m’ont mené aux fouilles récentes qui ont révélé des silos à grains antiques et des sceaux coufiques témoignant du passage arabe.
La tour elle-même constitue le dernier vestige du château médiéval, construit après que les comtes de Roussillon aient quitté les lieux au Xe siècle. Ce qui la rend unique ? Ses façades entièrement couvertes de galets de rivière maçonnés, une technique architecturale rarissime dans nos Pyrénées-Orientales. Comme me l’a confié Josep, le berger qui mène ses chèvres près du site : « Aquests pedres han vist passar els segles » – ces pierres ont vu défiler les siècles.
La légende tragique du troubadour et autres secrets bien gardés
Voici l’histoire que les guides ne racontent jamais : la tour est liée à la légende du troubadour Guillem de Cabestany. L’histoire, aussi sombre que romantique, raconte qu’une châtelaine se serait jetée de cette tour après avoir découvert qu’elle avait mangé le cœur de son amant, assassiné par son époux jaloux. Frisson garanti lors des visites nocturnes que j’organise parfois avec mes amis locaux !
Plus prosaïquement, cette tour de près de 20 mètres de hauteur fut l’une des quatorze tours médiévales du département illuminées lors du passage de la flamme olympique en 2024. Un honneur mérité pour ce monument classé depuis 2012, qui offre un panorama époustouflant sur les Pyrénées depuis sa plateforme sommitale.
Pour les amateurs d’architectures exceptionnelles, je recommande également de découvrir ce château oublié à 672 mètres qui surveille la frontière franco-espagnole depuis le XIIIe siècle, témoignage de la même époque architecturale.
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur autour de la tour
L’accès libre toute l’année permet de profiter du site selon vos envies, mais je vous conseille vivement les visites guidées à 10€ par personne organisées par l’office de tourisme de Perpignan. Prévoyez une à deux heures pour savourer pleinement l’expérience, en évitant les fortes chaleurs estivales.
Ne manquez pas la chapelle romane Sainte-Marie-et-Saint-Pierre, autre monument historique du hameau, qui complète parfaitement votre découverte. Les passionnés d’histoire religieuse apprécieront également cette église préromane de 1000 ans qui cache des arcs secrets catalans, témoignage de l’évolution architecturale régionale.
Pour les photographes, le meilleur moment reste la fin d’après-midi, quand la lumière dorée sublime les galets de la tour et révèle les reliefs pyrénéens. Le parking gratuit facilite l’accès, même si je privilégie personnellement le vélo depuis Perpignan pour une approche plus contemplative.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié Maria, guide locale
Les meilleures photos se prennent depuis le petit chemin qui serpente derrière la tour, offrant un cadrage unique avec les Canigó en arrière-plan. Maria organise parfois des visites privées au coucher du soleil sur réservation.
L’erreur de débutant que j’ai faite
N’essayez pas de visiter l’intérieur sans guide : l’escalier en bois est raide et la visite non accompagnée interdite. Réservez plutôt une visite guidée officielle pour accéder aux étages supérieurs en toute sécurité.
Le détail qui change tout selon les locaux
Combinez votre visite avec la découverte de cette tour de briques rouges qui cache 656 ans de secrets dans ses 142 marches au centre de Perpignan, pour un parcours patrimonial complet.
Ma découverte totalement inattendue
Le site accueille régulièrement des fouilles archéologiques ouvertes au public entre mai et septembre. Une chance unique d’observer les archéologues au travail sur les vestiges de Ruscino.
Le conseil que je donne à mes proches
Prévoyez un budget de 35€ par personne pour une journée complète incluant visite guidée, déjeuner catalan au village et exploration du site archéologique. Un investissement dérisoire pour une plongée dans vingt siècles d’histoire catalane !