Perpignan / Exposition : Le restaurant Le Yucca à l’heure australienne

Nouvelle exposition Lou, organisée par REGARTS66 au restaurant le Yucca au Parc Ducup de Perpignan

Valérie et Alain DELPRAT du restaurant LE YUCCA au Parc Ducup, accueillent sur leurs cimaises, les œuvres de LOU, artiste d’origine aborigène et australienne.
Ses œuvres, si particulières sont visibles jusqu’au 7 janvier 2018. Elles feront place aux toiles de KELLESTOM et tous les mois, un ou une nouvel artiste sera exposé, puisque le restaurant a établi une convention d’exposition régulière avec Daniel LE BOURNOT, le créateur du collectif REGARTS66.

Daniel LE BOURNOT a présenté l’artiste et replacé ses créations dans le contexte de la culture multimillé-naire des expressions artistiques autochtones.

« Peinture ? Sculpture ? Ses œuvres tiennent des deux, parce que Lou compose avec un pinceau, mais aussi avec un marteau et toute une gamme de clous. Elle les combine, les conjugue, les marie dans un ordonnan-cement accompagné de couleurs et teintes venant de pigments naturels de la terre, (craie, argile, charbon de bois, ocres), non seulement étonnant, mais aussi et surtout qui exprime une tradition culturelle pluri-millénaire, et c’est en cela qu’elle est originelle et plurielle.

Elle est en prise directe avec les peintures ancestrales qui évoquent « Le temps du rêve », terme utilisé par les Aborigènes d’Australie pour exprimer l’ordre physique, moral et spirituel qui régit l’univers, constitué d’un ensemble de mythes relatant la création des populations autochtones issues du magma. »

Il a aussi rappelé les problèmes d’éthique qui existent vis à vis des cultures autochtones.

« Dans de nombreux pays, les peuples autochtones, d’Amérique du nord comme du sud, d’Afrique, d’Océanie, de Nouvelle Calédonie ou d’Australie, et bien d’autres, ont été colonisés, spoliés, la plupart du temps, dans des conditions dramatiques.
Si les choses se sont bien améliorées, on est encore loin d’avoir rendu à ces populations ce qui leur avait été volé. En Australie, sous le prétexte que les aborigènes vivaient essentiellement de chasse et de cueillette et ne cultivaient pas la terre, les colons ont inventé une loi : la « Terra nullius » qui permettait de prendre pos-session d’une terre à partir du moment où on la cultivait.

Il a fallu attendre 1992 pour que les droits fonciers des aborigènes commencent à être reconnus.
De nombreux artistes, parmi les plus célèbres, Picasso, Matisse, Derain, Braque, avec un relatif respect, se sont inspirés des formes artistiques primitives émanant des populations dites « sauvages », leur donnant, d’une certaine manière, aux yeux du public occidental, des lettres de noblesse.
Le cubisme en est une preuve évidente.

D’autres, par contre, ont dépassé les limites de l’inspiration et ont purement et simplement plagié, copié, pillé le patrimoine, en s’attribuant non seulement le mérite, mais aussi les revenus de ces pseudos créations personnelles.

Ce n’est que tout récemment que l’on reconnaît l’énorme influence des arts primaires, tout comme on re-connaît aujourd’hui le poids considérable des amérindiens sur le rock et même le blues en transformant les ballades des pilgrims dans des formes musicales universellement reconnues. »

Il a enfin replacé le travail de Lou dans ce contexte, précisant que c’est « avec humilité, dans une inspiration profonde, primale, qu’elle traduit dans ses œuvres, qui sont autant d’hommages, les signes vitaux, ancestraux, d’une culture qui a plus de 50.000 ans. En cela, elle contribue à la reconnaissance d’un véritable art contemporain aborigène et par extension à celle des tous les peuples autochtones. »

Une exposition d’importance, originale, qui introduit parfaitement le programme des expositions mensuel-les au Yucca. Une bonne table, des belles œuvres, de quoi passer un excellent moment.

Nouvelle exposition Lou, organisée par REGARTS66 au restaurant le Yucca au Parc Ducup de Perpignan