Visa pour l’image, le festival international de photo-journalisme de Perpignan, ça représente une bonne vingtaine d’expositions réparties dans toute la ville, visibles tous les jours jusqu’au 13 septembre 2015, de 10h à 20h. C’est aussi de nombreuses rencontres et conférences, des dédicaces, au Palais des Congrès, au Couvent des Minimes, à l’Institut Jean Vigo ainsi que dans plusieurs autres lieux. Visa pour l’image c’est également, pendant la première semaine, des soirées, au Campo Santo, où sont évoqués les événements marquants survenus du mois de septembre 2014 au mois d’août 2015. Au Couvent des Minimes se tient, pour cette 27ème édition du festival, une rétrospective mettant en lumière le travail de cinquante années réalisé par le photo-journaliste américain Eli Reed.
« Je commence enfin à comprendre certaines choses. J’ai survécu aux soubresauts de ma jeunesse, navigué sans trop de heurts durant la trentaine, et maintenant je dois affronter la complexité de l’âge mur. J’ai pris des photos pour garder une trace de toutes ces années », écrit Eli Reed en guise de présentation sur le panneau à l’entrée de l’exposition dans l’Espace Pierre & Alexandra Boulat du Couvent des Minimes. « A 67 ans, je me rapproche de l’instant où j’entendrai retentir l’appel ultime de l’archange Gabriel. Ma carrière de photographe m’a permis d’éclairer certaines zones d’ombre. J’avais entrepris des études sérieuses de peinture avant que la photographie ne vienne à moi. Un art qui exige un tout autre coup de pinceau. »
Eli Reed est né en 1946 à Perth Amboy près de New York. Il se rappelle avoir pris sa toute première photographie à l’âge de 10 ans, photographie qu’il a perdue depuis. Il s’agissait d’un cliché de sa mère devant un arbre de Noël. Il ne reste à Reed que le souvenir du sourire maternel. « Ça a été une bonne chose car je me suis mis à rechercher la beauté à travers le prisme de la vie. » Il se considère comme autodidacte et ne se reconnaît qu’un seul mentor en la personne du photographe Donald Greenhaus (célèbre, dans les années 60, pour ses clichés de Lou Reed période Velvet Underground). Eli Reed, un fois diplômé, en 1969, de la Newark School of Fine and Industrial Arts, devient immédiatement photographe indépendant.
Après avoir couvert les guerres du Liban, les opérations en Amérique Centrale, au Panama, le coup d’état à Haïti, il est le premier photographe noir à être intégré, en tant que membre permanent, à l’agence Magnum. Il est également photographe pour le cinéma, il s’intéresse aussi bien au Zaïre qu’à la vie des noirs américains aux USA. Il collabore avec des titres prestigieux tels que le Washington Post, Newsweek, Life, le National Geographic, Time, Vogue, le Harpers Bazaar et le New York Times. Il publie des ouvrages regroupant ses travaux, dont le fameux « Black In America » en 1997. Il enseigne la photographie dans bon nombre d’universités américaines, la dernière en date étant la Texas University d’Austin. Il remporte des prix, participe à quantité d’expositions et celle-ci, intitulée « A Long Walk Home », qui récapitule son travail effectué sur plus de 50 années, est la première rétrospective à lui être consacrée.
Les photographies de Eli Reed sont magnifiques et justifient à elles seules le déplacement au Couvent des Minimes. Elles sont de toute beauté et certaines recèlent une tension incroyable, comme si l’émotion brute ne demandait qu’à jaillir du cadre trop étroit de ses œuvres. Une des plus impressionnantes s’intitule « Mémorial Martin Luther King, Alabama, 1995 », nous avons choisi de ne pas vous la dévoiler, préférant vous laisser le plaisir de la découverte. « J’ai essayé de capter la beauté complexe et la réalité de la vie par la photo. J’ai commencé la photographie très tôt et mon objectif final, cher à mon cœur, évolue sans cesse, échappant à mon contrôle » écrit Eli Reed en guise de conclusion, travaillant encore aujourd’hui sur différents projets.
Rétrospective Eli Reed / Magnum Photos – “A Long Walk Home” – Couvent des Minimes, 24 rue François Rabelais à Perpignan – du 29 août au 13 septembre 2015, de 10h00 à 20h00 – 27ème Festival International de Photo-journalisme.
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