Le soleil caresse encore les crêtes quand j’engage ma voiture sur cette route sinueuse qui grimpe vers le Col de la Dona. À 7h30 ce matin de mai, la tramontane s’est enfin calmée, laissant place à cette lumière dorée si particulière des Pyrénées-Orientales. Depuis quinze ans que j’arpente ces montagnes, ce belvédère reste l’un de mes secrets les mieux gardés, perché à 500 mètres d’altitude au-dessus d’Amélie-les-Bains.
Quand la légende de la « Dona » résonne encore dans la vallée du Tech
« Dona », cela signifie « femme » en catalan, et croyez-moi, cette appellation n’est pas anodine. Lors de ma dernière discussion avec Josep, berger de 78 ans rencontré au col voisin, j’ai découvert que ce nom évoque une ancienne légende locale similaire à celle du dolmen de 5000 ans qui cache des secrets de contrebandiers dans les Albères catalanes. Les récits de figures féminines marquantes jalonnent nos montagnes catalanes, témoins d’une époque où ces cols servaient de passages stratégiques entre la France et l’Espagne.
Le belvédère révèle aujourd’hui un panorama exceptionnel sur le massif du Canigou et la vallée du Tech, mais il garde en mémoire les traces d’une occupation humaine millénaire. Les murets de pierre sèche visibles depuis le point de vue rappellent que nos ancêtres ont façonné ce paysage, tout comme les résistants qui trouvaient refuge dans cette forêt de 7820 hectares où se cachaient les maquisards en 1944.
Entre sentiers secrets et panoramas à couper le souffle : l’expérience authentique
L’accès au belvédère se mérite, et c’est tant mieux ! Depuis Amélie-les-Bains, comptez 45 minutes de route sinueuse puis une marche de 20 minutes sur un sentier bien balisé. J’y emmène régulièrement mes invités de passage, et leur réaction est toujours la même : ce silence, cette vue à 360 degrés, cette sensation d’être seul au monde.
Le phénomène d’inversion thermique, fréquent en hiver, transforme ce belvédère en véritable belvédère céleste. Imaginez-vous flottant au-dessus d’une mer de nuages, avec les sommets pyrénéens qui émergent comme des îles ! Un spectacle que même cette chapelle perchée à 250 mètres qui recèle des secrets de contrebandiers ne peut égaler en majesté.
Les meilleures heures ? Entre 7h et 9h pour la lumière dorée matinale, ou en fin d’après-midi entre 18h et 20h. Évitez absolument la mi-journée qui écrase les contrastes et transforme votre appareil photo en simple témoin d’un paysage terne.
Carnet d’adresses de l’explorateur : mes découvertes d’insider
Pour rejoindre le belvédère, stationnez-vous à Amélie-les-Bains (parking 5€ la journée) et suivez la D618 vers le col. La route carrossable vous mène à 200 mètres du point de vue final. Prévoyez de bonnes chaussures de randonnée et une réserve d’eau, surtout l’été.
Mon conseil d’ami : emportez des jumelles ! Depuis le belvédère, par temps clair, on distingue la Méditerranée au loin et parfois même les sommets enneigés des hautes Pyrénées. Un spectacle que seuls les initiés connaissent.
Pour le repas, redescendez vers Amélie où Maria, à Can Berenguer, prépare la meilleure cargolade de la région (menu à 22€). Ses escargots aux herbes catalanes et son confit de canard valent largement le détour après l’effort.
Guide du voyageur malin : budgets testés et astuces de local
Budget total pour une sortie depuis Perpignan : essence 10€ (70 km aller-retour), repas 25€ par personne, parking 5€. Soit environ 40€ pour une journée complète de découverte authentique.
Côté hébergement, l’Hôtel Reine Amélie propose des chambres à partir de 65€ la nuit avec petit-déjeuner, idéal pour rayonner dans la région. Pour les budgets serrés, le camping municipal affiche 15€ l’emplacement.
Saison optimale ? Mai-juin et septembre offrent la tranquillité absolue, tandis que juillet-août concentrent l’affluence touristique régionale.
Ce que les guides ne vous disent jamais
Le secret que m’a confié Pep, le garde forestier
Au sud du col, un sentier discret mène à un second belvédère totalement méconnu, offrant une vue plongeante sur les gorges de la Têt. Cherchez le cairn en forme de tour, c’est votre repère !
L’erreur de débutant que j’ai faite (pour que vous l’évitiez)
Ne tentez jamais l’ascension en tongs ! J’ai appris à mes dépens que le terrain rocailleux exige des chaussures fermées, même pour cette balade « facile ».
Le détail qui change tout selon les locaux
Venez tôt le matin non seulement pour la lumière, mais aussi pour entendre le chant des merles catalans qui résonne dans la vallée. Un concert naturel que la foule du midi fait fuir.
Ma découverte totalement inattendue
En octobre dernier, j’y ai croisé un photographe professionnel barcelonais qui m’a confié utiliser ce belvédère comme « studio naturel » pour ses portraits de mariage. La lumière y serait, selon lui, « perfecta » !
