Thuir : Du Vietnam à Science Po ou le destin fabuleux de la jeune Cao Vy

Cao Vy
Cao Vy

Dans une société française en recherche de perspectives, d’utopies. L’accès au marché du travail des jeunes est l’un des plus grands défis d’aujourd’hui. Rencontre d’une jeune thuirinoise d’adoption, un exemple de volonté au parcours singulier et aux analyses pertinentes.

Derrière le visage éclairé d’un sourire optimiste, qui devinerait, le parcours atypique de la jeune Cao Vy, son inflexible force de caractère ? En 2004, elle quitte avec sa maman, son miséreux Vietnam natal pour gagner la France aux perspectives d’avenir plus favorables. «Ma mère s’est remariée à François, un thuirinois.» A 11 ans, la jeune fille ne parle pas un mot de français. «Je l’ai appris en accéléré. Ma non maitrise de la langue engendra la discrimination, ma mise à l’écart. Une culture inconnue, le temps de m’adapter, de me constituer un cercle relationnel, cela m’a pris 5 ans.» Cao Vy ai mené sa scolarité à Thuir jusqu’en 5ème poursuivie à l’école Jeanne D’arc de Perpignan. Par la suite elle choisit le Lycée Arago et décroche un bac ES en 2012. «Après le BAC, je désirai entrer en classe préparatoire littéraire. Comme mes parents ont des revenus modestes, je n’ai pu déterminer mon choix à temps. Au cours de l’année de droit, j’ai passé et obtenu le concours d’entrée à science Po à Rennes, c’est ce qui me préparait à de plus larges perspectives

Une étonnante maturité 

Quel parcours ! Quel que soit les difficultés, chacun possède en lui les ressources pour se transcender : «J’ai été poussé par l’envie de me prouver à moi-même et aux autres que j’étais capable d’atteindre les objectifs que je m’étais fixés.» Confie Cao Vy. Inconsciemment, la jeune fille est en recherche de racines. Rien d’étonnant qu’elle s’intéresse : »A l’Homme, à l’anthropologie, au mystique, aux civilisations.» Souvent réduits à des rôles de consommateurs, de petits boulots ou personnes assistées les jeunes sont capables de réflexions, d’émancipation, de propositions sur le monde qu’il les entoure. Cao Vy analyse avec pertinence : «J’entrevois mon avenir avec beaucoup d’espoir. Malgré ce que je peux entendre autour de moi ou lire dans les médias, je garde l’espoir en ce monde bien qu’un quart des jeunes soit au chômage en France.» Et de s’épancher  lucide: «Les diplômes ça aide dans la vie. C’est comme ça que l’on conçoit la réussite. Il faut s’adapter mais l’esprit ne doit pas s’arrêter au cadre imposé par notre société. »

Appel aux jeunes 

Cao Vy s’inquiète d’un phénomène exponentiel : »Celui du départ de jeunes talents d’ici pour d’autres régions qui hypothèque l’avenir du Département ; celui de l’exode de jeunes diplômés non reconnus vers d’autres pays.  Nous les jeunes nous nous ne reconnaissons pas dans cette société qui ne nous offre pas ou peu d’opportunités pour nous réaliser. La France a abandonné sa jeunesse !» S’insurge Cao Vy et de conclure en guise de message à ses semblables : «On ne s’attaque pas aux vrais problèmes. Je ne sais pas comment les dirigeants considèrent l’être humain. Il ne faut pas que nous les jeunes nous nous laissions endormir. Il nous faut savoir créer ou trouver notre place dans cette société.» Enfin, Viviane Forrester écrivait dans l’horreur économique en 1996 : »L’imposture générale continue d’imposer les systèmes d’une société périmée afin que passe inaperçue une nouvelle forme de civilisation qui déjà pointe.»

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