Temps fort de l’été 2017 : ouverture du nouveau musée d’art Hyacinthe Rigaud à Perpignan

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Autoportrait au ruban

En juin 2017, la ville de Perpignan, surnommée « la Catalane », offre à ses habitants et à ses visiteurs un musée nouvelle génération en plein cœur de son centre historique et dans un site patrimonial remarquable entièrement reconfiguré. Le nouveau musée d’art Hyacinthe Rigaud, ainsi baptisé en mémoire du célèbre peintre perpignanais de la fin du XVIIe siècle, fera rayonner le pouvoir d’attractivité et d’effervescence artistique d’un territoire qui a accueilli Matisse, Dufy, Maillol, Miro, Picasso, Dali,… ouverture prévue le 24 juin.

Et pour donner le « la » d’une programmation exigeante et alléchante, le musée rouvrira ses portes après 3 ans de fermeture, non seulement avec un parcours permanent allant du XIIIe au XXe siècle, mais aussi avec une importante exposition « Picasso à Perpignan », révélant l’influence des séjours perpignanais sur l’œuvre de l’artiste espagnol. Un projet légitime et ambitieux qui inaugure un cycle d’expositions consacrées à des grands maîtres du siècle dernier. L’art contemporain sera également de la partie, avec la réunion définitive du bâtiment avec l’actuel Centre d’art contemporain Walter Benjamin. Sous l’impulsion de son maire, Jean-Marc Pujol, et la direction de l’Atelier d’architecture Barbotin-Larrieu, le vaste projet de rénovation du musée d’art Hyacinthe Rigaud fusionnera harmonieusement les hôtels de Mailly et de Lazerme, datant du XVIIe et XVIIIe siècles. Pour la première fois depuis plus de deux siècles, le public pourra ainsi découvrir dans un même mouvement ces deux bâtiments remarquables du centre historique de Perpignan, rejoignant la légende d’un passage secret qui aurait, à la fin du XVIIIe siècle, favorisé les amours mythiques du maréchal de Mailly et de la marquise de Lazerme.

Dans un parcours totalement repensé par la directrice du musée, Claire Muchir, le public pourra redécouvrir les riches collections du musée, allant du XIIIe au XXe siècle, dans des conditions optimisées. Une démonstration de l’histoire de l’art ancrée sur le territoire perpignanais qui a su, au fil des siècles, générer et attirer de nombreux artistes majeurs.

Le parcours permanent
L’exposition permanente sera organisée autour de trois grands axes à l’intérieur desquels, le découpage se fera par sous-ensembles thématiques. Il s’agira de présenter le récit de l’histoire artistique et culturelle, telle qu’elle s’est déroulée à Perpignan. La première section consacrée à la période gothique mettra en lumière le Premier âge d’or d’un art spécifiquement perpignanais qui s’étend, en Catalogne, entre les débuts du XIIIe siècle et les premières années du XVIe siècle.

Le chapitre dédié à l’époque baroque fera rayonner le goût français de la fin du XVIIe au début du XVIIIe siècle, inspiré du style de la cour de Versailles, qui est à l’art du portrait, sans oublier les sujets religieux classiques ou populaires. Ce sont les figures de Guerra, et surtout d’Hyacinthe Rigaud, qui s’imposent alors. Le troisième axe fera place à la période moderne quand, au tournant du XXe siècle, l’essor de Perpignan et sa région était lié à la seconde révolution industrielle et à sa diffusion dans les provinces françaises. Pendant ce Second âge d’or, le milieu artistique local était fortement attiré par le tropisme parisien : les grandes familles commandaient des œuvres mondaines et classiques, architecture et arts décoratifs bénéficiaient alors de l’influence des expositions universelles de Paris. Au début du siècle, les artistes roussillonnais se consacraient surtout aux paysages de la région, dont la lumière attirait aussi des artistes comme Manolo Hugué, Raoul Dufy, ou encore Matisse à Collioure.

Le mouvement se poursuivit dans l’entre-deux-guerres avec les séjours de Picasso, Miro, Maillol. La collection du musée réunit des œuvres de Dufy, Maillol, Picasso, Monfreid, Daura, Lurçat, Manolo, Terrus. Ultérieurement, le visiteur pourra étendre son parcours jusqu’à la période la plus contemporaine, avec une annexion au musée de l’actuel Centre d’art contemporain Walter Benjamin et son fonds municipal composé notamment d’œuvres de Debré, Grau Garriga, Aleschinsky, Calder, Capdeville…

« Picasso à Perpignan », l’exposition d’ouverture
Pour célébrer la réouverture du musée et jusqu’au 22 octobre 2017, c’est une exposition dédiée à Picasso qui occupera les espaces dédiés aux expositions temporaires, pour retracer les séjours perpignanais de l’artiste entre 1953 et 1955. Placée sous le commissariat d’Eduard Vallès, historien de l’art barcelonais et spécialiste de l’oeuvre de Picasso, elle démontrera comment les séjours perpignanais du maître catalan correspondent à une rupture à la fois personnelle (c’est le même hôtel de Lazerme où séjournait Picasso qui fut le théâtre du basculement amoureux avec Françoise Gilot et de l’entrée dans sa vie de Jacqueline Roque), esthétique et identitaire. Entre France et Catalogne, Perpignan a indéniablement joué, dans l’œuvre et la vie du maître, ce rôle de passage d’un état à un autre. Cette première exposition événement du nouveau musée d’art Hyacinthe Rigaud s’inscrit fortement dans la nouvelle identité du lieu qui travaille à faire de Perpignan un pont entre le Nord et le Sud et illustre pleinement l’objectif du musée d’initier des partenariats avec des institutions et des chercheurs catalans et français afin que Perpignan devienne un lieu où regards et identités convergent pour présenter une histoire de l’art plurielle. Elle est un temps fort du projet « Picasso Méditerranée » qui fédère de nombreuses initiatives sur l’ensemble du pourtour méditerranéen.

Hyacinthe Rigaud est un peintre français spécialisé dans le portrait, né en 1659 à Perpignan, et mort en 1743 à Paris. Hyacinthe Rigaud est admis comme académicien par l’Académie royale de peintures et de sculptures, dès 1700, jusqu’à sa démission en 1735. Peintre du grand siècle de Louis XIV, ayant rendu au portrait ses lettres de noblesse, et fidèle à la dynastie des Bourbons dont il peint les effigies sur quatre générations, il sera considéré comme l’un des portraitistes les plus célèbres sous l’Ancien Régime. Et ainsi recrutant l’essentiel de sa clientèle parmi les élites, son oeuvre livrera une impressionnante galerie de portraits de la famille royale, dont plusieurs portraits du futur Louis XV.