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mardi 17 juin 2025

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Ce col pyrénéen à 71 avant J.-C. cache le plus ancien trophée romain au monde

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Le parfum de tramontane soulève encore la poussière des siècles sur cette crête oubliée. Je me souviens de ce matin d’avril où j’ai gravi pour la première fois le col de Panissars, guidé par les récits passionnés de Josep, berger local de 73 ans qui connaît chaque pierre de ce territoire frontalier. « Aquí va passar la història », m’avait-il murmuré en catalan – ici, l’histoire est passée. Et quelle histoire !

Quand Pompée gravait son nom dans la pierre pour l’éternité

Imaginez un instant : nous sommes en 71 avant J.-C., et le général romain Pompée fait ériger un monument colossal pour marquer sa victoire sur les tribus ibères. Ce trophée, dont les ruines constituent aujourd’hui les vestiges les plus anciens au monde de ce type, délimitait officiellement la frontière entre la Gaule et l’Hispanie.

L’architecture originale était saisissante : un arc de triomphe surmonté d’une tour, s’inscrivant dans une pyramide parfaite. Josep m’a confié que les matériaux ont été largement réutilisés au Moyen Âge pour construire les villages alentour. « Chaque mur ancien de la région porte un morceau de Rome », plaisante-t-il avec cette malice catalane si caractéristique.

Mais Panissars cache d’autres secrets. En 1285, une bataille sanglante opposait ici les royaumes de France, de Majorque et d’Aragon. Le site porte encore les traces de cette mémoire douloureuse dans son cimetière militaire du XVIIe siècle.

Entre Via Augusta et Via Domitia : carrefour de trois civilisations

Ce qui me fascine, c’est cette position géographique unique où se croisaient les deux artères majeures de l’Empire romain. La Via Domitia reliait l’Italie à l’Espagne, tandis que la Via Augusta traversait toute la Gaule Narbonnaise. Comme ce fort remarquable qui cache 734 marches souterraines, Panissars révèle les stratégies militaires romaines dans les Pyrénées.

Aujourd’hui encore, ce carrefour historique vibre d’une énergie particulière. Les randonneurs du GR10 y font halte, ignorant souvent qu’ils foulent un sol chargé de deux millénaires d’histoire. L’été, les vues panoramiques depuis le col offrent des perspectives photographiques exceptionnelles sur les Albères.

Elena, mon épouse professeure d’espagnol, souligne toujours l’importance symbolique de ce lieu pour l’identité catalane transfrontalière. « C’est ici que se matérialise notre histoire commune », explique-t-elle à ses étudiants lors des sorties pédagogiques.

Carnet d’adresses de l’explorateur : mes coups de cœur testés sur le terrain

Pour découvrir Panissars dans de bonnes conditions, je recommande une visite tôt le matin ou en fin d’après-midi, quand la lumière dorée sublime les pierres antiques. L’accès est gratuit et les sentiers balisés permettent une approche sécurisée.

Ne manquez pas la visite combinée avec le Fort de Bellegarde, ouvert du 1er mai au 31 octobre avec des tarifs variables selon les formules. La vue depuis ses remparts complète parfaitement la découverte historique de Panissars.

Pour les photographes, je révèle un secret : cette tour de guet catalane révèle la plus belle vue secrète des Albères, offrant un angle inédit sur l’ensemble du site archéologique.

Guide du voyageur malin : mes astuces testées depuis vingt ans

Côté logistique, comptez 30 minutes depuis Perpignan et 45 minutes depuis Figueres. Le parking au Perthus est gratuit mais limité en haute saison. J’ai testé plusieurs hébergements : les gîtes ruraux aux alentours proposent une immersion authentique à partir de 45€ la nuit.

Pour la gastronomie, impossible de passer à côté des spécialités catalanes du Perthus. La crème catalane de chez Maria (restaurant Cal Francès) reste un souvenir gustatif inoubliable. Les week-ends de mai à septembre voient s’animer les marchés transfrontaliers.

Prévoyez des chaussures de randonnée et une protection solaire l’été. L’hiver, comme l’illustre ce col pyrénéen à 1513 mètres avec ses vestiges de douane historiques, les conditions peuvent être délicates.

Ce que les guides ne vous disent jamais

Le secret que m’a confié Josep le berger

Les meilleures photos se prennent au coucher du soleil, quand les ruines se détachent sur le ciel embrasé. Peu de visiteurs restent si tard, vous aurez le site pour vous seuls.

Ma découverte totalement inattendue

En explorant les environs, j’ai découvert des fragments de céramique romaine affleurant encore dans certains sentiers. Un trésor à portée de regard pour qui sait observer.

Le conseil que je donne à mes proches

Combinez votre visite avec la découverte des villages environnants lors des festivals catalans estivaux. L’ambiance transfrontalière y est saisissante, entre sardanes et traditions partagées.