Tourisme : rien ne va plus sous le soleil du Roussillon !

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La tradition, l'un des atouts du Pays Catalan, malheureusement plus mis en valeur depuis quelques années...

Programmations estivales ringardes, personnel saisonnier incompétent, cartes des restaurants incompréhensibles pour la clientèle étrangère… Tout semble fait pour ni attirer ni retenir les vacanciers.

A Argelès-sur-Mer, le poids-lourd de l’industrie touristique départementale l’été venu, dans la plupart des établissements saisonniers, la langue de Shakespeare est bannie. Impossible de se faire comprendre et entendre en anglais, en haute saison estivale, dans plus de la moitié des bars et restaurants de la célèbre station balnéaire de la Cote Catalane. Rares, pour ne pas écrire « exceptionnels », sont à Argelès-plage les établissements qui affichent leur carte en deux langues, alors qu’au Sud, de l’autre côté des Pyrénées, à une cinquantaine de kilomètres à vol d’oiseau, sur la Costa Brava ainsi que dans l’arrière-pays, la presque totalité des restaurants accueillent les touristes en quatre ou cinq langues minimum : castillan, catalan, français, anglais et allemand.

Le personnel saisonnier, souvent payé au lance-pierre et toujours en partie « au black » – décidément les habitudes ont la dent dure sur le littoral roussillonnais – , est d’une incompétence hallucinante : méconnaissance totale de nos terroirs (vous imaginez les dégâts que cela peut causer dans la promotion de nos vins, entr’autres), aucun sens de l’accueil (depuis un simple bonjour jusqu’au banal au revoir) et des formules de politesse, le regard explosé par une nuit passée sur la plage coco… Ce même personnel, au grand dam de leurs employeurs (mais après tout on récolte ce qu’on a semé, c’est bien connu), qui n’hésite pas à oublier de venir bosser et à rendre son tablier sur un coup de tête au mépris total des contrats sociaux et conventions signés, obligeant le patron à passer en cuisine ou en salle un 14-Juillet ou un 15-Août !

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Des poubelles qui débordent, à la mi-journée, à deux pas des restaurants comptant parmi les plus fréquentés de la ville de Perpignan à l’heure du déjeuner.

Ajoutez à cela des marchés en plein air qui proposent des rossignols, des objets et vêtements obsolètes, démodés, contrefaçonnés, une programmation municipale estivale des plus ringardes, même pas « kitschissime », mais gratuite c’est vrai (ceci expliquant certainement cela mais nos « chers » maires savent se rattraper avec les parkings payants), des boutiques qui baissent le rideau l’après-midi ou le matin, en haute saison estivale, qui clôturent une saison le 31 août, ou le week-end d’avant si le 31 tombe en milieu de semaine, etc.-etc.

Entendu dans un commerce argelésien l’été dernier : « On adore venir ici, car quand on repart pour rentrer chez nous, on n’a rien dépensé, on a l’impression de revenir riche ! ». Ou pauvre…

Vraiment, tout cela n’est pas sérieux.

Nous avons les moyens… mais en avons-nous la volonté ?
Et encore, toujours au cœur de la saison estivale : l’Internet qui mouline, le wifi inaccessible, des taxis introuvables à certaines heures de la nuit (et de la journée), des transports collectifs inadaptés, une signalisation routière et commerciale inappropriée, quand elle n’est pas carrément inexistante le plus souvent d’ailleurs, un environnement saccagé (il suffit de grimper dans le TER entre Perpignan et Collioure pour constater l’impact défigurant sur nos paysages de la cabanisation et des véhicules abandonnés dans des casse-autos improvisées dans des champs, au milieu des vergers)…

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La gare de Perpignan, le parfait exemple pour faire fuir le touriste : échauffourées quotidiennes, clodos beurrés du matin au soir, trafiquants de drogue en tous genres, incivilités permanentes… et absence de signalisation pour indiquer aux voyageurs qui descendent des trains où se trouve le centre-ville.

A quand une vision claire pour améliorer l’offre touristique en Pays Catalan ? Celles et ceux qui ont en charge ce secteur d’activité essentiel dans les P-O, à la Région et au Département principalement, devraient enfin se pencher sur la question, plutôt que de courir et butiner de vernissages en petits-fours. Ils en ont les moyens, mais en ont-ils la volonté ? Et passent-ils vraiment leurs (grandes) vacances chez eux, chez nous ? Quand on sait que certains élus dans des communes littorales partent en juillet et août, le contribuable roussillonnais peut légitimement s’interroger et interpeller l’opinion.

Mais peu importe les boucs-émissaires, ce sont surtout les erreurs, l’absence de stratégie et d’infrastructures, qui sont ici criantes : routes défoncées, conteneurs pour déchets ménagés aménagés sur le sable ou sur des aires de stationnement très fréquentées par les touristes. La totale, quoi !

Avoir des hébergements variés et de qualité !
Bref, nous avons de bonnes raisons de tirer la sonnette d’alarme avant que, comme dans les années 60, plus précisément avant le « plan ORSEC » (la fameuse Mission Racine) déclenché par le Grand Charles, le Languedoc-Roussillon ne devienne qu’un simple lieu de passage, de transit, pour tous les Européens du Nord se rendant dans la Péninsule Ibérique ou au Maroc. D’autant plus que désormais le consommateur, devenu un « consom’acteur », a le choix et les facilités qui vont avec, que ce soit dans le domaine de l’hébergement, en appartement ou en hôtellerie de plein air, ou du transport. Il n’y a qu’à voir le succès des « bus Macron » qui relient Marseille à Casablanca, Montpellier à Nice, Perpignan à Barcelone, Bordeaux à Béziers.

Et pendant ce temps : des professionnels de la profession (syndicalistes) qui continuent de parler « tourisme » comme dans les années 70-80, à coups de réunionnites remplies d’autosatisfaction… Des professionnels et des élus qui investissent massivement dans leur autopromotion, négligeant dangereusement (pour l’économie locale) et scandaleusement de mettre en place une politique touristique ambitieuse, digne de ce nom en tout cas. Rien (ou presque) n’est fait actuellement pour soutenir une meilleure promotion de la destination Roussillon et/ ou Pays Catalan. Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. La première condition pour bien accueillir les touristes, après les avoir séduits par une démarche attractive, c’est bien de disposer d’un parc d’hébergements et de distractions estivales variés et de qualité !

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Pourtant, c’est si beau les P-O !