Le Col.lectiu Angelets de la Terra : de l’ombre à la lumière

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L’année 2017 s’avère être l’année de la maturité pour le collectif de musiciens de Catalogne Nord pour la langue catalane, créé en 2010. L’omniprésence de ses musiciens dans les communes de Catalogne pour la Fête de la Musique et la Sant Joan en est la preuve. Le soutien indéfectible de Balbino Medellin et Marina Rossell en est la consécration.

En janvier, paraissait la 7ème compilation qui avait pour particularité de compter avec une majorité de voix féminines. En quelques jours, il ne restait plus un seul exemplaire alors qu’habituellement il faut une année pour écouler le stock. De plus, de nombreux musiciens voulaient intégrer ce projet et d’autres préparaient déjà de nouvelles chansons en catalan. En parallèle, Ramon Faura, président fondateur des Angelets de la Terra, recevait le prix d’Action Civique de la Fundació Carulla, des mains de la présidente du Parlement de Catalogne, Carme Forcadell, pour tous le travail fourni depuis 2001 pour normaliser la langue catalane au Nord des Pyrénées et développer les liens dits « transfrontaliers ».

Fin mars, les Angelets de la Terra présentaient une dizaine de formations musicales du Col.lectiu à Illa de Tet (Ille-sur-Têt). Ce concert fut une grande réussite tant par l’affluence comme par la qualité d’écoute du public et les prestations des musiciens de Buenasuerte, Gerard Jacquet, Llamp te Frigui, Ghetto Studio, AJT, Pascaline, Joan Ortiz, Delf, Muriel Falzon Trio et Rumba Coumo. Une délégation des Angelets a d’ailleurs vu le jour en Catalogne du Sud à la suite de ce concert qui restera dans les mémoires comme celui du renouveau de la chanson catalane à l’extrême Nord des Països Catalans.

En Juin, alors qu’en principe le Col.lectiu édite une compilation chaque année, apparait un huitième disque très homogène en terme de qualité et toujours aussi variée musicalement. Balbino Medellin, auteur de la fameuse chanson « Perpignan », participe alors pour la deuxième fois au projet. Il propose aussi de présenter ce nouvel opus lors de son concert au théâtre municipal de Perpinyà organisé par le service des Affaires Catalanes de la mairie pour clôturer la Festa Major.

L’été 2016, Ramon et Balbino avaient eu l’occasion de parler de l’hommage à Joan Pau Giné réalisé par les Angelets de la Terra en 2013. Lorsque Ramon avait mentionné la participation de Marina Rossell à ce projet, Balbino lui avait déclaré sa flamme pour cette immense chanteuse sud-catalane pourtant peu connue en Roussillon malgré qu’elle soit régulièrement programmée en France ou en Espagne. Marina est avec Lluís Llach l’une des principales voix de la « Nova Cançó » anti franquiste en Catalogne du Sud. Elle a d’ailleurs chanté avec lui lors du concert au Camp Nou en 1985, devant plus de 100.000 personnes. Il est apparu comme une évidence d’inviter Marina à partager la scène du théâtre perpignanais avec Balbino pour qui c’était un rêve de toujours.

Malgré les difficultés logistiques et la fatigue accumulée lors de deux concerts à Madrid et Paris à quelques jours d’intervalles, Marina Rossell est venue en toute discrétion à Perpinyà, accompagnée par Ramon, pour magnifier ce concert concocter par René Michel (accordéoniste), Jean Baptiste Marino (guitariste flamenco), Balbino et Natacha Sloboda Medellín qui est sa compagne mais aussi son agent artistique.

L’alchimie entre la diva barcelonaise et le chanteur perpignanais s’est faite tout naturellement lors d’une répétition, la veille du concert, dans le jardin intérieur de l’Hôtel Pams, après avoir participé à la présentation de la huitième compilation du Col.lectiu Angelets de la Terra à la presse.

Sur scène, le duo de « cantautors » a interprété la version catalane du Métèque de Georges Moustaki écrite par Marina et une composition de cette dernière pour clamer son soutien aux réfugiés intitulée « Quanta guerra ! ».

Balbino a commencé le concert par l’hymne catalan Els Segadors, tout en revendiquant le droit des catalans du Nord avoir un nom face à l’imposition du nom Occitanie qui nie de fait leur existence. Le chanteur engagé a d’ailleurs parlé autant en catalan qu’en français au public conquis et intergénérationnel qui a remplis le théâtre. Balbino a chanté deux autres morceaux en catalan dont « Ma llibertat » qui figure en première position sur la compilation du Col.lectiu.

Cette soirée « magique » et « fantastique », selon les nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, s’est terminée par L’Estaca où Balbino a été accompagné par deux chanteuses du Col.lectiu, Stéphanie Lignon et Muriel Perpigna, ainsi que Ramon qui a brandit une « estelada » que lui a lancé Quentin, un jeune membre d’Agissons, pour montrer son soutien au processus d’indépendance de la Catalogne autonome.

Il apparait désormais évident que la chanson en catalan est une affirmation du particularisme culturel des musiciens de ce département toujours à la recherche d’un nom qu’on lui a volé. La création artistique dans cette langue millénaire a, aujourd’hui, des centaines de musiciens armés de guitares et autres instruments pour porter bien haut cette revendication linguistique et culturelle. Ce mouvement impulsé par les Angelets de la Terra va bien au-delà des frontières imposées par des Etats-nations qui ne réussiront pas à uniformiser la façon de chanter et de penser des Catalans dans toute leur diversité.

BLOG : http://angeletsdelaterra.com/

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