Ces slow architectes qui veulent sauver et promouvoir le patrimoine viticole local !

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Claire Guiral et Jean-Bernard Morlon du Bureau d’Architecture et d’Urbanisme BAU.

 

L’heure de l’oenotourisme version Roussillon aurait-elle sonné ? C’est ce que croit «dur comme fer» le BAU (Bureau d’Architecture et d’Urbanisme), militants de la slow architecture en faveur d’un art de vivre authentique et d’un tourisme qualitatif en pays catalan. Avec leur nouveau projet «carte blanche» «la Table de Valmy», petit bijou architectural et paysager qui a ouvert ses portes en mai 2014, le BAU entend bien amorcer un nouveau virage. Comment ? En se spécialisant sur la réhabilitation de domaines viticoles, fleurons de l’architecture rurale locale, pour tirer le tourisme vers le haut !

Le BAU, Bureau d’Architecture et d’Urbanisme, créé par Claire Guiral et Jean-Bernard Morlon (Perpignan) milite – n’ayons pas peur des mots – pour une SLOW ARCHITECTURE. Éthiques et responsables, ces derniers s’engagent en faveur de bâtiments vivables et viables dans la durée. Leur dernier projet en témoigne, dans le cadre idyllique de Valmy, ce Château de contes de fées, abritant domaine viticole et chambres d’hôtes, visible de la route qui sillonne la côté Vermeille jusqu’à Collioure. Leur mission porte sur la réhabilitation de l’ancien chai en restaurant et chai de vieillissement et la création d’une salle de réception dans un nouveau bâti de 120 m² et d’un parc. Les travaux démarrent en avril 2013 et l’ensemble est livré «clé en mai, jusqu’à la fourchette» en mai 2014. Techniquement complexe, ce projet s’articule sur une pluralité d’activités aux spécificités et réglementations précises : dégustation, restauration, cuisine, réception, activité agricole…

La dimension paysagère étant fondamentale, le BAU fait appel à Philippe Deliau de l’agence ALEP. C’est lui qui a réalisé le site remarquable de Paulilles (66) et qui vient de terminer l’Aménagement du Jardin d’Acclimatation pour la fondation Vuitton (qui ouvrira ses portes le 24 octobre 2014 prochain). En parfaite symbiose avec l’état d’esprit du BAU, Philipe Deliau crée le plan d’aménagement extérieur et fait appel pour l’éclairage à Jean-Philippe Weimer avec qui il collabore régulièrement. Ce dernier crée des luminaires en matériaux bruts (acier corten, cuivre massif) qui s’enroulent autour des arbres dans les jardinières bucoliques des terrasses extérieures. Tout est réalisé sur-mesure par des artisans locaux. Toutes les teintes des bâtiments originels sont préservées : crème, vert amande, rouille/terre cuite en réponse au bois des fûts et aux tuiles vernissées du Château. Un côté très intime et naturel se dégage de l’ensemble avec vue sur la mer et, à la nuit tombée, l’ambiance est magique. «L’idée était de ne pas rivaliser avec l’architecture de Petersen, explique Claire Guiral, mais de respecter l’oeuvre. Nous ne voulions pas tomber dans la caricature, y compris – voire surtout dans la mise en lumière.»

Dans la salle de restaurant, une atmosphère plus urbaine se profile. Les proportions du bâtiment initial, avec sa longueur deux fois plus importante que sa largeur, sont contrebalancées par un système d’ouverture maximale. Comme pour l’extérieur, matériaux nobles et pérennes sont aussi de mise. La déco néo-rétro aux formes sixties répond parfaitement à l’esprit de cet espace très contemporain. Les vins sont «mis en lumière» dans des vitrines-caves à vins intégrées dans un habillage en bois de chêne qui renforce l’atmosphère cosy.

«On voulait vraiment sortir de l’auberge espagnole rustique en donnant une nouvelle réinterprétation du traditionnel. Passer à autre chose.» explique Jean-Bernard Morlon.

«Ici à Valmy, c’est AUTOUR DU VIN : on s’assoit, on mange, on déguste, on prend son temps…»

La vraie valeur ajoutée d’un vin s’accomplit dans l’expérience sensorielle vécue dans le lieu d’où il est issu.

Ce sera peut être une des vraies solutions durables pour la plupart des domaines viticole de caractère du département. Persuadés qu’il y a là matière à promouvoir un tourisme plus qualitatif, le BAU entend bien convaincre d’autres vignerons à suivre le mouvement. «Nous garderons notre philosophie de construction, éthique et raisonnée, en nous adaptant aux spécificités des terroirs et des bâtisses, aux budgets, aux aides accordées et surtout aux familles qui habitent ces domaines et les rendent inoubliables …».