Intervention de Jacques Cresta en commission culture

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Le mercredi 1er avril 2015, Jacques Cresta, député PS des Pyrénées-Orientales et vice-président de Région, est intervenu en commission des Affaires culturelles et de l’éducation, à l’occasion de l’audition de Pierre Lescure, président du Festival de Cannes, et Thierry Frémeaux, délégué général du même festival. Jacques Cresta était, à cette occasion, l’orateur principal du groupe SRC (Groupe Socialiste Républicain et Citoyen à l’Assemblé).

Il a d’abord rappelé le rôle important joué par le Front Populaire et son ministre Jean Zay dans la création de ce festival, puis il a questionné le président du Festival de Cannes sur l’évolution des œuvres artistiques et tout particulièrement la place du cinéma à l’heure du tout numérique.

Mercredi 1er avril 2015

Audition de Pierre Lescure, président du Festival de Cannes, et Thierry Frémaux, délégué général

« Monsieur le Président, Monsieur le délégué général, je pense me faire le porte-parole de nombreux de mes collègues, en particulier de mon groupe, en vous disant que c’est un véritable plaisir de vous recevoir dans notre commission quelques semaines avant le début de la soixante-huitième édition du festival de Cannes, la première édition depuis que vous êtes devenu, cher Pierre Lescure, le président du conseil d’administration de l’un des événements culturels les plus importants notre pays et peut-être, sûrement, du monde.

Qu’il me soit permis ici de rappeler, en quelques mots, l’histoire de ce festival que vous représentez tous deux aujourd’hui. Cette histoire, elle se lie depuis des décennies à l’histoire du cinéma mondial. Mais je ne peux résister au plaisir de rappeler que cette histoire est également liée à l’histoire politique de notre pays, car ce grand festival de cinéma avait d’abord été pensé par le Front Populaire et par son ministre de l’éducation nationale et des beaux arts, Jean Zay. On ne mesure pas toujours toutes les implications de l’héritage du Front populaire !

En débutant ainsi, l’histoire de ce festival ne pouvait qu’être singulière et féconde et nous devons nous féliciter que ce projet d’un grand festival indépendant est dépassé les espérances de ceux qui l’avaient imaginé. Décennies après décennies, années après années, le festival de Cannes accompagne et dévoile le cinéma du monde, dans sa diversité, dans sa complexité, dans sa capacité à captiver et émerveiller.

Le succès de ce festival de Cannes, il est d’image, d’abord, tant son importance est mondialement reconnue, tant sa renommée ne s’est jamais démentie depuis les années 60. Il est de chiffres, ensuite. Des milliers de films découverts, plus de trente mille accréditations en 2014, et un marché du film florissant. Lors de sa dernière édition, 116 pays étaient représentés et la très grande majorité des films présentés l’étaient en avant première ! Cela pour dire que le Festival de Cannes, c’est aussi une réussite économique.

Car oui, je n’ose parler de son bilan artistique. D’abord, parce qu’il est immense.

Ensuite, parce que ce festival a vu celui qui le présidait depuis 2001, Gilles Jacob, prendre du recul. Gilles Jacob a marqué de son empreinte ce festival, comme délégué général, d’abord, dès 1978, comme président, ensuite. Et je pense que Thierry Frémaux ne me contredira pas.

Mais ce n’est pas l’heure des bilans. Restons tournés vers l’avenir car le tandem que nous rencontrons aujourd’hui aura pour mission de conforter et de poursuivre cette mission de rayonnement culturel qui est celle du Festival de Cannes. D’ailleurs, si j’osais, je vous demanderais bien quelques indices sur les films en compétition de la prochaine édition. Après tout, le 16 avril n’est que dans quelques jours !

Mais plus sérieusement, je vous demanderai plutôt de quelle manière ce festival prendra en compte, dans son fonctionnement, dans sa communication, dans son action, les mutations profondes que subit, ou qu’accompagne, le cinéma à l’ère du numérique. De telles questions sont naturellement familières au président Lescure.

Mais la position du Festival de Cannes est unique dans le cinéma français, unique dans le cinéma mondial. Ne peut-il pas ouvrir des pistes, montrer la voie d’une évolution harmonieuse du cinéma face à ces nouveaux outils, à ces nouveaux usages, à ces nouvelles évolutions ? Peut-être, de votre point de vue, le fait-il d’ailleurs déjà… »