La Tour Eiffel devrait avoir disparu du paysage parisien depuis plus d’un siècle. Imaginée comme une structure éphémère pour l’Exposition universelle de 1889, sa démolition était programmée vingt ans après sa construction. Pourtant, elle domine toujours fièrement la capitale française, devenue l’emblème incontesté de Paris. Entre anecdotes insolites et secrets bien gardés, la Dame de Fer recèle des particularités qui fascinent bien au-delà de sa silhouette mondialement reconnue.
Le monument qui ne devait pas survivre au XXe siècle
Construite en un temps record de 2 ans, 2 mois et 5 jours, avec ses 18 038 pièces de fer puddlé, la Tour Eiffel était vouée à disparaître dès 1909. C’est son utilité pour les communications radio qui l’a sauvée in extremis. Pendant la Première Guerre mondiale, ses antennes ont joué un rôle stratégique décisif en interceptant un message crucial qui a mené à l’arrestation de la célèbre espionne Mata Hari.
Plus surprenant encore, ces mêmes installations ont permis aux Français de contrer l’offensive allemande sur la Marne, changeant potentiellement le cours du conflit. De structure temporaire à sentinelle militaire, la Dame de Fer s’est révélée indispensable bien au-delà des prévisions de ses créateurs.
Paradoxalement, ce monument aux proportions impressionnantes est aussi un organisme vivant à sa façon : elle rétrécit de 15 centimètres en hiver sous l’effet de la contraction thermique et peut osciller jusqu’à 18 centimètres par grand vent.
Un écrin secret au cœur du géant de métal
L’appartement méconnu de Gustave Eiffel
Peu de visiteurs le savent, mais au troisième étage de la tour se cache un appartement privé que Gustave Eiffel s’était aménagé. Ce cocon de 100 m² lui permettait de recevoir des invités prestigieux comme Thomas Edison. Aujourd’hui reconstitué avec des figures de cire, ce lieu intime offre une plongée dans l’intimité du créateur et peut être visité par les touristes curieux.
Cette retraite n’était pas qu’un lieu de repos puisque Gustave Eiffel, après avoir cédé l’exploitation de sa tour, y a mené d’importantes expériences scientifiques. Ses travaux d’aérodynamique, souvent méconnus, ont jeté les bases de la météorologie moderne – seconde vie insoupçonnée d’un ingénieur qui ne se contentait pas de construire.
La tour des arnaqueurs et des amoureux transis
En 1925, un escroc nommé Victor Lustig a réussi l’impensable : vendre la Tour Eiffel en pièces détachées à des ferrailleurs crédules. Plus audacieux encore, il a tenté de renouveler l’opération quelques semaines plus tard, sans succès cette fois. Cette escroquerie légendaire témoigne de la valeur symbolique acquise par le monument en à peine quelques décennies.
Plus récemment, en 2007, la Dame de Fer s’est retrouvée « mariée » à une Américaine du nom d’Erika Aya, atteinte d’objectophilie, une paraphilie documentée qui pousse certaines personnes à développer des sentiments amoureux pour des objets. Un lien physique et émotionnel qui illustre l’attachement irrationnel que peut susciter cette structure métallique.
Gigantisme et records : une statue hors normes
Si l’on posait la Statue de la Liberté (93 mètres) à plat, la Tour Eiffel (324 mètres) la dépasserait encore largement. À sa construction, elle était le bâtiment le plus haut du monde, record qu’elle a conservé pendant 41 ans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais elle reste le site payant le plus visité de France avec 7 millions de visiteurs annuels.
Autre curiosité visuelle : pendant près d’une décennie (1925-1934), les quatre faces de sa base ont servi de panneaux publicitaires géants pour Citroën, avec des lettres illuminées de 30 mètres de haut. Aujourd’hui, c’est un spectacle plus poétique qui s’offre aux visiteurs nocturnes avec 20 000 ampoules LED qui scintillent chaque heure, nécessitant 336 projecteurs dorés.
Parmi ses premiers admirateurs VIP figurait l’Américain Buffalo Bill, qui s’y rendit avec la famille royale britannique lors de l’inauguration en 1889. À l’inverse, l’écrivain Guy de Maupassant, farouche opposant à cette « cheminée d’usine », avait pour habitude de déjeuner au restaurant de la tour – ironie qu’il justifiait en expliquant que c’était le seul endroit de Paris d’où il ne pouvait pas la voir.
FAQ : Les mystères de la Dame de Fer
Pourquoi la Tour Eiffel change-t-elle de taille selon les saisons ?
Le fer se contracte avec le froid et se dilate avec la chaleur. Cette propriété physique fait que la tour peut perdre jusqu’à 15 cm en hiver par rapport à sa hauteur estivale. Un phénomène naturel prévu par les ingénieurs dès sa conception.
Est-il vrai que la Tour Eiffel a été vendue plusieurs fois ?
Non, mais elle a été l’objet d’une célèbre escroquerie. En 1925, Victor Lustig, escroc de génie, a réussi à « vendre » la tour à un ferrailleur en se faisant passer pour un fonctionnaire du gouvernement. Il a même tenté de renouveler l’arnaque quelques semaines plus tard.
Peut-on visiter l’appartement privé de Gustave Eiffel ?
Oui, l’appartement que Gustave Eiffel s’était aménagé au troisième étage est aujourd’hui ouvert au public. Il a été reconstitué avec des figures de cire, dont celle d’Eiffel lui-même recevant Thomas Edison, pour donner aux visiteurs un aperçu de son ambiance d’origine.