Perpignan : Louis Aliot sort du bois !

Louis Aliot

Le député européen FN passe à l’attaque. Il a décidé de marquer sa différence avec le maire sortant, Jean-Marc Pujol (LR), question de vie ou de mort politique…

Distribution massive de tracts dans les boîtes-aux-lettres, pétitions en ligne, diffusion d’un journal trimestriel, présence visible lors des séances publiques des conseils municipaux de la Ville de Perpignan, ou dans l’hémicycle de l’Hôtel de l’Agglo Perpignan Méditerranée métropole, où il est élu, courriers recommandés, plaintes au tribunal administratif : Louis Aliot (FN/ RBM), député européen, conseiller municipal et communautaire de Perpignan, semble bien décidé, et motivé, pour occuper le terrain perpignan avec, dans sa ligne de mire, les élections municipales de 2020.

Car depuis quelques mois, la rumeur devenait de plus en plus insistante pour affirmer que le chef-lieu du Roussillon ne l’intéressait plus. Ses absences lors des conseils municipaux, lors de cérémonies officielles, ses prises de position de plus en plus rares, etc.-etc., tout cela concourrait à alimenter la rumeur comme quoi Louis Aliot aurait lâché Perpignan, n’y trouvant plus aucun intérêt pour « booster » sa carrière politique.

Pire : les coups de gueule répétés sur la scène publique locale des adversaires du maire de Perpignan, Jean-Marc Pujol (LR/ Les Républicains), par ailleurs président de la Communauté Urbaine Perpignan Méditerranée Métropole, affirmant à longueur d’éditos, de communiqués de presse et sur les réseaux sociaux « Qu’un deal existe entre Louis Aliot et Jean-Marc Pujol »… Clotilde Ripoull, candidate du centre-gauche malheureuse aux élections municipales de 2014 sur Perpignan, ne manque pas une occasion pour dénoncer « une entente cordiale entre les deux hommes »… Et les faits semblent lui donner raison. « Semblaient », en tout cas, jusqu’ici. Dernièrement encore, fustigeant l’augmentation de la Contribution Financière des Entreprises (CFE), Clotilde Ripoull écrivait : « En 2015, la loi permettait à Jean-Marc Pujol d’exonérer de CFE les très petites entreprises et commerces perpignanais situés en zones prioritaires. Oui mais voilà, le même M. Pujol faisait voter les conseillers communautaires… pour supprimer cette exonération en février 2015. Et à l’unanimité s’il vous plait, avec les voix de M. Aliot et des conseillers communautaires FN qui sont censés jouer leur rôle d’opposants mais qui, comme d’habitude, n’ont rien lu, n’ont rien vu, n’ont rien su ! (…) ».

La démission d’une élue le prive d’un Groupe politique

A partir de là, pressé par son entourage, et une certaine gronde perceptible dans l’électorat, Louis Aliot n’avait d’autres choix que de se démarquer, de marquer sa différence, si non il était condamné à disparaître de la scène politique perpignanaise, à perdre en tout cas le leadership de l’Opposition municipale. Il lui était reproché ses absences physiques (son éloignement du Castillet) et d’analyses objectives sur la situation perpignano-perpignanaise, son incapacité à définir une stratégie locale cohérente (si ce n’est à s’accrocher aux révélations faites à la Une quotidienne du journal local pour trouver un os médiatique à ronger). Bref, les effets devenaient ravageurs, côté opposants à l’équipe municipale en place, Louis Aliot ne faisant plus rêver pour s’engager sur la voie du changement.

Preuve en est, s’il le fallait : il y a 1 an encore, les experts locaux prédisaient que le futur maire de Perpignan sera Louis Aliot. Maintenant, chacun s’accorde à dire que ce prochain maire s’appellera Louis Aliot… ou Ségolène Neuville (PS/ Secrétaire d’Etat en charge des Personnes handicapées et de la Lute contre l’exclusion, conseillère départementale des P-O).
A l’évidence, s’il a toujours en tête la Ville de Perpignan, Louis Aliot doit montrer les crocs, doit se recentrer autour de la gestion locale, doit vite retrouver une certaine agilité et s’entourer de cadres qui connaissent bien la vie quotidienne sous le soleil du Roussillon.

Récemment encore, le 19 mars dernier, sur un sujet qu’il maîtrise pourtant parfaitement, et même si les médias environnementaux ne s’en sont pas fait l’écho, Louis Aliot, à Rivesaltes, a été tenu à l’écart de la manifestation organisée par des harkis contre les cérémonies du 19-Mars voulues par le gouvernement socialiste : « Il avait reçu des messages des organisateurs comme quoi il pouvait y aller, mais qu’il devrait surtout garder le silence », raconte un membre de la fédération frontiste du 66. « Les organisateurs avaient même prévu de l’encadrer sur place pour qu’il respecte les consignes du silence imposé ! Les organisateurs ont insisté pour qu’il n’y ait aucune récupération politique de la manifestation. Le FN persona non grata dans un rendez-vous contre le 19-Mars, je n’avais jamais vu ça ! Quelque chose ne tourne plus rond, il y a quelque chose de casser au FN des P-O. Entre les démissions de certains et les ragots délétères des autres, sans oublier certains qui se prennent pour des néo-communistes des temps modernes, il est grand temps de remettre de l’ordre. Louis (Aliot) doit être plus présent, agir comme un chef, il doit se réinventer sous peine de disparaître ».

Autre difficulté : la démission de Clotilde Font du Groupe Perpignan Ensemble, dans l’hémicycle de l’Hôtel de l’Agglo ; c’est un véritable coup dur pour les « Fontistes » puisqu’elle pourrait à l’avenir priver le FN d’un groupe politique et donc de moyens importants : locaux, secrétariat (Thérèse Ferrer, la secrétaire du Groupe FN/ RBM vient d’ailleurs d’être licenciée)… « Comment comprendre que la perte d’un seul de nos élus nous priverait d’un groupe politique et des modestes moyens qui y sont attachés ? », interpelle Louis Aliot dans un courrier daté du 7 mars 2016 et adressé à Jean-Marc Pujol : « Je rappelle que, sur l’ensemble des communes de notre Communauté Urbaine et lors du dernier scrutin, nous avons obtenu près de 48 000 suffrages et 46% des voix. Cela serait un comble de constater que la première force politique de la Communauté Urbaine ne dispose pas d’un groupe politique au sein de notre assemblée (…) ».

Il lance 4 procédures contre le maire et président de Perpignan Méditerranée Métropole

Louis Aliot oublie au passage que lui et les siens ont voté, lors de la séance inaugurale, le règlement intérieur de la dite intercommunalité qui fixe un pourcentage minimum (10%) pour entériner la constitution d’un groupe : soit 9 élus (puisque Perpignan Méditerranée Métropole compte 88 délégués communautaires). La démission de Clotilde Font fait chuter à 8 le nombre de conseillers communautaires « Frontistes ».

Mais sur ce dossier comme dans les autres, Louis Aliot aurait décidé de ne plus se laisser marcher sur les pieds : « Dorénavant, il faudra compter sur lui ! », affirme l’un de ses proches. « Il nous promet désormais plus d’un combat de coqs !, décidé à exprimer la voix des électeurs roussillonnais qui, à chaque scrutin, sont de plus en plus nombreux à nous faire confiance. Louis Aliot va montrer et démontrer qu’il n’y a aucun copinage entre lui et Jean-Marc Pujol, entre lui et tous les autres ».
Louis Aliot vient de lancer plusieurs procédures : une requête en annulation sur la délibération qui transforme la Communauté d’Agglomération en Communauté Urbaine, une requête en annulation sur la délibération accordant une augmentation des indemnités à certains adjoins et conseillers municipaux de la Ville de Perpignan, un référé suspensif sur la délibération concernant le règlement intérieur qui précise les modalités de mise en place d’un Groupe politique, un requête en annulation pour surseoir au licenciement de la secrétaire du Groupe Perpignan Ensemble…