Sarajevo s’étend dans une vallée encaissée, encerclée par les montagnes des Alpes Dinariques. Cette capitale de Bosnie-Herzégovine révèle un visage pluriel, façonné par quatre empires successifs. Au premier regard, elle étonne par son mélange architectural saisissant : minarets ottomans élancés, façades austro-hongroises ornementées et bâtiments socialistes massifs cohabitent dans un paysage urbain unique en Europe. Un lieu où l’Histoire s’est écrite, parfois dans la douleur, mais toujours avec une résilience remarquable.
Baščaršija : le cœur battant où l’Orient embrasse l’Occident
Dans le vieux quartier ottoman de Baščaršija, les ruelles pavées serpentent entre échoppes d’artisans et cafés traditionnels. La fontaine Sebilj, construite en 1891, marque le centre de cette place animée où des pigeons tournoient inlassablement. Les batteurs de cuivre, héritiers d’une tradition séculaire, façonnent leurs džezvas – ces cafetières bosniaques emblématiques – dans un tintement métallique qui résonne entre les murs.
Plus qu’un simple décor, Baščaršija incarne l’âme de Sarajevo avec ses 500 ans d’histoire. Ici, chaque ruelle a sa spécialité : Kazandžiluk pour le cuivre, Sarači pour le cuir. L’atmosphère change au fil de la journée, culminant en fin d’après-midi quand la lumière dorée caresse les façades ocre et que les influences culturelles diverses se mêlent au rythme des conversations.
Quand l’Histoire change de cours en un seul tir
Le Pont Latin (Latinska ćuprija) enjambe discrètement la rivière Miljacka. C’est ici, le 28 juin 1914, que Gavrilo Princip assassina l’archiduc François-Ferdinand, déclenchant la Première Guerre mondiale. Des empreintes de pas gravées dans le trottoir marquent l’emplacement exact où se tenait le jeune nationaliste serbe lors des tirs fatidiques.
À quelques pas, la majestueuse bibliothèque Vijećnica témoigne d’une autre blessure. Ce joyau néo-mauresque, incendié en 1992 pendant le siège, a perdu deux millions d’ouvrages dans les flammes. Sa reconstruction méticuleuse, achevée en 2014, symbolise aujourd’hui la renaissance culturelle de la ville après les années noires.
Le Tunnel de l’Espoir : souffle de vie pendant le siège
À la périphérie de Sarajevo, sous l’aéroport, le Tunnel de l’Espoir (Tunel Spasa) représente l’ingéniosité née du désespoir. Ce passage souterrain de 800 mètres, creusé en 1993, fut le seul lien avec le monde extérieur pendant le siège le plus long de l’histoire moderne (1 425 jours). Aujourd’hui musée, une section de 25 mètres reste accessible aux visiteurs pour comprendre comment nourriture, médicaments et armes transitaient sous les lignes ennemies.
Entre traditions vivantes et modernité résiliente
Le café bosniaque, rituel social incontournable, se déguste lentement dans de minuscules tasses accompagnées de loukoums. Contrairement aux habitudes occidentales, on ne le boit pas à la hâte mais on le savoure durant de longues conversations. Comme à Paris, Sarajevo conserve des habitations historiques habitées depuis des siècles, témoins d’une continuité culturelle remarquable.
Pour découvrir la ville autrement, empruntez le téléphérique restauré jusqu’au mont Trebević, site olympique des Jeux d’hiver de 1984. La piste de bobsleigh abandonnée, aujourd’hui couverte de graffitis colorés, offre un contraste saisissant avec le panorama époustouflant sur la vallée.
De Sarajevo à la Catalogne : ponts culturels insoupçonnés
Sarajevo partage avec la Catalogne une forte identité culturelle forgée par des influences multiples. À l’instar de Gandesa en Catalogne, Sarajevo concilie mémoire de guerre et renouveau culturel, transformant les cicatrices du passé en témoignages pour les générations futures.
Le Festival du Film de Sarajevo, créé pendant le siège en 1995, attire désormais cinéastes et visiteurs du monde entier chaque août, symbolisant l’ouverture d’une ville qui refuse de se définir uniquement par ses tragédies.
FAQ : Tout ce que vous devez savoir avant de visiter Sarajevo
Quelle est la meilleure période pour visiter Sarajevo ?
Le printemps (avril-juin) et l’automne (septembre-octobre) offrent des températures clémentes idéales pour explorer la ville à pied. En août, le Festival du Film anime considérablement la ville. L’hiver peut être rigoureux mais offre un accès privilégié aux stations de ski olympiques environnantes.
Comment se déplacer dans Sarajevo ?
Le centre historique se parcourt aisément à pied. Pour les distances plus longues, les tramways (environ 2 BAM le ticket) sont pratiques et constituent eux-mêmes une attraction puisque Sarajevo fut la première ville d’Europe après Vienne à en être équipée.
Quelles spécialités culinaires goûter absolument ?
Ne manquez pas les ćevapi (saucisses de viande hachée servies dans un pain somun), le burek (feuilleté fourré à la viande ou au fromage), et pour le dessert, la baklava ou la tufahija (pomme farcie aux noix et sirop). Le tout accompagné d’un café bosniaque traditionnel.
