Professionnels et amateurs de sports d’eau : attention à la leptospirose

Professionnels et amateurs de sports d’eau : Attention à la leptospirose

La leptospirose, maladie actuellement en forte recrudescence dans le monde entier, a une saisonnalité très marquée liée à la chaleur et aux précipitations.  Maladie souvent bénigne elle connaît cependant des formes graves pouvant aller jusqu’au décès. Les moyens de prévention et de traitement existent et présentent toute efficacité.

Essentiellement professionnelle et classée « maladie rare », la leptospirose  est silencieusement en recrudescence, avec un doublement des cas depuis 2 ans, portant à 1 000 000 le nombre de cas sévères chaque année dans le monde. L’OMS qui a créé un groupe spécialisé sur le sujet signale 5 à 20% de mortalité parmi ces cas sévères, faisant de la leptospirose une des premières zoonoses mondiales, et indique le réchauffement climatique, et notamment les inondations qui y sont liées, comme principaux éléments en cause (source : OMS*) …d’où l’attente de la ré-émergence d’un certain nombre de maladies (source : AFSSA**). En France métropolitaine, elle touchait environ 300 personnes par an et plus de 600 annuellement depuis 2014 (source : Institut Pasteur***). Ce sont principalement les professionnels en contact avec les milieux souillés, les usagers et pratiquants des sports en eau douce. La bactérie en cause est Leptospira interrogans, excrétée dans l’urine des animaux contaminés, particulièrement les rongeurs.

Comment l’homme s’infecte et quels sont les symptômes ?

La contamination se fait par contact avec les eaux souillées (étangs, rivières, égouts…) : la leptospire pénètre dans l’organisme à travers les muqueuses ou la peau via une simple coupure, une petite plaie (voire une peau saine macérée). Les signes cliniques, au départ proches de ceux de la grippe, apparaissent dans les 2 à 20 jours suivant la contamination : forte fièvre avec frissons, douleurs musculaires et articulaires, troubles digestifs …et peuvent s’étendre au système nerveux, au foie et aux yeux en l’absence de traitement. Or la principale difficulté est celle du diagnostic face à des symptômes non spécifiques.

Quelques chiffres

  • 1 389 cas de contamination à la leptospirose déclarés* en 2014,
  • 628 cas en France métropolitaine en 2014 (dont 1/3 pour le sérogroupe ictéro-hémorragique),
  • 67% des cas graves hospitalisés dus au sérogroupe ictéro-hémorragique en France
  • 13,6% : taux de mortalité pour la leptospirose ictéro-hémorragique dans le monde
  • 39% des travailleurs exposés ne respectent pas les règles d’hygiène recommandées par le Ministère
  • 1,3% d’incapacité de travail de durée indéterminée et 27% de séquelles à long terme observés parmi les cas sévères

* OMS *http://www.who.int/water_sanitation_health/diseases/leptospirosis/fr/

** AFSSA https://www.anses.fr/fr/system/files/Plaquette_maladies_emergentes.pdf

*** Centre National de Référence des Leptospirosehttp://www.pasteur.fr/fr/sante/centres-nationaux-reference/les-cnr/leptospirose

 

Qui est à risque …et qui est responsable ?

Il s’agit principalement des professionnels en contact avec les eaux douces potentiellement contaminées : égoutiers, tunneliers, miniers, mariniers, dératiseurs, agriculteurs, pisciculteurs, ouvriers d’entretien des voies d’eau …mais aussi secouristes intervenant en zone d’inondation ou de tremblement de terre et professionnels dans le domaine des sports et loisirs aquatiques.

Selon le code du travail (Art L.4121-1) et la Jurisprudence (Cour d’appel de Rennes – 14/10/11 – N° 11/01292), l’employeur est tenu à une obligation de résultat et doit assurer la sécurité et la santé physique et mentale de ses travailleurs en prenant les mesures de prévention collective et de protection individuelle nécessaires. L’information des autres groupes à risque – travailleurs indépendants, pratiquants d’activités sportives (canoë-kayak et plongée en eau douce, canyoning, spéléologie…) ou ludiques (Mud day, combats dans la boue…) est importante pour permettre la conduite d’une démarche de prévention et de consultation médicale rapide en cas de contamination.

Comment se protéger ?

Outre les mesures de prévention collectives (dératisation, gestion des déchets, limitation des accès au personnel autorisé), les recommandations officielles du Ministère du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville intègrent des mesures de protection individuelles :

– Le port d’équipements de protection individuelle
– Le nettoyage et la désinfection des plaies ainsi que la protection par des pansements imperméables
– La sensibilisation du personnel à risque afin d’informer le médecin traitant en cas de signes évocateurs
– La vaccination des sujets fréquemment exposés, sur avis du médecin.

En savoir + sur les précautions et recommandations officielles

http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Zoonoses/Leptospirose/Contextes-epidemiologiques

http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Depliant_leptospirose_2012.pdf

http://www.inma.fr/files/file/zoonoses/leptospiroses_fichezoo.pdf

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/054000259.pdf