Littoral roussillonnais : début de saison difficile sur la côte

Les professionnels du tourisme pointent du doigt le mauvais temps et le manque d’ambition des municipalités dans l’animation des stations.

Au départ, au début du joli mois de mai, la morosité ambiante sur la côte catalane était attribuée par les professionnels du tourisme « à l’absence de ponts » sur le calendrier, 1er mai et 8 mai 2016 tombant pile-poile un dimanche. Surtout lorsque ces mêmes professionnels – restaurateurs, brasseurs et cafetiers essentiellement – se penchaient au plus près d’une étude comparative avec la même époque de l’année précédente, 2015. Pour la seule première quinzaine du mois (englobant pourtant cette année les traditionnels longs week-ends de l’Ascension et de la Pentecôte !), du Barcarès à Collioure certains commerçants affichent au compteur de leurs affaires des pertes sèches allant de -30 à -75%.

Dans la deuxième quinzaine de ce mois de mai 2016, la situation n’est guère plus enthousiaste, les affaires ont du mal à démarrer, à s’installer dans l’époque : il y a des jours « avec » (les touristes), mais il y a surtout beaucoup de journées « sans ». Pourtant, la clientèle de début de saison st bien là : les retraités, les Allemands ont déjà débarqué, les Néerlandais commencent à affluer… Il n’y a jamais eu autant de camping-cars au point que leur présence déborde largement des aires de stationnement qui leurs sont réservées, au grand dam des patrons exerçant dans l’hôtellerie de plein air qui voient d’un mauvais œil cette « clientèle anarchique » leur échapper… mais là est une autre politique.

En attendant, ce foutu mois de mai 2016 qui ne décolle pas dans les tiroirs-caisses interpelle. L’embauche des travailleurs saisonniers est retardée. Nombre d’entre eux seront rappelés mi-juin alors qu’initialement ils devaient embrayer au 1er mai… L’absence de ponts ne peut plus être mise en cause ou utiliser comme un prétexte, puisque cette quinzaine n’abrite aucun jours fériés.

Alors, l’autre bouc-émissaire désigné : c’est le mauvais temps. Une réalité qui saute aux yeux. Il suffit, pour s’en convaincre, de mettre le nez dehors. Mises à part les journées du 19, 20 et 21 mai 2016 où la température a oscillé exceptionnellement entre 23° et 27°, on est vite (re)tombé de haut pour afficher des températures largement en-dessous les moyennes saisonnières habituellement relevées par les Messieurs-Dames Météo.

Ce constat fait, les professionnels de la profession (touristique) qui n’ont pas la langue dans la poche ne s’en contentent pas. Loin s’en faut. Ils reprochent aux municipalités à la tête de stations balnéaires sur le littoral des Pyrénées-Orientales « de manquer d’ambition, d’audace et d’originalité dans la programmation des animations hors haute saison estivale ». Rien que ça ! Ils ajoutent : « l’époque a changé, on voit bien que les touristes, qui viennent chez nous d’abord il faut le rappeler, pour nos plages, la qualité de nos eaux de baignade et le soleil, sont également en recherche sur place – ils ne veulent plus se déplacer durant leur séjour – d’attractions originales pour s’occuper… Or, lorsqu’on regarde les propositions faites par nos élus, on s’aperçoit vite que rien n’a changé, n’a évolué depuis les années 70. C’est dingue ! ».

Il est exact, sans mettre toutes les stations balnéaires de la côte catalane « made in P-O » dans le même sac – Canet-plage et Le Barcarès notamment ont fait des efforts remarquables qui sont d’ailleurs souvent cités en exemple par les professionnels du tourisme des autres communes littorales – que l’on assiste depuis ces dix dernières années à un déséquilibre flagrant entre les secteurs « privé » et « public » qui investissent pour l’attractivité touristique.

Dans le « privé », on voit des commerçants véritables chefs d’entreprise investir des centaines de milliers d’euros pour rénover architecturalement une brasserie, un restaurant, pour relooker une terrasse en front-de-mer, etc.-etc., sans parler des charges considérables générées pour des remises aux normes… On voit aussi des cafetiers budgétiser 40 000€, 60 000€ et davantage encore pour s’assurer une programmation estivale originale faite de concerts et de spectacles divers. C’est le cas notamment pour le Groupe JOA Casino, ou encore pour des brasseries telles que le Wantilan Café ou La Réserve, à Argelès-plage, la discothèque le Marina à Port-Barcarès, les clubs-restaurants de plage le Caliente et le Temple Beach à Saint-Cyprien, la Nouvelle Vague à Argelès-plage (Nord). D’autres enseignes commerciales pourraient être citées ici pour justement leur dynamisme à toute épreuve.

A l’inverse, dans le « public », les moyens financiers et matériels mis à disposition de la saison estivale sont souvent en net recul. C’est visible sur l’état de la voirie et – attention danger ! – parfois aussi dans l’entretien des espaces verts, des plages et des ports de plaisance. L’accès au wifi est catastrophique, comme le manque de toilettes publiques, ou encore la dispersion anarchique de poubelles et de conteneurs sur la voie publique qui au moindre coup de tramontane se déversent partout, sans négliger le retard pris en matière de pistes cyclables et, d’année en année, la suppression de places de stationnement… alors qu’aucun relais crédible et logique n’est proposé en contrepartie à ceux qui nous visitent pour faciliter leurs déplacements pendant leur séjour. Et la liste pourrait encore être allongée.

Faut-il rappeler ici que l’industrie touristique, en Roussillon, est désormais la principale économie ? A méditer.