Vacances : Argelès-sur-Mer, une ville anti-jeunes ?

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Clément CARRERE, Rayan FREZOULS et Wali PETRUS (de gauche à droite)

Après avoir interdit la chicha sur ses plages, rejeté un festival de musique électronique… la célèbre station balnéaire fait la chasse aux break danseurs !

Ils se prénomment Clément, Rayan et Wali. Ils ont une vingtaine d’années. A eux trois, ils forment le groupe de breakdance « Surprise Effect ». Danseurs professionnels, aux acrobaties pour le moins renversantes car tellement spectaculaires, deux d’entre eux ont même créé une école de hip-hop où ils enseignent leur art. Passionnément. L’hiver le trio est basé à l’autre bout de la planète, plus précisément en Australie, très exactement à Sydney. L’été, ils sont Toulousains et, à partir de cette base, ils écument la plupart des stations balnéaires, entre Rosas, en Espagne, et Marseille, en Provence, avec une préférence pour le littoral roussillonnais parce que l’un d’entre eux à des attaches familiales du côté de Sorède.
Leur « carnet de bal » est impressionnant, le monde des battles (compétitions de breakdance) n’a plus aucun secret pour eux. Leur « street show » se déroule comme un film sur un scénario des plus haletants, tellement il y a dans leur création de la spontanéité et des accents qui relèvent à la fois de la comédie, du théâtre, du cirque et, au final, toujours, du « comic-hall » dont ils maîtrisent tous les directs et toutes les envolées, grâce à des séquences interactives avec le public.
Pendant deux mois, juillet et août, ils se produisent au Grau-du-Roi (département du Gard), à Port-Leucate (Aude), ou dans les Pyrénées-Orientales à Canet-plage, Collioure, Saint-Cyprien… On leur prête un appartement à Argelès-village, à deux pas de la mairie, et de là ils rayonnent sur la Côte : « et très étonnamment, c’est à Argelès-sur-Mer que nous avons le plus de mal à nous exprimer », tempête aujourd’hui le trio sur le ton de « trop-c’est-trop ! ».

Les jeunes hollandais ont déserté la station après la fermeture de 15 bars musicaux en dix ans

Les breakdanceurs de « Surprise Effect » ne décolèrent pas contre la municipalité d’Argelès-sur-Mer : « comme partout où nous faisons le show, chaque année en début de saison nous adressons un courriel aux mairies, ou à leur service Animation, on envoie des mails pour connaître leur programmation estivale afin de ne pas nous produire le soir où ils ont un spectacle. Nous faisons tout pour nous adapter, pour ne surtout pas déranger. Argelès ne nous répond jamais. On ne comprend pas. Alors que nous travaillons bien avec les mairies de Collioure et de Canet, par exemple, où nous avons d’excellents retours et de précieux interlocuteurs, à Argelès c’est le néant. Pire, depuis le 20 juillet, aux lendemains des dramatiques événements de Nice, la PM (Police Municipale, NDLR) nous chasse comme des pestiférés. Il y a même un élu qui nous a menacé ainsi « Je ferai tout pour que vous soyez davantage verbalisés » ! Vous imaginez, une mairie de gauche qui tient de tels propos. Alors que nous sommes en règle, administrativement parlant, que nous sommes intermittents du spectacle… Que même les Jeudis de Perpignan nous accueillent à bras ouverts… On n’est pas des dealers ! Faut voir comment, surtout à Argelès, la population nous soutient. Elle hue les flics dès qu’ils s’approchent pour nous faire déguerpir… Nous travaillons avec l’accord de commerçants, de restaurateurs qui acceptent que nous nous installions devant leurs terrasses… Et pourtant, selon la mairie, il paraît que notre spectacle chorégraphique empêcherait les gens de manger ! C’est ridicule. Et on ne vous dit pas tout ! ».
Une quinzaine de bars musicaux qui ont mis la clé sur la porte depuis le début des années 2000 , la jeunesse néerlandaise qui a fui (il y a une poignée d’années encore ils étaient des milliers âgés de 16 à 25 ans à débarquer chaque semaine dans la station)… la non-reconduction cette année du Platja Electronic Festival dont la 1ère édition l’an passé avait pourtant attiré 14 000 jeunes, l’interdiction (par arrêté municipal s’il vous plaît) de fumer la chicha sur la plage… Avouons qu’il y a vraiment là de quoi se poser la question : « Argelès-sur-Mer est-elle devenue une station balnéaire anti-jeunes ? ».

Vacances : Argelès-sur-Mer : une ville anti-jeunes ? Après avoir interdit la chicha sur ses plages, rejeté un festival de  musique électronique... la célèbre station balnéaire fait la chasse aux break danseurs !
Lors de leur dernier show sur l’espace Charles-Trenet, à Argelès-plage, juste avant d’en être délogés par la maréchaussée…