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jeudi 22 mai 2025

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Le seul col des Alpes dont l’inauguration officielle n’a jamais eu lieu

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Le soleil descend lentement sur les Alpes ce soir de mai, projetant des ombres allongées sur les lacets serpentant le long du Col de la Cayolle. À 2 324 mètres d’altitude, ce passage entre les vallées de l’Ubaye et du Var révèle une histoire singulière et des panoramas à couper le souffle. Mais au-delà des cartes postales, le Col de la Cayolle recèle des secrets que peu de voyageurs connaissent.

L’inauguration fantôme : quand l’Histoire bouscule les plans

Ce qui distingue d’emblée la Cayolle des autres cols alpins est son « non-événement » historique. En 1894, les autorités décident de construire une route carrossable pour remplacer l’ancien sentier muletier. Les travaux s’achèvent en 1914, et le président Raymond Poincaré lui-même doit venir l’inaugurer avec faste.

Le destin en décide autrement. La Première Guerre mondiale éclate et l’inauguration est annulée. Ironie de l’histoire : cette route construite pour des raisons militaires ne sera jamais officiellement ouverte par celui qui, quelques jours plus tard, déclarera la guerre à l’Allemagne.

Aujourd’hui encore, en observant les ouvrages d’art datant de 1910 qui jalonnent le parcours, on imagine ce qu’aurait pu être cette cérémonie officielle qui n’eut jamais lieu, comme un rendez-vous manqué avec l’Histoire.

Entre deux mondes : la magie des contrastes naturels

Au cœur du Parc National du Mercantour, le Col de la Cayolle offre un spectacle naturel époustouflant qui change radicalement selon le versant. Côté nord, la vallée de l’Ubaye dévoile des prairies verdoyantes et des forêts denses. Côté sud, les gorges du Bachelard présentent un paysage plus minéral et abrupt.

Ce contraste saisissant s’explique par la position du col, véritable frontière climatique entre les influences méditerranéennes et alpines. Les botanistes viennent y observer des écosystèmes variés sur quelques kilomètres seulement.

Les gardiens silencieux du col

Aux abords du col, les marmottes constituent l’attraction vedette. Contrairement à d’autres sites touristiques, celles du Col de la Cayolle sont réputées particulièrement curieuses. En fin de journée, vers 19h, elles s’aventurent près des zones de stationnement pour le plus grand plaisir des photographes.

Plus discrets mais tout aussi remarquables, les chamois et bouquetins peuplent les pentes abruptes qui dominent le col. Les observer nécessite patience et jumelles, mais la récompense est à la hauteur de l’attente.

Un nom gravé dans les cailloux

Saviez-vous que l’étymologie même du col raconte son histoire géologique ? « Cayolle » provient du mot « caye » ou « caille », désignant un lieu rempli de cailloux. Cette origine toponymique peu connue reflète parfaitement la réalité du terrain.

Les pierriers qui entourent le col témoignent d’une activité géologique intense. Ce « pays des cailloux » fascine les géologues qui y lisent l’histoire mouvementée de la formation des Alpes.

Pour les amateurs de randonnée, ces pierriers offrent un terrain de jeu particulier, notamment sur le Circuit des Lacs qui démarre à proximité du col.

Un col trois fois gravi

Pour les passionnés de cyclisme, la Cayolle possède une particularité étonnante : malgré sa beauté et son défi sportif évident, il n’a été franchi que trois fois par le Tour de France. Cette relative discrétion en fait un col prisé des cyclotouristes en quête d’authenticité, loin des foules qui envahissent d’autres cols plus médiatisés comme ceux des Pyrénées.

Son profil asymétrique offre deux expériences distinctes : côté sud, 20,4 km à 6,3% de pente moyenne avec 15 virages en épingle ; côté nord, 27 km à 4,4% de pente moyenne, plus régulier mais plus long.

FAQ : Tout savoir sur le Col de la Cayolle

Quand est-il possible de franchir le Col de la Cayolle ?

Le col est généralement ouvert de mi-mai à fin octobre, selon les conditions d’enneigement. Il est totalement fermé en hiver.

Existe-t-il des hébergements à proximité du col ?

Aucun hébergement n’existe directement au col. Les options les plus proches se trouvent à Barcelonnette au nord ou Saint-Martin-d’Entraunes au sud, à environ 20-25 km.

Le col est-il accessible aux camping-cars ?

Oui, la route est accessible aux camping-cars, mais certains virages sont serrés. Le stationnement est possible sur les zones aménagées, mais le camping sauvage est interdit dans le Parc National du Mercantour.