Le soleil écarlate s’élève doucement au-dessus des murailles dorées d’Artajona, projetant des ombres allongées sur les pierres séculaires de cette forteresse navarraise. Ce village médiéval suspendu dans le temps, niché sur une colline à 31 km au sud-est de Pampelune, reste l’un des secrets les mieux gardés d’Espagne. Ses remparts intacts, visibles à des kilomètres, racontent une histoire extraordinaire et éphémère de royauté et d’indépendance.
Un royaume indépendant pendant cinq ans : l’histoire surprenante d’Artajona
Peu de visiteurs le savent, mais Artajona fut brièvement un royaume autonome entre 1153 et 1158. Cette parenthèse de cinq ans dans l’histoire médiévale espagnole témoigne de l’importance stratégique de ce petit village aujourd’hui peuplé d’à peine 1774 habitants. Son système défensif exceptionnel, « El Cerco », une enceinte fortifiée du XIe siècle, impressionne encore par sa préservation remarquable.
« El Cerco » comptait initialement 17 tours, dont 9 sont toujours debout après sept siècles d’existence. Ces remparts ont survécu aux guerres entre royaumes chrétiens et musulmans, puis à l’épreuve du temps. Ce n’est pas un hasard si le village fut offert comme cadeau de mariage par le roi García Ramírez à son épouse Doña Urraca, symbole de sa valeur exceptionnelle.
Des cloches à l’envers et un toit en forme de dragon
L’église-forteresse de San Saturnino constitue le joyau architectural d’Artajona. Son toit, conçu en forme de dos de dragon, n’est pas qu’esthétique – il s’agit d’un système ingénieux qui canalise l’eau de pluie vers une immense citerne souterraine pouvant contenir jusqu’à 83 000 litres d’eau. Cette prouesse d’ingénierie médiévale illustre l’intelligence des bâtisseurs de l’époque.
Plus étonnant encore : Artajona est le seul village au monde où les cloches sont installées à l’envers ! Cette particularité unique attire les curieux qui peuvent assister à un concert de sons tout à fait singulier lors des célébrations locales comme la fête de San Saturnino, le 29 novembre, ou celle de la Virgen de Jerusalén, le 8 septembre.
Des dolmens millénaires aux fêtes médiévales
Les amateurs d’archéologie seront comblés par les dolmens remarquables situés aux alentours d’Artajona – Portillo de Enériz et Mina de Farangortea – témoins d’une occupation humaine bien antérieure à la période médiévale. Ces monuments mégalithiques font d’Artajona un lieu de visite privilégié pour les passionnés d’histoire.
Chaque année en août, le village retrouve son ambiance médiévale lors des « Rencontres avec l’Histoire ». Les rues pavées s’animent alors de troubadours, d’artisans en costume d’époque et de marchés traditionnels. Ne manquez pas la fameuse course de Layas, où les participants grimpent les pentes pavées munis d’outils agricoles anciens, perpétuant une tradition locale unique.
Comment profiter au mieux de votre visite
Visiter Artajona, c’est avant tout prendre le temps de flâner dans ses ruelles étroites, d’observer la vie quotidienne de ses habitants et de s’imprégner de l’atmosphère médiévale préservée. Le Mirador del Paseo offre une vue panoramique exceptionnelle sur la vallée environnante, particulièrement au coucher du soleil lorsque la pierre blonde des remparts s’embrase sous les derniers rayons.
L’Ermita de San Bartolomé et le Museo Etnográfico, moins fréquentés que le Cerco, méritent également votre attention pour comprendre l’âme profonde de ce village. Un arrêt dans l’un des cafés de la place principale vous permettra de goûter aux vins locaux de Navarre et aux spécialités régionales comme la menestra, délicieux hachis de légumes.
FAQ : Tout savoir sur Artajona
Quelle est la meilleure période pour visiter Artajona ?
Le printemps (avril-juin) et l’automne (septembre-octobre) offrent des températures idéales pour explorer les remparts. Si vous souhaitez vivre l’ambiance médiévale, privilégiez fin août pour les « Rencontres avec l’Histoire ».
Comment accéder à Artajona depuis la France ?
L’aéroport le plus proche est celui de Pampelune. De là, comptez 40 minutes en voiture. Depuis la France, vous pouvez également passer par Saint-Jean-Pied-de-Port puis traverser les Pyrénées vers la Navarre.
Artajona est-elle accessible en transports en commun ?
Des bus régionaux relient Pampelune à Artajona, mais ils sont peu fréquents. La voiture reste le moyen le plus pratique pour visiter ce village et explorer d’autres joyaux médiévaux de la région.
Peut-on monter sur les remparts d’Artajona ?
Oui, une partie des remparts est accessible aux visiteurs, offrant une vue imprenable sur le paysage environnant. Le toit de l’église San Saturnino peut également être visité, mais uniquement avec un guide.