100 000 ans plus vieux que l’Homme de Tautavel… !

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La Caune de l’Arago (à Tautavel, près de Perpignan) est un site préhistorique unique en Europe dont le rayonnement est international. Depuis plus d’un demi-siècle, les fouilles qui y sont organisées tous les ans (initiées par le Pr. de Lumley) ont livré 600 000 objets provenant de dépôts datés de 80 000 à 560 000 ans, témoins des modes de vie de groupes humains du Paléolithique inférieur au long des variations climatiques de cette longue période du Quaternaire.

Cette année, les niveaux les plus anciens en cours de fouille correspondent à une période froide, sèche, ventée, d’environ 560 000 ans, durant laquelle les chasseurs acheuléens ont abandonné dans la grotte les restes de leurs repas : chevaux, rennes, bisons, rhinocéros, mouflons… Ces niveaux d’occupation sont jonchés d’ossements d’animaux désarticulés, fracturés et de pierres taillées utilisées sur place. Or, jeudi 23 juillet, c’est une dent humaine (le 149e reste d’hominidé découvert dans la grotte) qui est apparue parmi ces vestiges. Jusqu’à maintenant, l’occupant de la Caune de l’Arago, bien connu sous le nom de l’Homme de Tautavel (dont Arago 21 a révélé la face), avait surtout été mis au jour dans les dépôts sus-jacents, plus récents, notamment dans le sol G daté de 450 000 ans, correspondant également à un paysage steppique mais d’un épisode glaciaire plus récent.

Hormis la mandibule de Mauer, découverte en 1907 en Allemagne et datée autour de 600 000 ans, très peu de fossiles humains sont connus en Europe pour cette période. Cette dent, une incisive centrale inférieure d’adulte très usée, permettra aux chercheurs du Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel, via l’étude des caractères internes par imagerie 3D entre autres, de mieux caractériser la morphologie des premiers européens. De plus, sa présence, dans un niveau d’occupation très riche, dont le dégagement minutieux ne fait que commencer, laisse présager d’autres découvertes du même ordre. De quoi continuer à attirer les nombreux étudiants, français et étrangers, qui viennent chaque année participer bénévolement à ce chantier de fouilles.