La Gauche, le FN et les anachronismes de l’action politique dans les Pyrénées-Orientales

Sous le titre »La Gauche, le FN et les anachronismes de l’action politique dans les Pyrénées-Orientales », Francis Daspe, responsable du Parti de Gauche 66, nous communique avec prière d’insérer :

« Dans une interview accordée à l’AFP, Nicolas Lebourg (Ndlr : Nicolas Lebourg est historien, chercheur à l’Université de Perpignan Via Domitia et membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès, il a publié de nombreux travaux sur les extrêmes droites) dévoile les grandes faiblesses exprimées par les forces politiques de Perpignan dans leur l’opposition au Front National. Reconnaissons que la situation actuelle ne semble pas à lui donner tort.

Les pratiques conjuguées du clientélisme et du communautarisme contribuent à produire un terreau favorable au Front National. La manie de la part des petits chefs locaux de couper systématiquement les têtes qui dépassent également : on préfère les « bons petits soldats godillots » à d’éventuels « cerveaux » en capacité de contester la prééminence des roitelets du coin. La gestion quasiment compulsive de dérisoires et illusoires petites rentes de situations confirme le manque général d’ambition collective.

Ajoutons à ce tableau peu reluisant un « mercato » incessant dont témoigne la très grande porosité entre gauche et droite et des alliances contre-nature en raison des contradictions entre les réalités nationale set locales. Le dénominateur commun aux deux est connu : la recherche d’intérêts électoralistes immédiats et particuliers.

Il apparaît difficile à certains de comprendre que l’antifascisme des années 80 est définitivement dépassé pour répondre aux défis du moment présent. En effet, à gauche, trop nombreux sont ceux qui se raccrochent encore à des formules inopérantes ne possédant pour seule vertu que de leur donner bonne conscience : au premier tour l’appel pathétique au prétendu vote utile et à une improbable union de la gauche, au second tour le recours incantatoire à un Front républicain pourtant usé à la corde. Ne comprennent-ils pas qu’en agissant de la sorte ils contribuent à faire du FN le parti anti-système par excellence ? Ce qu’il n’est bien entendu absolument pas, le FN n’étant en réalité que l’idiot utile d’un ancien régime à bout de souffle. C’est en effet sa rente de situation qu’il a préemptée.

L’alternative à gauche reste à construire. Elle devra articuler des ruptures radicales avec des pratiques politiques locales stérilisantes et le retour résolu à des valeurs universalistes qu’un double enfermement a réduites à la portion congrue dans les Pyrénées-Orientales : localiste et de la pensée. »