Estagel : Sur les traces du temps passé

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C’est accompagné par notre ami José Farré que nous avons décidé de plonger dans le temps passé. José est apiculteur bien connu à Estagel et au-delà, pour ses dons de sourcier.

C’est par passion, mais aussi pour arrondir les fins de mois de sa retraite d’exploitant agricole, que José est devenu apiculteur. Ah ! il les aime ses abeilles, il les bichonne, les entoure de tous ses soins. Il veille à ce qu’elles ne manquent de rien. D’eau en priorité même si l’c n’est qu’à une centaine de mètres. Mais avant de devenir opérationnel, José est retourné à l’école pour apprendre, comme il le dit si bien et en toute humilité. Aujourd’hui, son savoir est immense. Il est devenu une éminence dans ce domaine, est incollable sur le monde si précieux des abeilles à tel point qu’il fabrique lui-même ses ruches. C’est donc en sa compagnie que nous sommes allés à la découverte des ruchers d’antan, à la découverte de ce temps passé si précieux en ces veilles de récolte qui se pratique du printemps à la moitié de l’été. Si depuis le Ve siècle, les effets guérisseurs du miel sont reconnus, aujourd’hui, les vertus antibactériennes, anti-inflammatoires, antioxydantes, antiseptiques et cicatrisantes sont scientifiquement prouvées.

Nous devons préciser, qu’il existait deux formes d’apiculture. Celle qui était à usage familial et l’autre de type plus élaboré. C’est ce que nous avons pu déduire de notre visite. Dans un temps reculé, mais sans trop tout de même, les ruches étaient confectionnées avec le liège des chênes du même nom. Pour la culture familiale, elles étaient placées dans des cavités façonnées dans les murailles de nos collines dont l’architecture, si nous pouvons nous exprimer ainsi, est visible sur nos collines un peu partout dans notre département. Ainsi, elles étaient à l’abri des pluies, de la neige, du vent. Elles pouvaient également servir d’abri lors d’une ondée, nombreuses au mois de mars ou de la tramontane en hiver, le temps de grignoter un morceau de boudin noir. De petites cavités sont également visibles dans les murs. Celles-ci servaient de « frigo » pour le « barral »(1) ou la « bourrache »(2). En été, dans nos garrigues, il fait chaud à mourir. La chaleur, rejetée par les pierres, vient augmenter cette sensation qui devient vite insupportable d’autant plus, pour ceux qui sont habitués à la climatisation.

La manière plus élaborée de l’apiculture, consistait à construire de réelles demeures pour nos reines de la vie. Aujourd’hui en ruine, ces ruchers mériteraient bien un entretien. S’il n’en est pas ainsi, ce patrimoine sera définitivement perdu pour les générations futures. Dans notre visite, nous imaginons très bien la vie de nos ascendants. Quand la récolte devait s’annoncer bonne, les projets devaient fleurir comme les amandiers au mois de février ainsi que le mimosa. Cette bonne récolte de miel allait améliorer l’ordinaire, permettre d’acheter les vêtements chauds pour la rentrée à l’école communale de la petite ou du petit. Les rêves, auprès de l’âtre rougeoyant, main dans la main, accompagnaient une vie peut-être austère, toute simple, mais bien loin des contingences de celle dite moderne. Des personnes plus qualifiées, pourront mieux expliquer le rôle des abeilles et comment les ruches étaient organisées. Nous nous contentons de donner un aperçu en espérant que d’autres, feront des recherches plus approfondies sur les ruchers. Si nous servons à cela, notre but sera atteint.

Nous terminerons nos propos en pensant réellement, que les autorités politiques devraient se pencher un peu plus sur notre passé, sur ce passé. Prendre les décisions nécessaires, les bonnes, pour que les générations futures puissent mieux connaître leurs origines. N’est-ce pas en connaissant notre histoire, en connaissant nos racines, que nous sommes à mieux d’appréhender l’avenir ? Dans un moment où l’agrotourisme semble prendre un développement certain, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur le vrai, l’authentique. C’est d’ailleurs cela que les visiteurs de notre région viennent chercher : l’authentique. Alors, mesdames, Messieurs les Élus, n’est-il pas temps, n’est-il pas de votre devoir, de prendre ce problème à bras-le-corps, de travailler dans ce sens ? Il est certain toutefois, que pour avancer sur ces données, nous ne pouvons pas nous replier derrière le « ce n’est pas moi c’est l’autre ». Soyons ensemble, responsables de notre devenir et mettons un peu de nerf dans cette tâche. Ainsi, ne nous contentons pas d’ouvrir une petite fenêtre donnant dans une impasse obscure, mais au contraire, bâtissons une large baie vitrée ou le soleil entre à pleins rayons donnant ainsi un avenir, pour que les femmes et les hommes continuent de vivre sur la terre de leurs ancêtres.

(1) – Tout petit tonneau

(2) – Gourde malléable