Argelès-sur-mer : le conseil municipal a voté en faveur de l’accueil des migrants syriens

accueil migrants

Un public plus nombreux qu’à l’accoutumée, une atmosphère que l’on sent plus solennelle : le conseil municipal du 17 septembre revêt un aspect exceptionnel. Il aborde l’accueil des migrants, un sujet qui dépasse largement le simple cadre administratif, qui s’adresse aux cœurs.

« En accueillant les réfugiés, rien ne sera pris aux Argelésiens »

Pierre Aylagas, le député-maire d’Argelès-sur-Mer rappelle tout d’abord ce contexte particulier. « Ce conseil municipal est extraordinaire. Ce type de conseil est rarement convoqué, mais il était important de le faire. Des centaines de milliers de réfugiés originaires de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, d’Erythrée, arrivent dans les pays européens. La France, pays d’accueil pour les réfugiés politiques, n’a pas manqué à son devoir historique. Il nous semble qu’Argelès-sur-Mer doit participer à cet élan de générosité. De nombreux Argelésiens et associations ont répondu très favorablement à l’accueil de réfugiés. Le bureau municipal – qui réunit tous les élus de la Majorité -, également. Argelès, ville solidaire, oui, mais il m’a semblé indispensable de demander son avis au conseil municipal ».

Cette politique d’asile relève des compétences de l’Etat. « Je peux assurer que rien ne sera pris aux Argelésiens » insiste Pierre Aylagas.

François Parsi, directeur général des services de la Ville, présente ensuite brièvement le cadre d’action établi par l’Etat. « Celui-ci prend en charge le logement, le suivi administratif et social, la couverture maladie ». La commune pourra quant à elle recenser et encourager les initiatives locales, mettre à disposition des bâtiments et des logements vacants.

C’est ensuite au tour de Bernard Rieu, conseiller municipal chargé du patrimoine, de prendre la parole. Il rappelle le rôle systématique et prépondérant joué par Argelès-sur-Mer dans l’histoire des migrations depuis le 8e siècle.« Toutes ces vagues de réfugiés fuyant les guerres ou les persécutions ont laissé sur leur passage des familles qui se sont fixées dans notre commune et s’y sont parfaitement intégrées comme on peut parfaitement le constater ». Cet éclairage a permis à l’assemblée de mieux cerner la logique de l’actuelle volonté d’accueil.

Muriel Saignol, conseillère municipale chargée du social et du logement, met quant à elle l’accent sur l’implication du centre communal d’action sociale dans l’accueil des migrants. « L’accueil de familles est un défi. Nous serons dignes pour qu’elles trouvent une terre d’asile. Pour cela, nous travaillons en étroite collaboration avec les associations. Dans ce cadre, le CCAS et les élus proposent la création d’un comité de pilotage. Celui-ci permettra de juger les ressources en terme de matériel, de suivi administratif, de cours de langue ».

Au cours du débat qui s’ensuit, une partie de l’opposition marque son désaccord, mettant l’accent sur « le problème culturel » soulevé par l’accueil des migrants et la priorité devant être donnée aux sans abris.

Pierre Aylagas précise sa vision : « J’affirme les valeurs de mon parti mais je n’obéis pas à mon parti. J’ai un cœur. Cette question ne relève pas de la politique. Nous sommes dans une situation d’urgence. Nous parlons de gens qui ne viennent pas nous menacer, mais qui fuient la mort. Nous n’allons pas accueillir toute la misère du monde, seulement quelques familles, à hauteur de nos moyens et dans le cadre de la loi. Je le répète : rien ne sera pris aux Argelésiens ».

Et, s’adressant aux membres de l’opposition : « Contrairement à vous, notre Majorité ne se résoudra pas à effectuer une discrimination parmi les réfugiés qui demandent l’asile, entre les Chrétiens qui seraient accueillis et ceux d’une autre appartenance religieuse qui seraient rejetés. Cette vision est tout simplement archaïque, dépassée, nous ramène au temps des Croisades ! ».

La proposition de demander à l’Etat de retenir Argelès-sur-Mer comme ville solidaire est ensuite soumise au vote. Elle est adoptée à l’unanimité moins une voix. La démarche va être lancée dans les prochains jours.